Prologue : Quand je naquis en ce monde ...
La lune brillait haut dans le ciel étoilé, au-dessus d'un lac miroitant. Sa lueur baignait la rive droite d'une lumière froide et argenté. Alors que tout était calme, un cri retentit dans la pénombre. Une jeune femelle se démenait pour se défaire des ronces qui l'entravait. Elle s'appelait Éternel Désespoir. Elle se débattait comme si sa vie en dépendait, donnant des coups de griffes et des crocs. La femelle était une belle chatte au pelage marron, tigré de noir, aux yeux bleus comme la nuit. Quand elle réussit à s'extirper, ce ne fut pas sans blessures : de nombreuses entailles lui déchiraient la peau et la lançaient. Du sang perlait sur le sol, alléchant les prédateur comme les renards et les blaireaux, qui l'épiaient depuis un certain moment. La chatte tigrée se lécha la patte pour nettoyer sa griffe entre laquelle une épine était restée coincée. Elle l'enleva avec hargne avant de continuer son chemin. Cela faisait plus de six jours qu'elle cheminait seule dans le coin depuis exactement six jours à la recherche de sa soeur. Sa seule famille avait prétextée qu'elle allait retrouver son "compagnon". Elle l'avait crut, mais quand elle n'était pas revenu dans leur Clan, la belle chatte tigrée était partie à sa recherche. Elle lui manquait et elle avait besoin d'elle. Éternel Désespoir franchit un buisson d'un bond. La minette atterrit près d'un mulot, qui voulut s'enfuir en courant. Elle ne lui laissa pas le temps et le tua en lui coupant la gorge. Le sang du rongeur se rependit autour de la guerrière, qui se délecta de cette vue. Elle commença à manger voracement quand un craquement la tira de son festin. On l'observait. Un renard, tout simplement. La chasseuse se leva d'un coup et affronta du regard le prédateur. Celui-ci croisa son regard de nuit et confronta le sien, qui était d'ambre, à celui d’Éternel Désespoir. Ce fut un duel silencieux qui se déroula. Jusqu'au moment où le goupil décida d'attaquer en bondissant vers la femelle. Elle l'esquiva et lui griffa sans peine le museau : ce gros plein de poils avait exposé sa truffe aux redoutables griffes de la femelle. Il se retourna vers la chatte et l'attrapa par le cou. Il la secoua comme un sac à patates et elle sentit ses mâchoires claquées si fort qu'elle crut en perdre ses dents. Elle bougea les pattes de partout, voulant griffer un oeil, une langue ou même un nez, en quête de vie. Elle n'allait pas mourir sans avoir fonder une famille, tout de même ! Il l'envoya valser plus loin, comme si elle était qu'un déchet. La femelle s'écroula gauchement et regarda l'animal approcher, les babines retroussées pour lui arracher les entrailles. A ce point ? Non, il allait juste la manger ... Et elle était incapable de se défendre seule.
Un nouveau cri fendit la nuit. Un cri de guerre, en quelque sorte. Un matou de petite taille se jeta sur la bête et l'entraîna dans sa chute. Le renard glapit quelque chose, avant de se faire attaquer par Éternel Désespoir qui avait mit à profit l'offensive de ce sauveur inespéré. Cette fois, elle ne rata pas sa cible et creva un oeil au prédateur, qui en hurla de douleur. Sans demander son reste, il s'enfuit en laissant des traces sanglantes sur son passage : il y repensera à deux fois avant d'attaquer deux chats, va ! Elle se tourna vers le matou, qui suivait du regard le fuyard, comme si c'était lui-même un renard ou un lion. Il la regarda ensuite et s'inclina avec courtoisie. Visiblement, c'était un solitaire. Grâce à la leur de la lune, Éternel Désespoir put le voir entièrement. Il avait des yeux verts comme une plaine au printemps et son pelage était comme le sien, quoi qu'un peu plus gris que celui de la chatte.
-Vous n'avez rien ? s'enquit-il d'une voix douce et amicale, et voyant que la femelle n'avait pas de blessures :
Je suis heureux d'être venu à temps. Je suis Casanova. Mes anciens maîtres m'ont appelés comme ceci car j'étais comme ce Bipède : séducteur.Casanova ? Quel drôle de nom, mais cela lui allait plutôt bien...
