Le concept du forum se base directement sur le roman La Guerre des Clans d’Erin Hunter. LGDC Warriors dit « LW » a été fondé en 2007 par Étoile Noire, et il continue aujourd’hui de vivre grâce à ses infatigables membres toujours aussi déjantés ! Incarne un chat sauvage et rejoins l’un des quatre Clans de la forêt de Cerfblanc. Quel que soit ton choix, sois prêt à te battre pour ta tribu, chasse pour elle, rencontre les autres félins et marque de ta patte l’histoire des Clans ! LGDC Warriors est un forum RPG félins qui demande un minimum de 7 lignes par réponse. N’hésite pas à profiter également de la Chatbox et des différentes catégories hors-rp que propose le forum. Rejoins-nous vite, tu ne le regretteras pas !
Voilà enfin le sondage tant attendu du concours d'écriture organisé il y a peu. Bonne chance à tous les participants, c'est aux membres de décider, à présent :D
Beaucoup disent que le retour d'un voyage, le retour à la réalité est difficile, je ne suis pas d'accord avec eux. C'est un moment important, on peut se reposer, et on peut en rêver encore et encore, se souvenir, en parler, regarder des photographies encore et encore, en parler toujours. Et on peut enfin se rendre compte de la chance que l'on a eu, quand autour de cette table, devant la télé, toute notre famille regarde et m'envie, regardant attentivement mes photos, ne voulant pas en perdre un fragment de rêve, absorbant chaque parole dans ma voix, chaque parcelle d'explication. Moi même j'aime ce moment, je me serais découvert des parties encore cachées de moi-même, mes centres d’intérêts, mes motivations, de nouveaux rêves auront envahie mon esprit, de beaux rêves.
Depuis toute petite mes rêves de voyage grandissent en même temps que moi, mon envie de découvrir des communautés différentes, différentes manières de vivre, différentes coutumes. La Croatie, l'Espagne, l'Angleterre, je ne me serais jamais éloigné bien loins de chez moi jusqu'au grand voyage, celui que j'attendais depuis 8 ans. Huit ans que je rêvais du moment où je quitterais ma maison, mon pays pour voler jusqu'à l'Asie, la Thaïlande. Je ne réalisai pas que le voyage que j'attendais voilà des années étaient en train de passer aussi vite. Que je faisais des choses que je n'aurais jamais cru faire un jour et voilà que dans quelques jours je serai déjà rentrée chez moi, après deux semaines incroyables. Je m'asseyais alors sur un transat, sur une plage non loin de notre hôtel, face à l'océan Indien. Je mettais ma musique, me coupais du monde extérieur et observais l'océan au loin, caché par de nombreux parasols, protégeant du soleil les transats en attente d'un propriétaire. Je restais pensive, quelques larmes s'écoulaient sur mes joues, cachées des autres par mes lunettes de soleil. Je réalisais enfin que bientôt j'allais quitter tous ces gens, j'allais rentrer chez moi. Je voulais rêver d'avantages, je voulais partager d'avantages. Ainsi je me promettais au fond de moi, qu'un jour j'irais dans ces pays où la population était pauvre, mais je n'irais pas pour profiter des lieux touristiques, je n'irais pas pour bronzer sous les palmiers où le sable fin aurai été d'un blanc pur et où l'eau bleu clair se serai étalée sur les horizons. Non, je rêvais de m'y rendre pour rencontrer la population, pour travailler avec eux, planter du riz, récolter des fruits, je voulais jouer avec les enfants au foot, là où les buffles broutaient tranquillement entre les deux poteaux d'un but. Je voulais avoir un contact avec la population car pour moi c'était là la définition d'un voyage réussi.
15 Avril 2023 _ Inde
Je décolle de Paris, me voilà parti pour deux semaines à passer en Inde. Je faisais le choix de m'envoler à l'autre bout du monde seule, j'avais mes raisons et je ne regrettai rien. Je n'avais pas peur de la solitude comme d'autres pouvaient l'avoir, et puis mis à part le trajet en avion, je ne serais pas seule.
C'est fou comme le climat d'un endroit à l'autre change du tout au tout. Sitôt que j'étais sortie de l'enceinte de l’aéroport la chaleur s'était comme écrasée sur moi, humide et suffocante. Cependant, je remarquais que je ne mis pas longtemps à mis habituer, je me souvenais d'ailleurs avoir pensé la même chose la dernière fois quand j'avais été en Thaïlande, j'avais trouvé plus difficile de supporter notre chaleur plutôt que la leur. J'avais avec moi un guide, il était indien et parlait l'anglais et quelques mots de français. J'avais fait exprès d'en prendre un qui ne parlait pas français. Je voulais changer, je voulais sortir complètement de mon pays, je voulais m'intégrer le plus possible dans leurs coutumes, je ne voulais plus penser à la France.
Il s'était écoulé deux heures depuis mon arrivée en Inde, deux heures de route pour arriver dans un petit village perdu dans la forêt. Aussitôt sorti de la voiture, un groupe d'enfant accourrait pour venir me voir, ils chantaient, ils souriaient. Mon guide m'avait expliqué qu'ils n'avaient jamais vu de français de leur vie, que ma visite était un cadeau inestimable à leurs yeux. Tout ceci me dépassait, et je me souvenais de la Thaïlande, je n'avais que 16 ans et je me rappelais clairement qu'en nous promenant dans la capitale, un groupe d'enfant s'était rapproché, ils souriaient eux aussi et nous tendaient la main afin que nous leur tapions dedans. Je me souviens que cette scène m'avait fait vibrer et qu'elle resterai à jamais dans mes souvenirs. Je m'étais dit, en réfléchissant à tout cela, en repensant à la France, à nous, que nous n'étions que des pourris gâtés, à voir un bonheur si grand pour ses enfants qui n'aurait été pour nous qu'une banalité, à voir qu'avec rien ils se satisfaisaient de tous alors qu'avec tout, nous n'étions jamais satisfaits.
Quelques jours avaient passés depuis mon arrivé et je m'étais pour le moins assez bien intégré dans le village. J'habitais dans une maisonnette entièrement construite en bois et sur pilotis qui ne comportait qu'une seule pièce, jumelant un matelas et une petite table. Les tuyaux pour l'eau, la douche et les toilettes se trouvaient dehors, à l'arrière de l'habitation. J'avais pris l'habitude de marcher dans le village pied-nus, je voyais bien que tous les efforts d'intégrations que je menais les ravissait et je ne comptais pas m'arrêter là. J'aimais cette expérience, je voulais découvrir encore plus, je voulais partager encore plus de choses avec eux. Chaque soir ils m'invitaient à manger chez eux, ils me parlaient, me montraient des objets qui m'étaient inconnus et le lendemain je les accompagnaient dans leurs rizières, dans leurs champs de noix de coco, récolter avec eux, habillée d'un chapeau en paille me protégeant du soleil. Je me souviendrais toujours planter du riz, les pieds plongés dans la boue, me tachant jusqu'au genoux, je prenais quelques tiges, elles ressemblaient à de l'herbes, je plongeais ma main dans la boue jusqu'à sentir une résistance, alors j'enfonçais les herbes et les relâchais. Je fis cela toute la matinée, alignant à la chaîne les plantations de riz. Puis je rentrais au village, prenait une douche froide et me changeait pour aller rejoindre les enfants à l'école, il était prévu que cette après-midi soit réservé à l'apprentissage de nos deux langues respectives et ce fut le cas. Nous rigolions beaucoup quant à la prononciation de nos mots, et en fin de soirée je pouvais retenir « namaste» qui signifiait bonjour et « dhanyavad. » qui voulait dire merci.
