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N'est-ce pas beau l'amour ? Cette expérience qui vous comte la vie ? Un premier amour. Comme un premier pas hors de la douceur de l'enfance. Cette période de la vie dont on ressort plus épanouit. Et finalement on comprend quelque chose : Que nous sommes tous aussi semblables les un des autres, que nous éprouvons tous les mêmes sentiments à un moment où à un autre. Mais pourtant nous sommes uniques, aussi unique que chaque feuille d’arbres, aussi unique que chaque grain de sable. Si unique, si semblable dans notre ressemblance. Si banal dans notre originalité. Si bête dans notre intelligence, si ignorant dans notre savoir. Et si horrible dans notre beauté. Nous humains sommes cruels, comme la vie, comme l'amour.

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Le ciel est pourpre aujourd'hui tu sais ? Je pense à toi sous ces cieux vermeils ; je me demande si tu penses à moi aussi. Parfois je me pose des questions. M'aimes-tu autant que je t'aime, est-ce que je te mérite ? Devant tes yeux je veux être tout, la seule que tu désires. Je dois être la meilleure. Et quand je le serai je te mériterai enfin. Je t'aime tellement, qu'importe si tu ne m'aime pas autant, parce que je sais que mon amour ne se perdra jamais. Jamais tu m'entends ? Jamais, je t'aimerais pour l’éternité et jamais mon amour ne s’édulcorera. Le ciel est pourpre tu sais ? Je me demande s'il finira par redevenir bleu. J'aimerais que tu sois près de moi en ce moment, que tu observes ce ciel à la teinte étrange avec moi ; j'aimerais que tu sois près de moi, et comme ça le ciel redeviendra bleu. Et jamais tu ne te détournera de moi. Le ciel est pourpre tu sais ?

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Il pleut. Le jeune homme avance, la capuche de son sweat-shirt gris remontée sur sa tête. Si bien que ses traits sont perdus dans l'ombre. Son regard se perd, Il ne regarde plus que ses pieds, sa tête baissée vers le trottoir. L'eau ruisselle sur le goudron, et les bâtiments tous plus tristes les un que les autres se dressent haut, jusqu'à chatouiller le ciel. Eh bien quel merveilleux temps. Il regarde l'heure. C'est bon il est dans les temps, encore une trentaine de minutes avant que l'avion arrive. Enfin il va pouvoir retrouver Lili ; caresser ses cheveux couleur de feu, plonger ses yeux bleus cobalt dans les siens aux agréables reflets cuivrés. Enfin il pourra saisir ses lèvres, enfin, après plus de trois semaines. Que le temps passent lentement sans elle. Sentir enfin son parfum, passer ses doigts lentement sur sa peau. Prendre son corps frêle dans ses bras, lui dire encore une fois qu'il l'aime. La protéger de tout. D'absolument tout.

Driiiiiiiiiing. Driiiiiiiiiiiiiiiing. Son portable sonne. Il le prend dans sa poche, il espère tant que c'est Lili. Entendre sa voix. Encore une fois. Mais ce n'est pas elle. Un nom est écrit sur l'écran : Emma. La sœur aîné de Lili. Il décroche. Trente secondes passent. Il pleure. Lui qui n'a jamais pleuré de toute sa vie. Ses beaux yeux bleus se remplissent de larme qu'il laisse échapper, elles coulent le long de ses joues, jusqu'à son cou, pour finir par s'écraser sur le bitume mouillé. Par la pluie. Par ses larmes. Il n'avance plus vers l'aéroport. Il ne marche plus le long du trottoir. A cet instant il lui semble que la vie s'arrête. Il raccroche. Laisse tomber son portable par terre. Plus rien n'a d'importance. Il cris. Il hurle. De l'intérieur. Aucun son de franchit ses lèvres, aucun. Son cœur ne veut plus battre maintenant. Il fait demi-tout, repart. Et pourtant il doit se battre, pour Lili. Si elle est encore vivante quelque part, si elle le regarde de là-haut. Qu'importe. Il sera fort. Il s'éloigne. Juste quelques mots en tête.

«-Lili et Iris... Avion... Accident... Morts.»
La Pluie tombe.