-Je suis Éternel Désespoir, Guerrière du Clan du Tonnerre. Je suppose que vous êtes un Solitaire ?Il plissa les yeux, intrigué. Visiblement, il ne savait pas ce qu'était un "Clan". Elle lui expliquerait tout ça en détails plus tard... Casanova la regarda droit dans les yeux. Elle le dominait de toute sa hauteur, mais il ne semblait nullement impressionné et se permettait même de prendre des airs de supérieur avec la guerrière. Elle le remercia d'un regard de son intervention, mais il la coupa en pleine action :
-Puis-je savoir ce que vous faites ici, demoiselle ? Non-seulement il portait bien son nom, mais il s'adressait également comme le vrai Casanova. Mais bon, lui, il n'était pas une fourmis ... Et c'était là toute la différence entre le
Signore et lui.
-Je recherche ma soeur, ne l'auriez-vous pas vue ? Elle me ressemble beaucoup.
-Ah ! fit Casanova en s'asseyant.
Il me semble l'avoir croiser, en effet et c'état une bien agréable rencontre qu'elle m'offrit. Il se lècha la patte avant de continuer :
Je l'ais vu par là-bas, au-delà de la rivière. Quand je l'ais franchi, d'autres chats on surgit, m'ont chassés mais l'ont laissés passer ! C'est bien ce que Eternel Désespoir pensait : sa soeur avait un compagnon au Clan de la Rivière. Elle allait la récupérer. Casanova s'approcha :
-Voulez-vous que je chemine avec vous ? -Pourquoi pas, répondit-elle aimablement.
Il la remercia et ils se mirent en route.
Trois jours plus tard. Ce furent trois jours géniaux en compagnie de Casanova : il se montrait très gentil, attentionné et patient avec elle. Ils dormirent ensemble le temps de deux nuits. Au réveil du troisième jour, ils arrivèrent au Clan de la Rivière. Une patrouille les surprit -ils n'avaient pas cherché à ses cacher- et les menèrent tout deux dans leur Camp. Casanova, impressionné par le nombre de chat, ne se laissa pas approché par nul autre qu'Éternel Désespoir. La présence de la femelle lui redonnait confiance.
-Que nous veut le Clan du Tonnerre ? rugit le Chef de la Rivière.
Et surtout, pourquoi un de ses Guerriers vient-il en compagnie d'un Solitaire ?
-Je viens récupérer la soeur que vous m'avez volé ! balança Éternel Désespoir au tac au tac.
Le Chef se crispa. Il ne dit rien et une chatte tigrée prit place à ses côtés.
-Plume d'Espoir ! cria la femelle, au comble du bonnheur.
Je t'ais cherché de partout ! Pourquoi as-tu fais ça ? La soeur ne répondit rien et regarda Casanova avec un air dégoûté.
-Pars ! dit-elle au pseudo-Signore et à Éternel Désespoir.
J'ai chois ma vie, tu n'as plus rien à faire ici ! Casanova cracha et resserra les coudes à Éternel Désespoir. Les Guerriers de la Rivière attaquèrent soudain. Les deux compères esquivèrent d'un même élan et s'enfuirent.
12 lunes passèrent. Jeu d’Échec naquit : fils de Casanova et de Éternel Désespoir.
Chapitre I : La nuit où tout bascula.
Il se trouve qu'au moment où l'on trouve le bonheur, il arrive souvent que la vie nous l'arrache ...C'était simple : Casanova était mort quelque temps après la naissance de son fils, sauvagement assassiné par des chiens et Éternel Désespoir avait ramener son fils avec elle au Clan du Tonnerre. Le jeune chat ressemblait beaucoup à Casanova, sauf pour les yeux : il avait ceux de sa mère. Cette-dernière pouvait tout de même voir un bout de l'âme du défunt en voyant Jeu d’Échec marcher avec la même allure que le pseudo-
Signore. Ce dernier leur manquait terriblement. Dans les premiers mois de la vie de leur fils, il avait été si bon avec lui... Jouant volontiers avec la petite boule de poils, lui apprenant des tactiques plus ou moins diverses et tordues pour déduire et chasser, en lui enseignant comment se défendre avec de la force pure ... Bref, un père formidable. Le meilleure que l'on aurait put rêver. Malheureusement, il mourut lorsque Jeu d’Échec eut six lunes. Deux chiens, deux mâtins, le prirent de surprise et le tuèrent avant qu'il n'est put émettre un râle. Malgré tout, il était partit ... Heureux et en bon père. Éternel Désespoir avait alors emmené Jeu d’Échec au Clan du Tonnerre, l'avait confié à la garde d'une reine le temps qu'elle enterre le corps du Solitaire sous un rocher pas très loin du Clan du Tonnerre, afin qu'ils puissent lui rendre visite, avant de revenir avec de nombreuses proies dans la gueule ... Et des larmes. Elle avait tuée des souris pour apaiser sa peine et pour permettre au Clan de subsister encore un peu, car c'était l'hiver. Le nombre de rongeurs qu'elle avait ramené avait stupéfié les guerriers. Casanova lui avait apprit quelques trucs pratiques pour chasser le mieux, même en plein hiver...