Cela faisait bientôt une semaine que j'étais ici, je pourrai vous raconter mes balades en charrue tirés par des buffles, je pourrai vous raconter mes journées passées avec les enfants du villages, à jouer avec eux, les jeunes filles me touchaient la peau, elles me disaient d'un anglais si parfait de leur jeune âge que j'étais belle, elles me tressaient les cheveux encore et encore, me faisaient toutes sortes de cadeaux, des perles, des poteries. Je leur parlais de la France avec mon anglais qu'elles faisaient l'effort de comprendre, je leur racontais ce qui pour moi paraissait banal et qui les étonnait au plus au point. Certaines fois elles me posaient des questions ahurissantes, tellement que je me demandais si cela avait été le vrai sens de leurs questions, ces questions qui pour moi paraissaient si évidentes et qui pourtant ne l'étaient que pour moi. Quelques poules, petites et longues sur pattes jacassaient entre les maisons. J'aurai également pu vous parler de cette religion qui comme pour le Bouddhisme avait une façon de penser proche de la mienne. Mais je vais engager l'histoire sur un tout autre épisode, un épisode encore plus marquant que tous ceux que j'avais vécu jusqu'à présent et qui allait me suivre dans mes souvenirs certainement jusqu'à tout jamais. Imaginez vous un matin, vous réveiller de bonne heure et accueilli par un soleil radieux, marchez le pas rapide jusqu'à l'arrière de la maison pour vous rincer de cette chaleur humide, retournez sur votre terrasse aménagée et dégustez votre bol de riz accompagné d'un œuf cuit à la poêle. Pour l'instant tout vas bien n'est ce pas, ce matin ressemble aux matins précédant, je pense à ma famille, puis je ne réalise toujours pas que je suis à l'autre bout de chez eux. Enfin je me lève mais comprends rapidement qu'il se passe quelque chose, des femmes courants à la rivière du coin, des pots d'eau entre les bras, et dehors je ne vois personne d'autre. Je suis les femmes jusqu'à une maison, je connais cette maison c'est celle du chaman.
La scène que je m'apprête à voir est effroyable, j'entre silencieusement, toutes les femmes sont ici, les hommes étant partis travaillés, mais toutes les femmes sont présentes, elles sont tous assises face à une autre femme qui pleure, je m'approche, me fraye un passage, je n'aurais jamais osé faire cela au paravent, mais ils étaient ma seconde famille, et je devais être là pour eux. En face de cette dame , je vois le chaman qui est penché sur un corps, un petit corps, un corps de garçon. Il m'incite à m'approcher alors je m'assois en face de lui, entre nous est placé est le garçon. Je le regarde et mes yeux se forcent à ne pas flancher, j'aimerais détourner le regard mais je ne le fais pas, je regarde ce petit garçon, des tonnes de boutons maculent sa peau, partout, des boutons, ces yeux sont fermés mais j'écoute toujours son souffle saccadé, difficile. Plus tard on m'expliquera que c'est une maladie courante là bas, que beaucoup d'enfants en meurent. Ce qui était certain, c'est que jamais je ne pourrais oublier ce que j'avais vu là bas. Ils me convièrent à leur fête, en l'honneur du petit qui n'avait pas tardé à rendre son dernier souffle. Contrairement à nos coutumes ceux ci faisaient vraiment la fête, il y avait des chants, des danses, nous étions tous autour d'un feu accompagné par la musique des tambours.
« Nous fêtons sa délivrance, nous fêtons son combat contre la douleur. » m'avait dit sa mère.
J'étais sous le charme de leurs façons de penser, j'étais sous le charme de leurs coutumes, j'étais sous le charme de leur modestie et de leur esprits dégourdis. Ils m'avaient apporté tellement de réflexions, je comprenais bien que tout ce que j'avais vu, tout ce que j'avais vécu avec eux pendant ces deux semaines m'avait changé au fond de moi, ma manière d'agir, de penser, j'étais enfin moi-même avec ces gens si simple et formidable.
Les jours passèrent trop rapidement, il fallait maintenant que je refasse ma valise, que je fasse mes adieux, je crois que c'était ça le plus dur, dire au-revoir à tous ces gens en me disant que je ne les reverrai peut être jamais. Je devrai faire mes adieux à ma famille. Les enfants m'aidaient dans ma maison, ils continuaient de me rapporter des cadeaux pour que je les ramène en France. « C'est pour ta famille » me répétaient ils. Ils rangeaient tout cela dans mon sac, ce fut donc très rapide et je dus me résigner à me lever pour commencer à dire au-revoir. Ils se réunirent tous devant ma cabane, ils étaient tous présent.
« Il est temps que je vous dise au-revoir, ces deux semaines seront passées trop rapidement, je n'oublierai jamais tout ce que j'ai vécu avec vous, vraiment. Ma mentalité, tout ce que j'ai en moi à changé durant ce voyage, il restera à jamais une part de vous dans mon attitude, dans ma façon de penser. Comme vous me l'avez si bien dit, je ne pleurerai pas, je ne dois pas être triste car je suis heureuse d'avoir fait se voyage. Qui sait peut être que je changerai le jugement que vous avez des français qui ne sont jamais content. »
Ma dernière phrase nous avait tous fait rire une dernière fois, un dernier rire en décalé le temps que mon guide leur traduise mon discourt. Je les embrassais tous un par un, ils me souhaitèrent tous la meilleure des vies, pleins de bonnes choses. Les enfants me chantèrent une chanson. Notre guide nous pris en photo, tous le village et moi, leur fille adoptive.
De retour en France, l'écart de savoir vivre entre nos deux pays me choqua au plus au point et je ne racontas pas plus de la moitié des choses que j'avais faites, ils ne comprenaient pas l’intérêt que j'avais à ne pas avoir profité des belles plages et des coins touristiques du confort.
Pourtant, ce voyage avait dépassé tout ce que j’espérais et malgré une scène qui m'avait marqué à vie et que je n'avais pas prévue, je vivais et parlais en comprenant ce que je disais à présent quand je parlais d'un voyage au pays des anges..
Voilà deux jours qu'on étaient arrivés. Le voyage avait été long et en ce qui concerne la deuxième partie de celui-ci, inconfortable. Moi et mes compagnons avions éffectué le trajet maritime à bord d'un petit bateau relativement rapide, sans faire d'escales. Heureusement, la traversée n'avait pas été bien longue, bien que les literies étaient parfaites. Oh les literies, lors du voyage terrestre c'était bien ce qu'il manquait ! Voyager pendant trois nuits et quatre jours dans la remorque d'un véhicule tout-terrain dans un environnement aux routes sinueuses et mal entretenues, sans couchage et chauffage... C'est pas le bonheur, voyez vous. C'était donc au bout de ce long voyage que nous étions arrivés, moi et mes trois amis, au coeur de l'Amazonie Brésilienne.
Nous sortions du 4x4 avec les membres endoloris, l'estomac dans les talons et un mal de crâne horrible. J'attrapai mon sac de randonnée, et après avoir salué et payé notre chauffeur, étions repartis pour plusieurs heures de marches. Contrairement à mes camarades qui étaient ravis de pouvoir se dérouiller les jambes, j'étais peu enthousiaste. La forêt n'est pas comme je l'avais souhaité. Mes pieds s'enfonçaient dans la boue et faisaient un étrange bruit de sucion quand je les soulevait. Je devais faire milles efforts pour éviter les ramassis de tronc d'arbres abbatus et leurs échardes. L'indigène nous avait conduit dans une des nombreuses parties de la Jungle Amazonnienne victime de la déforestation. Le paysage désolé me faisait mal au coeur.
Nous fûment tous ravis de pénétrer dans la jungle, la vraie. Bien que les températures y restaient élévées, il y faisait déjà meilleur qu'en plein cagnard. Nous marchâmes encore un peu, impatients de découvrir la faune et la flore Amazonienne. Plus nous avançions, plus la végétation se faisait dense. Nous avançions sur une passerelle en bois clair qui devait s'étendre sur plusieurs killomètres. L'immensité des arbres majestueux m'éblouissait. C'était impressionant de voir des troncs si hauts et si nombreux ! Des aras volaient au dessus de nos têtes en craquetant. A part celui de ma voisine, je n'en avais jamais vu de vrais. La faune tropicale était vraiment différente de celle qu'on trouvait dans mon pays ! L'exotisme de ces lieux me plaisait, et j'avais hate de m'enfoncer plus encore dans la jungle pour voir le reste. Je redécouvrais en moi la curiosité et l'émerveillement que j'avais à chacune de mes voyages. D'immenses fougères nous chatouillaient maintenant les pieds. Je m'agenouilla, faisant signe à mes camarades de ne pas m'attendre. Tout en m'appuyant sur mes mains moites, je baissa la tête sous l'une des immenses fougères. Comme celle-ci était d'une taille incroyable, ses sporanges étaient particulièrement gros et nombreux. Je me rappelai mes cours d'SVT de 6ème où l'on étudiait la reproduction des plantes. Je souris. Jamais je ne me serais imaginée m'aventurer dans un tel décor. Je déçidai de m'attarder un peu plus sur le paysage. Je desendai prudemment de la paserelle. Mes pieds s'enfonçèrent dans la gadoue, rendant à nouveau mes chaussures brunâtres. Contournant une fougeraie, puis me faufilant entre deux arbres dont les troncs fins étaient très rapprochés, je pénétrai dans une forêt sauvage. Voilà ce que j'étais venue cherche ici. Je laissai mes jambes me porter, contemplant lors de ma marche tout ce vert, toute cette végétation qui m'entourait. On réspirait si bien ici. Ce lieu portait si bien son nom : le Poumon Vert. «Poumon malade », songeai-je en repensant à la forêt dévastée que nous avions, mes amis et moi traversé. C'était triste qu'autant de nature soit détruite. Du vrai gâchi ! Les petits pois que je rechignait à manger étant petite, ce n'était rien comparé à tous les arbres qui étaient abattus ici. Je louvoyais entre les arbres, laissant le temps passer. Je ne pensais plus à mes camarades, j'étais si bien. Je me sentais telle une fourmi parmi cette immense verdure qui me dominait aussi bien en hauteur qu'en densité. Tantôt je m'arrêtai sur une fourmillière aux individues étranges ; tantôt derrière une futaie pour admirer un des immenses iguanes qui peuplaient les lieux ; tantôt la tête levée vers les cieux pour regarder en riant les singes crier en se balançant de branches en branches. Et dire qu'eux, cette forêt, cette nature, c'était leur quotidien ! Je remarquai soudain que je m'étais énormément enfonçée dans la forêt. A force de zigzaguer entre les arbres et de contempler ce qui m'entourait, j'en avais perdu mes repères. Je n'avais donc aucune idée d'où j'étais. J'hissai mon sac sur l'épaule et, ne prenant en compte le déséquilibre que provoquait le poids de mes bagages, m'élançai en courrant, tête baissée.