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Le ciel est pourpre tu sais ? Les flammes dansent autour de moi. Et maintenant je prie les dieux chaque instant pour te retrouver un jour. J'ai peur tu sais ? Ici je ne vois plus que la couleur rouge du ciel, parfois je ferme les yeux. Je ne veux pas regarder les corps maculés de sang inertes autour de moi. Je crois que si je ne t'aimais pas autant je serai déjà morte. Tu sais, c'est dur de rester ici. J'ai mal, je ne peux bouger. La carcasse de l'avion repose près de moi, et tous ces corps ! Je ne trouve même pas la force de hurler. Je ne sais pas s'il y a d'autres survivants... Oh. Et Iris, Sébastien. Oh, et Iris ! Iris ! Je suis tellement triste, le chagrin me ronge. Je ne peux me résoudre à tourner mon regard vers elle. D'où je suis j’aperçois seulement ses cheveux sales, où la brillance et les reflets couleur de miel n'ont plus leur place. Je ne vois que son dos recouvert de lambeaux. Je ne vois pas son visage.... J'ai si peur Sebastian, j'ai si peur ! Je ne veux pas croiser ses yeux devenus opaque, eux qui étaient si beau éclairant de leur éclat émeraude. Oh non Sebastian, non, je ne peux pas. J'ai tellement peur. Je t'aime. J'espère que le ciel redeviendra bleu, je sais que si tu me retrouve le ciel redeviendra bleu. J'en suis certaine. Car le ciel est devenue pourpre au-dessus de moi tu sais ?

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Assis sur l'herbe. Tout est de sa faute. Il aurait dû savoir la protéger. Il aurait dû lui interdire de partir en voyage avec son amie Iris. Il aurait dû aller avec elle. Il était confronté à un de ces moments de tourment. Le genre où on aimerait retourner en arrière, changer ce qu'il s'est passé. Malheureusement c'est impossible. Ce qui s'est produit s'est produit. Et maintenant il ne peut plus rien faire. Il n'a jamais pu rien faire. Il ne peut qu'espérer. Espérer que par de-là les montagnes Lili vit toujours. Si seulement. Si seulement elle était en vie à attendre qu'il vienne la sauver. Il est tellement triste, la douleur lui enserre les tripes. Les équipes de secours devraient partir plus vide ! Se dépêcher ! Il a tellement peur. Tellement peur qu'on lui annonce que Lili n'est plus de ce monde. Sa vie a basculé en trente secondes top chrono. Ces trente secondes fatidiques où on lui annonce que l'avion de la personne qu'il aime le plus au monde a eu un accident. Pourquoi lui ? C'est un garçon comme les autres. Et justement tout le monde pense que c'est ce genre de choses qui ne peut vous arriver, ce genre de choses qui n'arrive qu'aux autres. Mais cette fois ça lui est arrivé à lui. A lui et à Lili. La vie est si injuste. Si cruelle. Maintenant assis comme il est, les yeux perdus dans les vagues. Il ne regarde plus le jardin où il s'est installé pour s'isoler du reste du monde. Ce jardin où ils aimaient jouer Lili et lui avant. Ça faisait si longtemps qu'ils s'aimaient. Depuis la primaire. C'était la fille qu'il avait toujours aimé. Toujours. La fille dont il était amoureux depuis ses sept ans. Il a mal. Il retient ses larmes. Il se montrera fort. Tu es quelque part à l'attendre. Et dans le cœur d'un homme il n'en faut pas plus pour se mettre à espérer.

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Le ciel est pourpre. Je crois que ce jour sera le dernier. Je n'ai plus beaucoup d'espoir. Ici il n'y a plus rien, tout est mort. C'est l'hécatombe. J'ai beau penser à tes courts cheveux toujours ébouriffés, j'ai beau penser à tes yeux bleus cobalt à ton sourire sincère. Je n'y arrive plus, je n'arrive plus à espérer. C'est trop dur. J'ai faim j'ai froid j'ai soif, et j'ai sommeil. Mais je me refusais à dormir, j'avais tellement peur de ne jamais me réveiller. De ne jamais te revoir. Maintenant je me résigne. Je n'ai plus la force de vivre. Je ne te reverrai donc jamais Sebastian. Ma dernière pensée est pour toi, qui m'attends quelque part, toi que je dois quitter. Le destin nous sépare. Toi que j'aime depuis si longtemps, toi que j'ai toujours aimé. Sois heureux. Le ciel ne redeviendra jamais bleu pour moi, mais pour toi il peut l'être encore. Noir. Inconscience. Mort ?