Bref, Jeu d’Échec était devenu Nuage Jouant. Il devait désormais s’acquitter des tâches quotidiennes des Apprentis, même si son relationnel n'était point avancé. Il était le plus petit de tout les Apprentis, qui s'amusaient à le dominer de toute leur hauteur et se moquer de lui. Cependant, le charme de Casanova que l'on retrouvait en lui avait fait son effet chez une jeune femelle s’appelant Nuage de Tristesse. Ils se suffisaient à eux deux, mais il ne l'aimait. Son coeur était réservé pour quelqu'un d'autre encore. Elle l'accompagnait de partout, mais Nuage Jouant n’appréciais pas trop sa compagnie, même si elle le défendait lors des confrontations verbales avec les autres novices... Un soir de pleine lune, il fut désigné pour l'Assemblée :
-Nuage Jouant, tu es désigné pour allez à l'Assemblée avec ton mentor.Le petit n'avait pas sauté de joie. Lui, il avait prévu de rendre visite à son père. Il n'avait pas osé refuser, craignant la colère du meneur et les moqueries. Il préféra suivre son maître docilement quand sa mère le rattrapa et lui parla dans l'oreille. Le visage du chaton s'illumina et il la remercia vivement. Il rattrapa ensuite son mentor, qui l'attendait au tunnel d'ajoncs. Ils traversèrent les Terres du Tonnerre en courant. Le vent dans leur pelage, les redoutables Guerriers du Tonnerre couraient vers les Quatre Chênes. Nuage Jouant les suivait un peu plus lentement, savourant à chaque instant les sensations que lui procurait la course folle qui s'engageait. Un douloureux plaisir s'installa en lui : il aurait tant voulu courir aux côtés de son père ... Il faillit trébucher et se rattrapa de justesse. Ceci lui fit perdre encore plus de vitesse et mit le plan en action. Il obliqua en angle droit et fonça vers le rocher où son père avait été enterré. Il y grimpa dessus et commença à raconter beaucoup de choses, tel son baptême, ses misères, ses joies, son bonheur et son malheur de ne plus l'avoir auprès de lui. L'esprit de Casanova ne reviendrait jamais des étoiles, mais ... Il l'écouta tout de même en laissant une seule étoile fendre les nuages, aux côtés de la lune.
-Nuage Jouant ? fit une voix dans son dos.
Il se retourna et reconnu la petite chatte qui l'aimait. Il la toisa durement. Elle ne comprit pas et la petite chatonne noire et blanche recula.
-Je ne dirais rien, promit-elle en affrontant son regard glacé.
Je ne savais pas que c'était la tombe de ton père... Je suis désolée.-Pas grave... marmonna le jeune mâle en détournant la tête vers la Lune.
Comment as-tu sue que j'étais là ? -Je t'ais pisté et je t'ais entendu parler.Il la dévisagea. Pour la première fois, il se surprit à l'aimer. Mais comme une amie. Pas comme compagne. Il devrait bien le lui le dire qu'il ne l'aimait pas autant qu'elle. Nuage Jouant l'invita à s'asseoir à ses côtés. Nuage de Tristesse le rejoignit en sautant joyeusement.
-Comment s’appelait ton père ? demanda la belle.
-Casanova. Il était Solitaire, mais cela n'empêche pas qu'il a été un père formidable et un compagnon hors du commun pour maman. C'est grâce à lui que la soeur de ma mère à put être retrouvé par Éternel Désespoir. Et lorsque je suis né, il n'est pas partit vivre ailleurs : il était, au contraire, heureux de me voir, ce qui prouve qu'il était vraiment génial. Mais lorsqu'il est mort, tout a changé. A chacun de mes réveils, je m'attendais à le voir me lécher doucement pour me mettre sur pattes ou a me soulever par la peau du cou pour me forcer à me lever, quand j'étais trop fainéant. Je suis son portrait craché. Aussi bien que par le physique que par la psychologie. J'ai hérité de sa petite taille et de son charme. Cependant, ma mère me dit souvent que ce serait bien si j'avais ses yeux verts pour qu'elle puisse les contempler afin de le revoir. Mais elle le voit déjà bien assez en me voyant marcher, chasser ou parler. Comme quoi ...