Je ne sus pas combien de temps j'avais couru comme un taureau furieux, surement longtemps. Mon pied se prit alors dans une branche. Je senti mon corps aller vers l'avant, entraîné par la lourdeur de mon sac. J'hoquetai. Ma tête s'enfonça dans la bourbe. « Merde ! », jurai-je. Je me relevai en grimaçant, les jambes en feu et le visage recouvert de terre liquide. Encore sonnée, je tournoyais sur moi même, pour finalement atterir sur mon postérieur en m'aspergeant de gadoue. Du revers du bras, je nettoyais mon visage. Il me fallut un long instant pour que je puisse constater que j'étais désormais au coeur de la jungle.
Je n'avais pas le souvenir d'avoir couru si longtemps. Je ne savais pas de quel côté j'étais venu, et de quel côté je devais aller. De plus, la forêt était déjà trop dense là où j'étais, impossible donc d'éspérer revoir la forêt morte et son cagnard. Au moins, à partir de là, je savais où aller... Du moins, je savais où nous avait laissé notre chauffeur. Je n'étais guère rassurée à l'idée de rester seule dans la jungle. Nous étions venus ici pour observer la faune et la flore ; deux de mes compagnons étaient des mordus de photographie, quant à moi et mes deux autres camarades étions passionnés de nature. Passionés, certes, mais seule face à un grand fauve ou à un serpent, je ne savais pas comment réagir et me défendre. Si il m'arrivait malheur alors que j'étais seule, je ne rentrerai surement jamais chez moi. Dans un instinct de survie, je passai à nouveau la bandoulière de mon sac autour du bras. Et maintenant ? J'avais couru, et le sol était boueux, il y aurait donc forcément mes traces de pas gravées sur le sol ! Je tournoyais sur moi même, à la recherche de l'empreinte de mes chaussures. Je fus surprise de ne rien trouver de mon passage. J'avais sans doute courru trop vite pour que mon pied s'enfonce assez dans la gadoue, et ainsi pouvoir revenir sur mes pas tel le Petit Poucet. Je commençais à paniquer. La sueur recouvrait mon front. Je n'étais pas perdue, ce n'était pas possible.
Je grimaçai. Je reposai mes bagages afin de m'assoir dessus. Je me pris la tête dans les mains, réfléchissant à deux cents à l'heure à comment m'en sortir. Je n'étais pas partie sans rien, je trouverai des choses pouvant m'aider dans mon sac. Je l'avais trimballé si longtemps, et maintenant que j'en avais besoin je n'avais pas songé une seconde à utiliser son contenu ! Qu'est-ce que je n'étais pas dégourdie parfois ! J'ouvrit avec hate toutes les sécurités qui tenaient mes affaires à l'abri. Deux petits cadenas entre les dents, je commençai ma fouille. Je ne fus pas étonnée d'y trouver plusieurs babioles inutiles qui rajoutaient du poids à mes bagages. C'était une manie de m'encombrer pour rien. Affamée, j'ouvrai un paquet de cheewing-gum, dont un des petits rectangles acidulés remplaça vite les cadenas. En poursuivant mes recherches, je tombit sur mon vieux portable. Ça faisait bien longtemps que je ne l'utilisai plus courrament, je le prennais uniquement lors de mes excursions, par peur d'égarer ou d'abîmer mon smartphone (qui restait donc à mon domicile). Envahie d'espoir, je saisit la machine entre mes mains. Désormais, ce vieux tas de ferrailles, c'était le Saint Graal ! Tel un enfant que le bonheur rendait idiot, je lançai dans les airs mon téléphone. Je jonglai avec plusieurs fois en le rattrapant toujours dans mes doigts, jusque à ce qu'il tombe dans la boue. Effroi ! D'une main brusque, je repris le vieux mobile. Avec un bout de mon débardeur, je le nettoyis comme je pus. J'essayai de le rallumer. En vain. Frustrée de mon idiotie, je lançais l'épave dans la boue. Décidémment, cette escapade Amazonienne commençait mal, très mal ! Et quand je pensais aux autres qui randonnaient tranquillement, sans se soucier que je n'étais plus là...
Les cris de oiseaux s'étégnaient avec le soleil. Les feuillages des arbres étaient trop denses pour que je puisse voir le couchant. Très vite, je fus plongée dans l'obscurité. Envelopée dans une couverture, j'attendais. Quoi ? Je ne sais pas, qu'un hélicoptère se pose devant moi, me sauvant de l'hostilité d'une nuit passée dans la jungle ? Je rêvait trop. Je craignai de devenir folle et de rester à patienter dans mon duvet bleu jusque à la fin de ma vie. Je ne voulais pas mourir ainsi, sans que personne ne sache où reposait mon corps. Dans un élan nostaligue, je repensais à ma petite soeur qui n'était pas encore en vacances, à mon chat qui faisait sans doutes ses griffes sur les rideaux, et à mes parents qui étaient au boulot. J'étais trop en colère pour penser à mes camarades de routes. Ils ne me cherchaient pas, il m'avaient abandonné.
Alors que le sommeil me gagnait, le faisceau lumineux d'une lampe-torche m'aveugla. La civilisation ! Je me relevai, pleine d'espoir, agitant comme un drapeau ma couverture dans les airs. Un homme courrait vers moi. Les larmes me gagnèrent lorsque je reconnu le visage d'un de mes compagnons de route. Ils ne m'avaient pas oublié.
▬ Pluie Torrentielle
Spoiler:
❝ Instantanés ❞
~ La photographie peut fixer l’éternité dans un instant. ~ Henri Cartier-Bresson
Tululut, tululut, tululut, tulu... Clac !
Décidément, il faut que je pense sérieusement à changer cette sonnerie de réveil ! Ou alors en racheter un. Je regarde par la fenêtre de ma chambre, le soleil s'est levé, il est 7h30. Je me lève après quelques étirements douloureux puis me dirige vers la porte. Ma chambre étant sous les toits, je descends les escaliers pour rejoindre le salon et la cuisine. J'attrape un bol, une cuillère et un paquet de céréales à moitié vide puis je m'installe sur le canapé bleu horizon du salon. Comme je ne suis pas une « lève-tôt », j'ai préparé ma valise hier soir afin de ne pas perdre trop de temps ce matin. En effet, après des semaines de réflexion, j'ai décidé de sortir un peu de mon cocon qui me sert de maison pour aller voir mon père. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas pensé à lui que le mot « père » me semble presque inconnu.
