Il y a longtemps que je ne suis pas restée seule ici pendant que les autres accomplissent leurs diverses tâches de guerriers ou même d'apprentis, et pourtant je ne devrai pas. Non, je devrai moi aussi aider le clan surtout maintenant que je suis lieutenant, je devrai demander à Etoile de la Biche si une patrouille doit être formée pour partir, mais non. Ma tête tourne, j'ai des nausées, un petit tour chez la guérisseuse ne me ferai aucun, mal mais je préfère rester ici, c'est plus calme et plus reposant. Après un bon quart d'heure, je décide tout de même de sortir, ça va mieux. Un tour dans la tanière du chef pour lui informer ma courte absence et je file en direction d'une rivière histoire de chasser un peu et de me dégourdir les pattes. Le temps est magnifique, un ciel bleu azur parsemé de nuages blanc, pas de vent, bref un temps parfait. Je m'arrête quelques minutes pour réfléchir, c'est rare encore une fois, c'est très rare. Je suis fatiguée ,mais tout de même heureuse, je n'ai jamais été dépressive loin de là, mais en ce moment, je me sens utile et forte. Ca fait du bien. La légère brise fraîche vînt caresser mon pelage, cette fois, je fermais les yeux. J'ai l'impression de ne plus me souvenir de rien, juste, j'imagine, j'imagine mon lendemain, mon futur, peut être qu'une autre bataille aura lieu ici, peut être deux, peut être que tout ce passera bien, on ne sait pas, juste j'imagine.

Parfois se poser quelques minutes ça fait du bien, ça permet de se libérer de ne plus penser à nos soucis, à nos malheurs. D'un côté ça peut paraître égoïste puisque l'on aide pas pendant ce temps les félins au camp se décarcassent à la tâche mais bon... Si je chasse au moins j'aurai été utile non ? C'est donc cela que je fis. Prête, je me mis en quête d'attraper au moins une proie. Collée contre le sol, j'avance sans faire de bruit, donc discrètement. Le doux fumet d'un rongeur me parvînt finalement. En bondissant je heurtais quelque chose de lourd avant de retomber au sol, un félin ? Surprise, étourdie, je me relevais et nettoya vite fait mon pelage bicolore couvert de poussière avant de fixer le matou m'ayant renversé.

La forme sombre que j'avais heurté n'était personne d'autre que Pelage d'Ombre. La femelle aux pattes blanches et aux yeux d'un bleu perçant plongea son regard dans le miens, il était possible de lire en ses prunelles une sorte de pitié, elle avait pitié de moi? Effectivement je devais paraître épuisée mais je n'aime pas lorsque l'on me prend en pitié, je ne suis pas en sucre non plus. Je baissa les yeux agacée, pas vraiment à cause de la guerrière mais plutôt par le fait de paraître impuissante.

- Bonjour Pelage d'Ombre, tu viens chasser? Si oui je peux me joindre à toi?

Le vent se lève, le ciel se couvre et les oiseaux s'envolent histoire de se mettre à l'abri en cas d'éventuelle averse. C'est bien beau de rester là, assise à rien faire, mais les proies ne vont pas venir à nous. Du moins à nous, si la femelle au pelage de jais accepte de m'accompagner. Mes yeux balayent la plaine avant de revenir fixer Pelage d'Ombre. J'attends toujours sa réponse n'étant pas très patiente, l'envie de bouger me fit me lever. Autour de nous le paysage est toujours splendide, des arbres, la rivière possédant une eau transparente et délicieuse, de l'herbe molle et tendre ainsi qu'un ciel bien que légèrement couvert toujours bleu.

- Si c'est oui, nous devrions nous dépêcher il risque d'y avoir un orage.

La femelle se rua sur une souris qu'elle acheva d'un simple coup de patte. Seulement nos deux proies même réunies ne suffiraient pas à nourrir un clan tout entier. le ciel commence à prendre une couleur crème, la nuit tombe petit à petit sur la forêt. Je regarda Pelage d'Ombre qui devait certainement se poser la même question que moi. Elle lança alors d'un ton plutôt posé ces quelques mots :

- Nous avons encore le temps de chasser ?

Ne sachant que répondre, je posa l'écureuil que j'avais encore dans la gueule. Je planta mes griffes dans la terre meuble.

-Je ne pense pas, de plus la patrouille va bientôt partir, nous devrions rentrer.

Je lui adressa un regard qui pouvait ressembler à un signal et j'attrapa ma prise avant de partir en direction du camp du Tonnerre. Prenant bien garde à éviter les branches et les cailloux je me dépêcha de rentrer au camp. Nous n'étions pas bien loin, et il ne nous fut que très peu de temps avant de le rejoindre. Personnellement j'étais assez contente de cette dernière escapade, effectivement nous n'avons pas ramené grand chose, mais au moins j'ai fait la connaissance de la femelle noire à qui je n'avais jamais vraiment adressé la parole. Certes ce n'était pas bien long.

||J'lock.||