-Je comprends. Mes parents à moi sont du Clan du Tonnerre, mais je te comprends. Y'en a qui disent que les Solitaires ou fils de Solitaires n'étaient que des bons à rien. Tu te prends toi, la moitié des femelles en Apprentie te cours après ! Ton père devait avoir beaucoup de succès avec les filles. rit Nuage de Tristesse en lui léchant l'oreille.
-J'avoue. Elle se tut. Ils s'endormirent l'un contre l'autre, au-dessus de la tombe de Casanova.
A leur réveil, il faisait encore nuit et l'Assemblée n'était toujours pas terminée, visiblement. Qu'est-ce qui rendait la réunion si longue ? Ils décidèrent d'y allez.
Arrivés dans la masse de chats, le mentor des Apprentis les prirent. Ils discuptèrent sur leur absence prolongée et que c'était à cause de ça que l'Assemblée n'avais pas débuté.
-Quand même, râla Nuage Jouant.
Faut le faire, l'absence de deux Apprentis qui retarde tout... -
Tais-toi, le rabroua son maître en lui donnant un coup de patte.
Sinon, je t'arrache les oreilles. Vous êtes tout deux importants pour le Clan. Si on vous perd, on perd également des futurs guerriers. Futurs, futurs... Pff ! Rien à taper ! On est libre, oui ou merde ? Le novice lui lança un regard assasin avant de se concentrer sur l'Assemblée. Le meneur de la Rivière s'avança et regarda la foule de chats.
-
Le Clan du Tonnerre doit garder deux Apprentis dans leur tanière, visiblement. Breeef. Je me dois de récupérer quelqu'un qui est dans leur Clan. Nuage de... QUOI ? Nuage de... de... de QUOI ? Bordel, accouche, on va y passer la nuit !
-Nuage de Tristesse.
QUOIIIIIII ?! C'est quoi, cette connerie ? Attendez, j'ai pas tout flanché, là. La stupéfaction se lisait sur le visage de Nuage Jouant, qui alla regarder la belle, juste devant lui. Elle était tout aussi étonnée que les autres par cette nouvelle.
-
Nuage de Tristesse se doit de revenir dans notre Clan. Une femelle du Clan du Tonnerre nous a volé un petit, à l'époque. Ne le niez pas, une femelle avait disparue. Nous avons retrouvé la trace du Tonnerre dans la Pouponnière. Nuage de Tristesse se doit de nous rejoindre. Sa mère est...Non mais, il se fout de moi ou quoi ? Il a quoi pour couper ses phrases, lui ?!
-Plume d'Espoir.
HEIIIIIN ? La soeur de Éternel Désespoir ?
-
Nuage de Tristesse doit choisir maintenant. Chapitre II : Là où commence la fin et là où la fin fait commencer...
Là où généralement on croit qu'on va dire "non", on dit "oui."Une partie de la vie de Jeu d’Échec s’effondra : sa mère venait de mourir. D'abord Nuage de Tristesse qui avait rejoint le Clan de la Rivière, et maintenant, Éternel Désespoir... Il saisit le corps avec rudesse et le traîna dans le camp jusqu'à l'entrée, les yeux souillés de larmes. Il s'avança vers les arbres, puis vers le rocher où reposait Casanova. Il y creusa un trou assez gros pour y rentrer le corps de sa mère, aux côtés de Casanova, et le reboucha. Il se coucha près de sa fraîche tombe et commença à la pleurer. Il resta ainsi quelques minutes, dix environs avant de se rendre compte qu'on l'observait. C'était une femelle noire et blanche qui était là. Son coeur bondit dans sa poitrine en entendant la voix de celle qu'il croyait avoir perdu depuis des lunes et des lunes : Nuage de Tristesse. Elle s'assit à ses côtés et commença à lui lécher l'oreille avec tendresse. Son amie était devenue une belle guerrière au regard d'ambre et au superbe pelage long, noir et blanc. Un élan d'amour transperça le coeur du guerrier, qui la regarda en levant sur elle des yeux mouillés.
-Nuage de Tristesse...
-Nuage Jouant...
-Non, Jeu d’Échec.
-Ah ! Je suis Tristesse Cachée. corrigea la femelle avec douceur.
Je trouve que ton nom te va très bien. De plus, tu es toujours aussi beau que dans mon souvenir. Il la lécha à son tour.
-Ecoute, Jeu d’Échec, je suis vraiment désolée pour ta mère et pour ma décision concernant le Clan de la Rivière et...
-Échec et Mat.