Il nous a quittés ma mère et moi, le mois qui suivait mon dixième anniversaire (ça par contre, je m'en souviens). Il est parti de nuit, comme un voleur, sans un mot ou une lettre d'au revoir, n'emportant que quelques affaires personnelles. Ma mère ne s'est jamais vraiment remise de sa disparition. D'ailleurs, c'est sûrement pour ça qu'elle m'a mise sous la responsabilité de sa sœur, un an plus tard. Je crois que c'est vers cet âge-là, que j'ai commencé à prendre des photos. J'empruntais l'appareil de ma tante sans sa permission puis je sortais dans le jardin et je photographiais tout et n'importe quoi. Les réprimandes de ma tante ne m'enthousiasmaient pas beaucoup. Malgré les punitions quotidiennes, je n'en faisais qu'à ma tête. C'était comme si mon corps était attiré par cet objet, sans que je ne puisse m'y refuser. Chaque fois que mon petit doigt fin et maigre appuyait sur le déclencheur, une bouffée de chaleur et d’excitation s'emparait de moi. Une fois que ma tante se rendit compte de ma passion pour les photos, elle m'offrit pour mes douze ans mon premier appareil photo : un Canon gris métal. C'était le plus beau cadeau que l'on pouvait m'offrir. A partir de là, je n'ai jamais cessé de prendre des photos. Que ce soit pour des événements importants, ou bien pour le simple fait d'appuyer sur le déclencheur.
Une fois mon bol de céréales terminé, je retourne dans la cuisine, pose le tout sur le plan de travail et remonte à l'étage. Mes affaires sont là, dans le dernier coin libre de ma chambre. En voulant prendre ma trousse de toilette, ma tête heurte une des poutres qui soutiennent la toiture. Je laisse échapper un gémissement de douleur avant d'appuyer sur ma bosse déjà formée. Je ne prendrai donc jamais l'habitude de me baisser dans cette pièce ? Tout en continuant de me tenir le front, je me dirige vers la salle de bain, qui est reliée à ma chambre. Je pose ma trousse sur une chaise avant d'ouvrir un placard situé à gauche du miroir. Je sors de la pommade que j'applique immédiatement sur mon bleu. Je regarde l'horloge à ma droite : 8h09. J’entreprends de me brosser les dents à la vitesse supérieure puis de m'habiller : un tee-shirt vert menthe uni avec un bermuda en jean feront l'affaire. J'enfile mes tennis et place autour de mon cou mon appareil photo. J'ai toujours le même Canon gris métal de ma tante. Mais il faudrait que je pense à m'en racheter un autre plus moderne, comme mon réveil.
Enfin, j'empoigne ma valise : je suis prête. Je dévale les escaliers et me dirige vers la porte d'entrée. Je ne sais pas vraiment combien de temps mon voyage durera, mais une chose est sûre : je ne rentrerai pas avant d'avoir trouvé mon père. Je chope mon sac à main au passage sur le dossier d'une chaise. Il contient assez d'argent pour environ trois semaines, si j'économise.
Je pose ma main sur l'encadrement en bois de la porte du salon. Cette maison va me manquer. J'y vis depuis la mort de ma tante, il y a trois ans. J'ai décidé de mon plein gré de vivre seule et j'ai donc acheté cette maison en bois. Je suis plutôt éloignée de la ville et proche de la forêt, ça me plaît d'être un peu à l'écart de la civilisation. Étonnamment, je ne l'ai pas payée très chère et je me suis même demandé si on ne m'avait pas joué un sale tour. Mais les années ont passé et je m'y sentais de plus en plus chez moi. Cet endroit va vraiment me manquer.
Sans m'en rendre compte, mes mains prirent l'appareil autour de mon cou puis commencèrent à photographier l'intérieur du bâtiment. Il fallait que j'immortalise cet endroit. Bien sûr, je reviendrai mais dans combien de temps ? Cela pourrait très bien être un mois mais aussi un an. Je partais d'ici sans vraiment savoir quand est-ce que je reverrais cette maison qui pour moi, est un paradis.
Je claque la porte après être sortie, tourne deux fois la clé dans la serrure, puis me dirige vers ma Twingo Pépite grise. Je balance brutalement ma valise dans le coffre, ouvre la portière de devant, lance mon sac à main sur le siège passager puis m'installe à la place du conducteur, avant de déposer avec précaution mon appareil photo à mes côtés. Je respire un coup, les deux mains posées sur le volant. Le ciel est dégagé, je ne risque pas de me faire surprendre par la pluie. À présent, il s'agit de savoir où je dois aller. Par chance, mon oncle (oui, il me reste un peu de famille sur qui je peux compter) a pu me donner une adresse où pourrait se trouver mon père. Apparemment, il logerait à Strasbourg, dans un des immeubles du Boulevard Balzac. Eh bien, ça va me faire une trotte ! Moi, qui suis près de Montpellier, je ne suis pas rendue. Heureusement, j'ai prévu une carte de France, et j'ai d'ailleurs surligné au fluo le trajet que j'aimerais emprunter. Et d'après mes calculs, il me faudra environ 7h30 de route, s'il n'y a pas de bouchon. Je pose la carte ouverte par-dessus mon sac et mon appareil photo, puis j'allume le moteur. C'est parti. Une petite marche arrière et me voilà partie, direction : Strasbourg.
Une grosse poignée de minutes plus tard, me voici sur l'A9, en direction de Nîmes. Le trafic est un peu dense mais c'est normal. Tout le monde part en vacances.
À l'extérieur, il fait 20.6°C. Je n'aurai pas froid lors de cette journée d'été. L'horloge indique 8h51. Je suis dans les temps. Si je fais quelques poses, j'arriverai probablement à destination vers 17h30 et des poussières. Je mets en route le CD déjà présent dans le lecteur. Ah ! C'est Riders on the Storm des Doors ! C'est ma chanson ! Je monte le volume :
« Riders on the storm Into this house we're born Into this world we're thrown Like a dog without a bone An actor out alone Riders on the storm ... »
Jamais je ne me lasserai de cette chanson.
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Déjà une heure que je roule avec les Doors comme compagnie et je viens de dépasser Nîmes. Je me suis également arrêtée pour prendre quelques photos. Je pense réaliser un album-souvenir de mon voyage.
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À présent, il est 9h58. Une heure de plus vient de s'écouler depuis que je suis partie. J'arrive à Orange et décide de faire une pause sur une aire d'autoroute, histoire de prendre l'air et de désengourdir mes jambes. Je passe aussi aux toilettes et achète une bouteille d'eau. En sortant, du magasin, je constate que l'air s'est rafraîchi et quelques nuages sont apparus. Je commence alors à douter du beau temps de la journée. Tumtitoutitoumtim, tumtitoutitoumtim, tumtitouti... Oh ! Un message. Je sors mon téléphone de ma poche :
De : Sarah Rouget A : Laure Finley
Salut Laure ! Alors, ça y est ? Tu es sur la route ? Tu aurais pu attendre que je vienne te dire au revoir ! :'( Tant pis. J'espère au moins que tout se passe bien ^^ Appelle-moi quand tu seras arrivée à Strasbourg ♥
PS : fait gaffe aux pervers XD
Gros bisous <3
Sarah
C'est vrai qu'elle voulait me donner un truc ! Tant pis, comme elle l'a dit. Je lui réponds et reprends le volant.
Durant les 2 heures suivantes, le trajet se fit dans le calme. Je croisais de moins en moins de voiture mais le temps, lui, ne cessait de se détériorer. Les quelques nuages présents commençaient à prendre une couleur grisâtre qui ne me faisait pas plaisir.
❇ ❇ ❇
Je suis sur l'A7 lorsque j'arrive dans le chef-lieu de la région Rhône-Alpes : Lyon. Une nouvelle pose n'est pas de refus. Je gare ma voiture dans le petit parking d'une nouvelle aire d'autoroute. Je prends mon sac et mon appareil photo puis regarde ma montre : 12h10. En même temps, mon ventre fait un drôle de gargouillis. Mon estomac a répondu avant moi : j'ai la dalle ! J'entre dans le restaurant de l'aire, commande une salade composée avec une bouteille d'eau et m'installe à une des seules tables libres. En effet, beaucoup de personnes discutent tout en mangeant, d'autres préfèrent être rivées sur leur téléphone portable. Le brouhaha incessant de ce lieu me met mal à l'aise. Il est rare que je côtoie ce genre d'endroit, surtout s'il y a la foule. Je me rends compte que j'ai oublié de prendre des couverts. Je me lève et j'emprunte un couteau et une fourchette mis à disposition, puis retourne à ma table. Une télé fixée au mur donne la météo de la journée. D'après elle, la pluie n'atteindra l'est de la France que tard dans l'après-midi. Je me dépêche de finir mon repas avant de sortir. Je ne pouvais vraiment pas rester à l'intérieur une minute de plus. Je déteste être enfermée dans un espace clos. Encore plus lorsqu'une trentaine de personnes sont avec moi. Je respire une bouffée d'air frais, puis regarde le ciel. Même si les nuages ne se sont pas dissipés, des halos de lumière tentent de percer les nuages. Le soleil est sûrement juste derrière. Je porte mes mains au niveau de ma poitrine mais celles-ci se referment sur du vide. Je baisse la tête : mon appareil photo ! Je ne l'ai pas ! Mon mode panique s'active aussitôt. Où est-ce que j'ai bien pu le laisser ?! Je ne vois qu'une réponse : le restaurant. Je fais immédiatement demi-tour sans penser que je fonce droit dans le lieu que je hais au plus haut point. Une fois à l'intérieur, je cours jusqu'à ma place et regarde les alentours en quête de mon objet le plus précieux. Pour moi, c'est comme si je venais de perdre la prunelle de mes yeux. J'ai beau chercher, il est introuvable. Je questionne alors la femme à qui j'ai demandé ma salade un peu plus tôt. Celle-ci a une belle chevelure rousse ondulée, qui retombe sur ses épaules :
- Excusez-moi, vous n'auriez pas vu un appareil photo près de cette table ? Je lui montre ma place d'un geste de la main. C'est un Canon gris.
