L’air était glacial, piqûre brûlante qui venait frapper les peaux et les esprits. Gloire de l’Ipomée était rentrée de patrouille frontalière tôt ce matin là, et avait découvert le tas de gibier vide. L’hiver était rude et semblait interminable, et malgré les patrouilles de chasses déployées sans cesse, les guerriers s’épuisaient et les proies s’amenuisaient, cachées ou mortes de froid. Ce n’était pas le premier hiver que vivait Gloire de l’Ipomée en tant que lieutenante, mais avec la santé fragile d’Étoile Candide, elle ne savait plus comment parvenir à mener toutes ses fonctions à bien, et elle n’oubliait pas que la menace silencieuse de Phoenix planait sans cesse sur elle.

Face au vide de tas de gibier, elle se retourna directement et après avoir averti quelques guerriers elle décida d’aller chasser. Si elle voulait que son clan reste fort malgré l’absence d’un meneur, elle se devait de remplir elle aussi les tâches des chasseurs.

Alors qu’elle s’élançait entre les arbres, Gloire de l’Ipomée fut désolée de voir l’état de son territoire. Le froid et le givre semblait avoir tout brûlé, et le sol craquait sous ses pas alors qu’elle ralentissait sa course. Elle avait hâte que le soleil et la chaleur revienne, avec toutes les bonnes nouvelles qui l’accompagnait. Lorsque les jours seraient meilleurs, la chasse serait bonne et Étoile Candide reprendrait des forces, tout irait mieux. Alors qu’elle contournait un bosquet rongé par le froid, un bruit attira son attention, et son regard rencontra directement une petite fourrure brune qui se détachait de sur le sol mort.

La chasseuse se mit en position, et commença à ramper doucement vers l’animal. Le froid et la faim avaient du le pousser à sortir, inconscient, et il se tenait à présent dos à elle, le nez plongé dans le sol à la recherche de plantes ou de graines survivantes au gèle. Alors qu’elle s’approchait en silence, elle sentit soudaine une bourrasque de vent se lever, apportant son odeur vers le rongeur, qui se redressa et tourna vivement ses petits yeux noirs vers elle. Pendant un court instant les deux bêtes se figèrent, avant que la proie ne détale à toute vitesse, suivie par le chasseur.

La noire c’était lancée dans une course effrénée pour rattraper la petite créature. C’était sûrement l’une des rare proie qu’elle rencontrerait aujourd’hui, et elle ne pouvait pas se permettre de la manquer. Alors qu’elle bondissait, elle vit avec satisfaction que le petit animal venait de déraper sur le sol gelé, et atterrit juste derrière lui. Avant qu’il n’ai pu se rétablir correctement elle planta directement ses pattes sur lui, le clouant au sol. La petite chose brune poussa un glapissement, et avant qu’il ne puisse pousser un autre cri, la chasseuse planta ses crocs dans son petit cou chaud.

Alors qu’elle reculait pour reprendre son souffle elle adressa un remerciement au clan des Étoiles. Même si les temps étaient durs et qu’elle commençait à avoir l’impression que les étoiles s’acharnaient sur elle et son clan, elle ne pouvait pas renier ses traditions et son éducation. Les croyances étaient comme un pilier durant les temps durs.