Je me souviens.. Je me souviens du vent chaud soufflant sur les plaines abritant moult moments passés avec toi. Je me souviens de la sensation magique lorsque j'eus passé ma main dans tes cheveux doux flottant dans l'air brûlant écrasant ainsi les tiges des fleurs trop faibles pour résister... Tout comme toi. Tu étais trop jeune, trop innocente, trop inconsciente. Je nourrissais mes rêves les plus doux de ton regard d'enfant, celui manquant à trop de personnes, mais à présent, il me manque, je suis certaine qu'il me manque encore plus que beaucoup d'êtres vivant ici. Puisque lui, il m'a été arraché de force je ne le voulais pas... Personne n'aurait pu le vouloir ou le penser. J'ai vécu un échec, quelque chose que j'aurais peut-être pu éviter, mais je n'ai pu réussir, j'ignore si je le peux maintenant. Mais après tout c'est trop tard.

L'on ne peut revenir sur le passé, il faudrait arriver à pouvoir tirer un trait dessus, malheureusement, l'image de ton corps gisant sans vie dans une chambre blanche, l'image de ton corps raide et froid sur lequel plusieurs dizaines de regards étaient posés, l'image de ton corps autrefois emplis de vie et de gaieté, ne pouvait que faire sillonner sur mon visage âgé, une multitudes de larmes chaudes. Je ne peux que me permettre de haïr la vie que l'on m'a offerte, haïr le faite que j'ai donné tant de peine à tant de personnes et voilà que mon âme va bientôt s'échapper de mon corps.

Mais pourquoi cela ne te concernerait pas ? Toi, tu m'as laissé seule durant tant d'années, suis-je donc maudite? Je me souviens... Je me souviens de tes beaux yeux noirs expressifs, de tes cheveux rêches, eux aussi austères. Je me souviens de ta peau pâle; laquelle j'aurais aimé pouvoir encore effleurer de mes lèvres. Je me souviens de ces moments que l'on a passés ensemble, si doux si merveilleux. Je voudrais tant t'avoir de nouveau devant moi, j'aurai tant voulu t'annoncer... Que notre chère petite fille grandit vite et qu'elle demeure en bonne santé, seulement, cela n'est pas le cas... Ah, si je pouvais, si je pouvais t'écrire, si je pouvais savoir l'endroit où tu réside en paix, sache que depuis longtemps je serai là, là pour te serrer dans mes bras comme autrefois.

Je...Je ne peux me dire la vie continue, c'est faux, totalement faux pour moi. Elle s'est brisée au moment ou une deuxième personne chère à mes yeux, a quitté ce monde si cruel, ce monde sans coeur. Je me sens honteuse de n'avoir pu leur dire adieux avant qu'ils partent. Cet enchaînement de décès n'a pu que mettre fin à ma vie. Ils ont brisé mon coeur à jamais. Ont-ils au moins réfléchit aux conséquences que leur mort allait causer? Sont ils partis par choix? Quand je te voyais ma petite, jouer avec tes beaux cheveux blonds ondulés sache qu'un sourire était tracé sur mon visage et jamais je n'aurais pensé que ton coeur si faible lâcherait et toi, toi quelqu'un de parfait, tu m'as trahie, j'avais confiance en toi... Mais toi, tu es mort d'une simple chute, quelque chose qui n'aurait jamais dû arriver. Je t'avais prévenu, mais combien de fois m'as-tu désobéi ?

Je ne peux me résigner à dire que tout cela est de votre faute, si je ne t'avais pas accordé ma confiance toi, toi quelqu'un de si parfait, quelqu'un qui m'a toujours soutenue. Et bien tu ne serais pas là, dans un endroit que chaque personne ayant encore foi en la vie craint, tu serais aux côtés de quelqu'un d'autre, quelqu'un avec qui tu aurais fait comme moi, mais peut-être que tu n'aurais pas eu la même fin, si tragique... Si stupide. Ma chère Susy, jamais tu n'aurais dû naître en ce monde si cruel, qui a voulu faire de toi un pantin travaillant jusqu'à sa mort, je ne voulais pas pour toi une vie si cauchemardesque, mais tu méritais plus que la vie que tu as faite, tu méritais d'accéder à toutes les richesses du monde, et bien plus encore.

Froissant à présent tout remords, je m'apprête à vous rejoindre, ma vie n'étant qu'un échec, j'espère trouver du réconfort dans la mort qui m'attend avec tant d'impatience, la preuve chaque jour je souffre un peu plus, chaque jour j'attends patiemment le sort que vous me réservez une fois de plus, chaque jour j'espère rejoindre les étoiles d'un côté comme un enfant attend d'ouvrir ses cadeaux de Noël, chose que tu n'as jamais fait sans joie ma petite... Et de l'autre je ne souhaite pas faire souffrir ta belle-mère lorsqu'elle apprendra ma disparition. Je préfère en rester là sur mes pensées et terminer en douceur la fine parcelle de vie me restant..