- Non, je pense que je m'en souviendrais, me répondit-elle après quelques instants de réflexion. Mais vous pouvez aller voir du côté de la caisse, nous regroupons les affaires que nos clients oublient. Venez, je vous accompagne.
Je lui emboîte le pas jusqu'à une petite pièce où, effectivement, se trouvent toutes sortes d'objets perdus. Je vois des sacs à main, des paires de lunettes, quelques écharpes (celles-ci doivent être là depuis un moment) mais également deux portefeuilles, des chapeaux et trois téléphones. Même des vestes ont été oubliées. Je fouille dans les sacs, sur les étagères, mais en vain. Je sens les larmes me monter aux yeux. C'est la première fois que je ne sais pas où se trouve mon appareil. Mais il ne faut pas que je me mette dans un état pareil ! Surtout devant l'employée. Je me frotte les yeux d'une main puis m'adresse à la femme :
- Non, il n'y est pas. Ma voix trahit ma tristesse et je jure intérieurement contre moi-même.
- Je suis désolée. Vous pouvez peut-être me laisser votre numéro au cas où quelqu'un le rapporterait plus tard ?
- Ce n'est pas la peine. Je ne reste pas dans les environs. Mais merci.
- Dans ce cas, je vous raccompagne dans la salle principale.
Je suis effondrée. Je sais que la plupart des gens ne se mettraient pas à pleurer pour un appareil photo mais moi, apparemment, je ne suis pas comme la plupart de ces gens. Désemparée, je remercie une fois de plus la femme rousse d'une voix lente et me dirige vers la sortie.
Un bruit attire mon attention. Celui d'une chaise que l'on pousse pour se lever. Un homme aux cheveux grisonnants, costard cravate noirs, assez grand, commence à sortir du restaurant, un sac en tissu dans la main gauche. Il ne m'adresse pas un regard et a l'air pressé. Mon cœur fait un bond dans la poitrine. C'est lui ! Je suis persuadée que c'est lui qui a mon appareil ! Même si je n'ai aucune preuve contre ce dernier, je lance :
- Monsieur, attendez !
Comme je le pensais, il s'est reconnu à la mention du « monsieur » et accélère le pas. À présent, plus aucun doute, mon appareil est en sa possession. Je me lance à sa suite vers le parking. Je le suis du regard, tout en courant après lui. Il se dirige vers une Peugeot rouge, certainement la sienne. Je l’interpelle à nouveau :
- Monsieur, attendez ! Je dois vous parler !
Mais il fait la sourde oreille. Je n'ai pas le choix, même si je sais combien il est plus fort physiquement que moi, je l'attrape par le bras et demande essoufflée :
- S'il vous plaît... répondez-moi quand je vous parle.
L'homme ne se débat pas, à mon grand étonnement. Je n'ai pas encore eu l’occasion de voir son visage mais j'ai la ferme intention de le découvrir :
- Que transportez-vous dans votre sac ? Est-ce vous qui avez volé mon appareil photo ?
Pas de réponse. L'homme se contente de rester là, sans bouger. Je remarque qu'il resserre sa main qui tient le sac, jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent.
Qu'est-ce que je fais ? Jamais je n'avais interpellé un homme de cette façon, et encore moins saisi au bras quelqu'un d'une façon aussi brutale. Cependant, je suis certaine qu'il voit de quoi je parle. Je lui repose la question :
- Répondez-moi bon sang ! Je vous ai demandé ce que vous transportiez dans votre sac ! Il faut que je sache !
- … Regardez par vous-même...
Enfin ! Une réponse ! Il me tend son sac que je m'empresse d'ouvrir. À l'intérieur, se trouve un portefeuille, des stylos, quelques papiers de couleurs froissés, des chewing-gums à la menthe, un carnet et ce que je cherche : la prunelle de mes yeux.
Je relève doucement la tête. L'homme n'a pas bougé et me fixe du regard.
- Pourquoi... avez-vous fait ça ?
- … Pour attirer l'attention d'une certaine personne.
Je ne comprends pas sa réponse. Mais je m’aperçois d'un autre détail : je connais cette voix. Une voix grave, légèrement sifflante et pas très forte. Cette voix, elle me réveillait le matin, m'aidait à m'endormir le soir, me félicitait lorsque j’accomplissais un exploit, me réprimandait lorsque je faisais une bêtise, mais par-dessus tout, cette voix ne cessait de me dire qu'elle m'aimait.
- …P... pa... papa ? Dis-je d'une voix tremblotante.
Un sourire se dessine sur le visage de l'homme et je sais que je viens de dire le mot qu'il attendait. Sans vraiment savoir pourquoi, je lâche le sac qui tombe sur le goudron du parking puis me jette dans les bras de mon père. Il me rend mon étreinte. Son corps est chaud et apaisant. Comment ai-je pu oublier cette sensation de sécurité ? Nous restons enlacés un moment avant de s'écarter l'un de l'autre. Je suis un peu embarrassée. Cela me fait tout drôle de le voir là, devant moi, alors qu'il n'avait pas donné une seule nouvelle depuis son départ. Je n'ose pas vraiment le regarder dans les yeux, mais lui, a l'air de m'observer de la tête aux pieds, comme si j'allais disparaître d'un instant à l'autre. Je ramasse le sac en tissu, prends mon appareil photo et le place autour de mon cou. C'est mon père qui brise ce silence qui dure :
- Mais... que fais-tu à Lyon ? Tu n'es plus avec ta mère ?
- Maman... je ne sais pas vraiment où elle se trouve. Elle m'avait confiée à sa sœur, mais depuis sa mort, il y a maintenant trois ans, je vis seule dans une maison en bois, près de Montpellier.
Étonnamment, je parle de ma mère et de ma tante sans que les larmes ne me submergent. Je pense que j'ai enfin fait mon deuil de mon passé. J'arrive à en parler normalement et je sens de la fierté passer dans mon corps.
- Je vois... dit-il d'une voix fatiguée.
- Et toi ? Oncle Scott m'a pourtant dit que tu étais à Strasbourg, tu as déménagé ?
- C'est vrai que j'étais à Strasbourg mais j'y demeure encore. Pour tout te dire, j'ai retrouvé une amie d'enfance et nous avons repris contact. Elle habite à Valence en ce moment mais je suis venu la chercher afin qu'elle... qu'elle vienne vivre avec moi à Strasbourg.
Alors il avait retrouvé quelqu'un. Une amie d'enfance. Est-ce que maman la connaissait ? Est-ce qu'ils étaient amis tous les trois dans le passé ? Je ne pense pas que ce soit le moment propice pour lui poser ces questions. J'aurais dû m'y attendre. J'ai à présent vingt et un ans, cela fait donc maintenant onze ans qu'il a quitté la maison familiale. Il a largement eu le temps de refaire sa vie, mais, je reste malgré tout un peu sous le choc.
En n'entendant pas de réponse de ma part, il poursuit :
- Tu sais, je suis vraiment heureux de te revoir. Je voulais venir te voir à Montpellier mais à chaque fois que j'y pensais, je n'avais pas le courage d'y aller. Je suppose que j'avais peur. Peur que tu me détestes, peur que tu ne veuilles plus me voir, peur que tu m’aies oublié, mais surtout, peur qu'il te soit arrivé quelque chose. Et là, en te voyant, tous ces sentiments se sont évaporés. Je sais que tu vas bien, et c'est le principal. Je suis prêt à penser que tu ne me pardonneras pas mais je peux t'assurer que chaque jour qui passait, je pensais à ma petite fille. Je n'ai jamais cessé de t'aimer et de vouloir ton bonheur...
Devant cette confession, je reste à nouveau sans voix. Alors comme ça il voulait mon bonheur. J'ai beau chercher, je ne vois vraiment pas comment j'aurais pu être heureuse avec le souvenir d'un père parti du jour au lendemain, sans même un « au revoir » ou bien un mot. Un sentiment de colère s'empara de moi. Je lève enfin la tête et le regarde dans les yeux :
- Comment oses-tu dire une chose pareille ?! J'ai attendu onze ans ! Onze ans ! Et tu me dis que tu voulais mon bonheur ?! Je ne te comprends vraiment pas. Pourquoi...pourquoi nous as-tu abandonnées, maman et moi ? Pourquoi nous n'avons jamais eu de tes nouvelles ? En venant à ta rencontre, la pensée que tu ne sois plus de ce monde n'arrêtait pas de me hanter. Mais je gardais espoir ! Je voulais savoir où tu étais !
J’éclatais en sanglots, sans pouvoir me contrôler. Mes paroles étaient à peine compréhensibles à cause de ma respiration saccadée. J'étais vraiment furieuse contre lui, et les larmes que j'essayais tant bien que mal de refouler pendant toutes ces années jaillissaient d'un coup. Épuisée par tous ces sentiments, je tombe à genoux, aux pieds de mon père. Celui-ci s'agenouille à son tour et se met à me caresser le dos d'une main. Je perçois ses larmes qui coulent autant que les miennes. Lorsqu'il m'enlace à nouveau, je ne le repousse pas. Je n'en ai pas la force, ni l'envie. À ce moment, il me faut juste du réconfort.
- Désolé... je suis désolé...
Ces mots ne me touchent pas. Enfin, au début. Mais mon père les prononce inlassablement, comme si ces paroles étaient une berceuse. Petit à petit, les larmes et les sanglots se font plus rares. Cette berceuse me calme vraiment. À présent, je sais que mon père me surprendra toujours, quoi que je fasse. Il trouvera les mots qui me touchent au plus profond de mon être. J'enroule mes bras autour de mon père et réponds :
- Merci... merci d'être là pour moi.
❇ ❇ ❇
1 mois plus tard
Le jour s'est levé depuis longtemps mais je viens tout juste d'entrouvrir les yeux. J'ouvre mes volets et observe la ville de Strasbourg. L'air est frais, le ciel bleu, le soleil lumineux. Ce sera une belle journée.
- Laure ! Viens manger !
- J'arrive Carole !
On dirait que je ne suis pas la seule à m'être levée un peu tard, il est déjà 9h57. Je sors de ma chambre et me dirige vers la cuisine. La table est mise. Ma belle-mère s'est déjà installée, et je m’empresse d'en faire autant.
- Alors, qu'as-tu prévu pour aujourd'hui ? demande Carole d'un air curieux.
- Je dois écrire une lettre à une amie. D'ailleurs, je pense que ça me prendra la matinée.
Elle acquiesce. Je mange mes tartines et mon thé en vitesse avant de mettre la vaisselle sur le comptoir puis je demande :
- Sais-tu où est papa ?
- Ah, il est sorti, dit-elle avec un sourire. Il devait prendre l'air.
-Prendre l'air ? Mais pourquoi donc ?
Carole me regarde avec un regard que je ne connais pas. Ces yeux pétillent. On pourrait croire qu'ils sont remplis d'étoiles.
- Tu vas devenir grande sœur !
La nouvelle me fait comme un électrochoc. Quoi ? Carole attend un enfant ? Mais c'est super ! J'avais toujours rêvé d'être un jour une grande sœur. Je suis folle de joie. Embarquée par l'émotion, je cours dans les bras de ma belle-mère et l'embrasse. Pas besoin de mots pour exprimer ce que je ressens.
- Il faut faire une photo !
Aussitôt ces paroles prononcées, je cours chercher mon Canon gris (non, je ne l'ai toujours pas changé) et reviens dans le salon. Papa est rentré et je lui lance :
- Papa, installe-toi sur le canapé ! On va faire une photo ! Carole, viens aussi !
Ils s'exécutent. Je place l'appareil sur un meuble acajou, appuie sur le bouton à retardement, et m'empresse de les rejoindre.
« Ouistiti ! »
❇ ❇ ❇
3 jours plus tard
Il est presque midi lorsque je prends les clés de la boîte aux lettres et sors de la maison pour aller chercher le courrier. En ouvrant la boîte verte ayant la plaque « Sarah Rouget », je découvre une enveloppe bleu pâle qui m'est adressée. Elle vient de Laure ! Je me dépêche de rentrer, de déposer la pub et les factures sur la table de la salle à manger puis monte les escaliers quatre à quatre, ouvre la porte de ma chambre et la referme aussitôt. Je saute sur mon lit et entreprend d'ouvrir l'enveloppe. Je tiens un beau papier couleur ciel entre les mains. Je parcours les lignes des yeux. C'est bien l'écriture de mon amie.
Ma chère Sarah,
désolée de ne pas t'avoir donnée de nouvelles plus tôt. Pour tout te dire, je suis enfin arrivée à Strasbourg mais pas dans les conditions que j'imaginais. Pour les explications, je ne vais pas y aller par quatre chemins, je sais que tu ne supportes pas ça.
J'ai retrouvé mon père. Mais il n'était pas seul. Enfin, il allait chercher une amie d'enfance avec qui il avait l'intention de vivre. Je peux te dire que ça m'a fait un choc. Mais en rencontrant Carole, j'ai tout de suite su que je m’entendrais vraiment bien avec elle. Elle est gentille, attentionnée et sait parfaitement bien qu'elle ne remplacera pas ma mère. Néanmoins elle fait tout son possible pour prendre soin de moi.
À ce jour, je vis avec eux à Strasbourg, mais je ne compte pas rester. Du moins dans la même maison. Je sais qu'ils ont besoin d'intimité et de toute façon, je veux vivre dans ma propre demeure. Seulement voilà ; j'ai trouvé une agence qui apprécie mes photos et aimerait que je travaille pour eux. Je pense accepter la proposition. J'ai toujours voulu travailler sur ce que j'aime faire. C'est une occasion unique. Tu l'as donc sans doute deviné, je ne reviendrai pas tout de suite à Montpellier.
Cependant, j'aimerais que tu ne m'oublies pas et que nous restions encore amies. Je te promets de venir te rendre visite pendant les prochaines vacances d'été.
Jusqu'à présent, tu as été ma seule amie et je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. Je peux t'assurer que là où je suis, je suis heureuse. Même si tu me manques atrocement, je sais qu'un jour prochain, nous nous retrouverons.
Je n'arrête pas de parler de moi mais toi, tu vas bien ? J'espère que j'aurais une réponse de ta part et que nous pourrons communiquer malgré la distance.
La photo jointe est une de celles que je préfère. Elle date de notre entrée au collège mais je n'ai jamais cessé de la regarder. C'est nous deux devant notre nouvel établissement. C'est ce jour-là que je t'ai dit que je ne t'abandonnerais jamais et tu m'as répondu : « Y a intérêt ! » À l'époque, je ne pensais pas que ce jour me marquerait autant. Aujourd'hui, je pense le contraire.
Tu sais quoi, la vie est faite de tas et de tas de surprises. J'en ai fait l'expérience et si on me demandait si je voudrais modifier le passé, je ne prendrais même pas la peine de répondre, je continuerais mon chemin. Parce que je pense que chaque seconde mérite d'être vécue. Même si on croit que certaines d'entre elles ont été gâchées, il y en a des centaines d'autres qui nous ont donné le sourire. C'est pour ça que j'aime tant prendre des photos. Les photos capturent les secondes que l'on ne veut pas oublier, les secondes qui nous ont fait rire, rêver, peut-être même pleurer. Mais dans tous les cas, ces photos sont remplies de souvenirs et de nostalgie qu'il faut conserver très précieusement. Oui, je te parle bien de ces bouts de papier où des personnes, des paysages figurent. Ces bouts de papier représentent ton existence, ta vie. Alors, prends soin de cette photo et regarde là à chaque fois que tu en ressens le besoin.
Date d’inscription : 09/11/2013 Messages : 4915 Puf : caspian Rang EÉF : Légende Âge : 26
Nuage de Léopard
Félin Légendaire
Lun 4 Aoû 2014 - 15:04
▬ Héautontimorouménos
Spoiler:
J'aurais voulu aller là où les rues n'ont pas de nom. Être un héros. Me faire un nom. Un nom. J'aimerais être capable de porter le mien. Encore parfois je me demande s'il m'est bien attribué.
Mon verre de whisky était à nouveau vide.
La pendule affichait dix-neuf heures et cinq minutes. Cinq minutes. Cinq fois soixante secondes. Une seconde, en soit, ce n'est pas bien long. Mais, à force de les additionner les unes aux autres... On devient las. Et je suis las. Las d'être seul, chaque jour. Ce n'est pas si déplaisant que ce que l'on peut imaginer, de vivre seul, je dois l'avouer. Je ne suis pas obligé de cacher les bouteilles de l'alcool avec lequel je me noie quand je ne trouve pas le sommeil. Je peux laisser voler les feuilles de mes diverses inventions écrites, toutes plus ratées les unes que les autres à mon goût. Le même CD tourne depuis des semaines, je n'en connais même plus le nom, à vrai dire il me sert plutôt de fond musical afin de combler le vide. Personne n'est là pour me dire que je cuisine mal ; de toutes façons, je ne mange pas énormément. Parfois du pain. Mais je préfère boire. J'expose quelques bouteilles de whisky avec fierté le long de chacun de mes meubles. J'aime énormément le whisky, tout comme j'aime lire du Baudelaire, mais, par dessus tout, j'aime écrire. Écrire.
Savez-vous ce qu'est écrire, réellement ? Oh, pour vous, écrire est bien trop vaste. Prendre un crayon, n'importe lequel, que ce soit le plus vulgaire crayon de papier au magnifique stylo plume. Quoi que, non, ce stylo plume là vous a coûté tellement cher que vous ne l'utilisez même pas. Passons. Ensuite, vous prenez un bout de papier, ou parfois même, du carton, ou n'importe quelle autre substance sur laquelle adhère la matière qui vous aidera à tracer divers mots et dessins. Non ! On n'écrit pas sur une simple feuille, pardi ! Vous allez marquer un numéro de téléphone, une adresse, un coeur ridicule pour la demoiselle dont vous êtes amoureux. Mais tout ça, vous ne l'écrirez pas. Je vous parle d'écrire, écrire réellement, avec votre coeur. Quand vos mots soigneront les maux de ceux qui vous liront. Quand votre encre aura la couleur de votre âme. Quand votre douleur sera aussi amère que le verre de whisky pur que vous buvez pour passer votre mal. Quand vos sentiments seront tellement clairs, profonds, réels, que personne ne pourra dire qu'il aura compris votre souffrance, car elle n'est propre qu'à vous même, et seul vous pouvez l'écrire. C'est de cela que je parle. Écrire, c'est un voyage. C'est mental. C'est dans la tête. Dans le coeur. C'est votre âme qui traverse vos plus profondes émotions.
Alors j'écris. Tous les jours. Des sérénades, des poèmes, des nouvelles, et, parfois, j'essaie vainement de trouver une histoire assez digne d'intérêt pour en faire un roman de qualité. Mais faut-il savoir traduire ses idées en mots.
En ce samedi soir de décembre, il est à présent dix-neuf heures et trente sept minutes. Le temps passe plus vite, lorsque l'on est en pleine réflexion. Je décide alors de me resservir un verre de whisky ; peut-être cela m'aiderait à donner des noms à mes démons. Je saisis un cahier encore vide, dans lequel mes idées n'ont pas encore éclos. Et je pars. Je pars au plus profond de moi-même, là où les monstres se cachent. Je n'ai plus aucun mal à décrire ces sensations dignes des plus grands mélancoliques. L'inspiration me vient alors d'elle même. Et j'écris divers mots. Les pages se noircissent, je griffonne parfois quelques expressions mal employées, même si elles sont rares. Je fais danser la plume, elle gratte contre le papier, laissant derrière elle des traces noires, si gracieuses, si délicates, telles des danseuses. Elles illustrent ma douleur à merveille, si bien que, sans les lire, je pourrais la deviner. Ah, c'est magnifique... Écrire... C'est le plus beau des médicaments. Dans ma tête, tout tangue, c'est merveilleux, c'est comme si je venais de prendre quelques grammes de cocaïne. Je suis euphorique.
Mais le bonheur... Comment peut-il être décrit ? Comment ? Comment décrire ces émotions qui, elles aussi, nous tordent les entrailles, nous donnent la nausée, nous font parfois même pleurer, mais avec un sens totalement différent ? Tout oppose le bonheur et la mélancolie, si ce n'est leur symptômes et le fait que ce soient tous deux des excès émotionnels. Mais je n'ai jamais écrit au sujet du bonheur. Mes textes pleurent pour moi, hurlent pour moi, mais ils n'ont jamais sourit. Jamais.
Je suis bloqué. Ca ne marche plus. Je n'arrive plus à écrire. Le bonheur. C'est bien trop dur. Que dois-je faire ? Je ne sais pas. Cela me met hors de moi. Je ne peux pas ! Moi, amoureux des mots, victime des maux, je ne peux pas mettre de phrases sur la joie ! L'euphorie ! Et comment voulez-vous que j'écrive, si je ne peux parler de telles émotions ? Comment ?!
Je me lève, envoyant alors valser mes mots bien aimés. La dernière page se résume à des tâches. Je n'y arrive pas, et ça me rend fou. Je dois boire un autre verre. Je vide la bouteille. Jamais écrire ne m'avait rendu ainsi. Je me retrouve face au bonheur, que je n'ai jamais connu. Et je me sens plus mal que jamais. J'ouvre une autre bouteille. Un verre pour le départ. Un deuxième verre pour l'inspiration. Un troisième verre parce que je voyage avec mes mots, et c'est beau. Un quatrième verre pour trinquer avec mes démons. Un cinquième verre parce que l'inspiration me nargue. Un sixième verre parce que je n'y arrive plus. Un septième verre, je suis encore vivant, ça m'insupporte encore plus, je n'ai toujours pas trouvé les mots.
J'allume une cigarette, mais je peine à tenir debout. Ca me rend fou ! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Je me tape la tête contre un mur. C'est trop perturbant. Je ne peux plus. Mais le pire c'est que je n'arrive pas à arrêter ça. Je suis parti bien trop loin, et je ne sais pas quand est-ce-que je pourrais revenir. Je suis perdu dans les abysses de mon propre enfer, au plus profond de moi. Alors j'ouvre une autre bouteille. Et je bois à ce voyage infini.
▬ Nuage de Coccinelles
Spoiler:
25 juillet 2004
« Le magazine National Geographic place la Gaspésie comme l'une des 20 meilleures destinations à visiter au monde. Seule région choisie au Canada, la Gaspésie se retrouve parmi des destinations reconnues telles que l'Italie, le Japon, la Grèce, l'Alaska et la Tunisie. » Du moins, c'est ce que dit la brochure! Et oui cher journal, aujourd'hui, les Vaillancourt quittent leur nid pour les immenses paysages et le grand air de la Gaspésie. Encore là, je ne me fis qu'à ce petit bout de papier. Mon père semble croire dur comme fer à ces informations. Pour ma part, je suis sceptique. J'ai beaucoup de difficulté à m'imaginer un voyage amusant et excitant. Cela ressemble plus à une simple sortie en famille qui prendrait beaucoup (plus énormément) de temps pour se rendre à destination...Mais je suis sûre que tu te fous de tout ça M. Journal. Alors je vais arrêter de m’apitoyer sur mon sort. Après tout, c'est toujours mieux que de rester à la maison sans rien faire... Enfin... On verra si cela a valu la peine une fois que nous serons revenus de notre « excitante » aventure.
Donc, comme je le disais, passons les détails des quelques grandes villes que nous avons traversées afin d'arriver à destination. Le VRAI voyage commence au moment où nous passons le panneau nous souhaitant la bienvenue en Gaspésie. C'est tout juste avant cette ligne d'arrivée que toute la famille s'est réveillée (sauf le conducteur comprends moi bien Journal!). Mon père, ma mère, ma sœur et moi pouvons donc profiter pleinement du fabuleux paysage qui se dresse droit devant nos yeux. Peut-être que notre périple ne sera pas fantastique, mais au moins le décor en aura valu la peine. Des champs à perte de vue. Voilà ce que je vois. Le mélange de toutes ces couleurs à cause des différentes cultures est si saisissant et si parfait que je me croirais dans un tableau d'un grand peintre. Le ciel lui est si bleu et pur qu'aucun nuage ose venir gâcher le portrait. La température est plus-que-parfaite. Le soleil est bien accroché au ciel et radieux comme il l'est rarement par chez moi. Et le vent. Que dire du vent. Il n'est ni trop fort, ni trop absent. Il vient caresser les champs et nos visages par la même occasion en passant par les fenêtres de la voiture que nous avons ouvertes pour faire le plein de tout cet air pur.
Désolée Mister Journal, pas grand chose de palpitant à te raconter concernant l'arrêt que nous avons fait la la station touristique à part peut-être que nous avons fait un achat très très très dispendieux. Tiens toi bien..... UNE CARTE! 3 dollars et 25 cents pour être précise, ouf on pourra pas manger pendant une semaine. Bon, assez les blagues. Je te laisse encore un moment, nous nous rendons à l'hôtel pour la nuit. S'il se passe quelque chose je te préviendrai promis.
26 juillet 2004
De retour dans notre voiture pour la journée numéro deux cher Journal! Ce matin, nous sommes allés voir le Rocher Percé aux aurores afin de voir le lever du soleil dans cette destination paradisiaque. C'était simplement magique, je ne peux simplement pas te l'expliquer. Voir cette immense boule de feu au travers de cet endroit forgé par une nature exécrable c'est un moment inoubliable pour moi. La tête pleine de belles images, nous rembarquons dans l'auto. Sais-tu ce que j'ai réalisé Journal? La Gaspésie est un endroit où il faut que tu fasses corps et âme avec l'automobile. On est TOUJOURS dans une voiture. Mes parents regardent un peu la carte et nous sommes repartis pour un autre deux ou trois heures de route pour le prochain site touristique... Qui dit route dit sommeil pour les Vaillancourt. Pour une raison que j'ignore, tous les membres féminins de notre famille s'endorment instantanément lorsque nous faisons beaucoup de chemin en voiture...
L'auto se secoue. Nous avons heurter quelque chose. C'est un réveil un peu brutal à vrai dire. Soudainement, une odeur nauséabonde inonde la voiture. Je la reconnais tout de suite. Une MOUFETTE. La famille en entier se pince le nez de dégoût. Nous tentons tous de ne pas respirer, du moins, le moins possible. C'est carrément dé-goû-tant. Ma mère tente de trouver le lave-auto le plus proche sur la carte, mais n'arrive pas à s'y situer. Mon père suggère qu'elle la tient peut-être à l'envers et parle carrément à un mur de brique. Sa blague, elle ne la trouve pas très drôle apparemment. Remarque, c'est comme d'habitude. Soudainement, la vraie raison à ce pourquoi elle ne trouve pas de lave-auto est que nous sommes perdus. PERDUS! Je regarde l'heure. Cela fait maintenant quatre heures que nous roulons. QUATRE HEURES! Cela veut dire que cela fait minimum une heure que nous avons dévié du droit chemin. Nous lançons toutes une reproche au conducteur pour lâcher notre frustration. Il admet ne pas avoir voulu réveiller maman lorsqu'il n'était pas sûre de quelle direction prendre il y a une heure. ET MERDE! Nous sommes perdus et nous sentons comme une poubelle radioactive ambulante...
Lorsque ma mère finit enfin par retrouver notre chemin sur la carte, elle localise un lave auto tout près. Au moins, nous allons sentir bon avant de reprendre la BONNE route. Nous allons avoir perdu un bon 2 heures pour rien, mais nous n'allons plus empester! Du moins j'espère...
« Oh oh », s'exclame mon père.
Quoi encore?! Nous sommes presque rendus au lave-auto quand mon père dit ça. Du genre qu'on le voit au loin.
« Nous n'avons plus d'essence. »
Décidément Journal, ce n'est pas le genre de voyage palpitant que j'avais souhaité. Oui il y a eu des rebondissements, mais j'aurais aimé en avoir de différentes. Des péripéties POSITIVES à raconter à mes amies. Et bien, il y a tout de même une leçon à retenir : si vous prévoyez vous perdre et frapper une moufette dans la même journée, ce n'est pas le temps de négliger le réservoir à essence. Bref, je te laisse cher journal. Le reste de la journée se passera sur la route, à regagner l’hôtel. Finalement, la Gaspésie c'est vrai que c'est magnifique. Le voyage en vaut la peine pour ses paysages grandioses, mais nous passons toutes nos journées en voiture. La brochure n'avait donc pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus...
Hop, tous les textes sont là. Vous avez jusqu'au 11 août inclus pour vous décider ♥
Date d’inscription : 09/11/2013 Messages : 4915 Puf : caspian Rang EÉF : Légende Âge : 26
Source aux Fées
Félin Mythique
Lun 4 Aoû 2014 - 15:42
Tous de superbes textes, mais j'ai fais mon choix. A voté !
Date d’inscription : 20/07/2013 Messages : 5329 Puf : perlouu forever, arno, pillsnpotions. Rang EÉF : Guerrier Âge : 24 Multi-comptes : Source aux Fées (o) Nuage Nordique (r)
Nuage Mortuaire
Félin Légendaire
Lun 4 Aoû 2014 - 16:16
J'ai décidé de voté pour Majesté, car avec elle j'ai tout simplement voyagé, j'ai pu fermé les yeux et m'imaginer dans son texte, c'était très élaboré et franchement j'ai très aimé, merci de ce moment !
J'ai longuement hésité avec Lionnes et Pluie, alors bravo à vous deux, mais je dois dire que celui de Pluie Torrentielle m'a aussi fait voyagé et j'ai adhéré à son imagination et à la façon d'écrire son texte, bravo à tous les participants pour leurs textes qui eux aussi étaient bien !
Date d’inscription : 03/11/2013 Messages : 1834 Puf : youtoupe Rang EÉF : Guerrier Âge : 22 Multi-comptes : Manifestation de l'Ectoplasme ; Nuage Mortuaire ; Morsure du Cobra ; Le Promeneur ; Crépuscule Gris ; Nuage Spectral
Nuage Symphonique
Félin Légendaire
Lun 4 Aoû 2014 - 16:30
A voté ^^
Ce sont tous de très jolis textes, mais il a fallut faire un choix. J'ai fait le mien ♥
Date d’inscription : 30/06/2014 Messages : 1859 Puf : Drop Âge : 25
Invité
Invité
Lun 4 Aoû 2014 - 17:28
J'ai longuement hésité entre Nuage de Cocci et Drop. Cocci eu l'idée de faire un journal, étant donnée que j'adore les histoire avec journal ben j'ai tout de suite apprécié mais, c'est pas que pour ça c’est aussi parce que on a l'impression que sa c’est vraiment passée que tu a vraiment vécu cette histoire. Drop elle a fait un voyage de famille je dirais, enfin bref on ce sentait vraiment dans l'histoire, il y a tellement de chose a dire... Enfin bref au final j'ai choisi Drop ! :Yepee: Mais Cocci j'aimais bien ce journal ...
Rêve Immortel.
Félin Légendaire
Lun 4 Aoû 2014 - 22:01
De magnifiques textes. <3 J'ai voté pour Majesté. :3 Désolé de ne pas avoir rendu le mien, je n'avais pas le temps...
Date d’inscription : 29/01/2011 Messages : 3458 Puf : Plumy' || Surnoms : Immo pour Maj. :3 // Fan de :3 pour Manip'. :3 // Fan de licorne-chat-dragon pour Ago. :3 Rang EÉF : Guerrier Âge : 26
Esquisse d'un Sourire
Félin Légendaire
Lun 4 Aoû 2014 - 22:31
A voté ! Félicitation aux participants vous avez fait du beau travail mais il faut malheureusement faire un choix. :C ♥
Date d’inscription : 22/09/2011 Messages : 2810 Puf : Melon. Âge : 23 Multi-comptes : NUAGE DU SCORPION ;; NUIT CONSTELLEE ;; ESQUISSE D'UN SOURIRE
Invité
Invité
Mar 5 Aoû 2014 - 11:13
A voté ♥ Tout ces textes sont superbes :3 J'ai voté pour majesté, bravo à tous
Invité
Invité
Mar 5 Aoû 2014 - 13:15
Bravo à vous pour vos textes magnifiques! A voté !
Invité
Invité
Mar 5 Aoû 2014 - 14:02
Tout les textes sont supers. Malheureusement, il a bien fallu faire un choix .. ♥ J'ai également voté. ~
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