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Les secours sont partis. Ils vont la retrouver. Ils vont la retrouver. Ils vont la retrouver. Il venait de passer dix heures de son existence assit sur son lit. A se convaincre d'une seule idée : Ils vont la retrouver. Déjà des corps avait été rapatriés. Ils avaient dénombré seulement vingt-sept survivants sur cinq-cent cinquante-cinq passagers. Ça aurait pu être pire. Ça aurait pu être moins pire. Mais il fallait. Il fallait que Lili fassent partie des vingt-sept survivants. Sinon... Sinon... Non il ne valait mieux pas y penser. Si Lili était morte il ne pourrait pas vivre. Jamais. Sans elle. Non, rien que cette pensée le détruisait. Il devait penser positif. Au-delà des montagnes elle l'attendait. Au-delà des montagnes elle faisait partit des survivants. Elle aimait trop la vie pour se laisser mourir aussi facilement. Enfin c'est ce qu'il aurait aimé croire, car chacune de ses pensées était tournées vers une unique image. Le visage de Lili, blanc, mort. Ses yeux noisettes devenus opaques, ses cheveux aux boucles rousses, ternis. Et son esprit dirigé toujours vers les mêmes pensées : jamais Lili ne verra le jour de son vingtième anniversaire, jamais elle ne reverrait le monde, jamais elle n'aurait d'enfant. Jamais elle ne se marierait. Cette dernière le faisait trop souffrir.

Driiiiiiiiiiiiiiiing. Driiiiiiiiiiiiiiiing. Le téléphone sonne. Vite, il sort de sa chambre, s’élance dans l'escalier. Et si ça n'avait rien à voir avec Lili ? Tant pis il fallait qu'il sache ! Dans son cœur se mêle Impatience et appréhension. Et si.... ? Non Lili est en vie un point c'est tout. Arrivé devant le téléphone, en sueur, il le décroche de ses mains moites. Il approche l'appareil de son oreille gauche. Trente secondes passent. Il pleure. Les larmes coulent le long de ses joues, passant par son cou pour finir sur le carrelage. Il crie. Il hurle. Mais pas de l'intérieur cette fois. Pour de vrai. Sa vie a été détruite en trente secondes. Elle vient de se reconstruire en trente secondes. Il va la revoir. Il va la revoir !

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Je me réveille. Je sens quelque chose de moelleux sous mon corps. Est-ce que je rêve ? Suis-je morte ? Douloureusement j'ouvre un œil. Puis l'autre. Ma tête tourne. Je ne vois rien qu'une tâche blanche et flou. Allez encore un effort ! Enfin je vois. Je vois. Une chambre aux murs immaculés. Un lit d'hôpital. Une chambre d'hôpital. Je pleure. Je n'arrive pas à en croire mes yeux. Je suis vivante ! Je suis vivante, vivante ! Un bandage ceint mon front, et mon bras droit me fait mal. Fracture. Mais Iris … ? Une infirmière en blouse blanche entre dans la chambre. Apparemment je n'ai pas grand chose. J'ai de la chance. Elle repart me chercher un peu d'eau et à manger. Quand elle revient elle m'informe et me dit que je suis une miraculée. Le crash a fait 528 victimes. Et Iris... ? Elle secoue alors la tête, désolée. Cette fois je pleure. Oh non pas Iris... Je la connaissais depuis si longtemps elle aussi. Si seulement nous n'avions jamais pris cet avion. L'infirmière essaye de me consoler, me tendant un paquet de mouchoirs. Il est trop tard. Je pleure tellement que je ne la vois pas s'en aller. Quand je m'arrête enfin, résignée, je manque un peu, et je bois beaucoup. Et enfin je m'endors. Sebastian, je vais te revoir, je vais te revoir ! Le ciel redevient bleu !

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Il arrive, impatient. Enfin, après plus de trois heures de vol. Enfin il va la revoir. Enfin. Il en saute de joie. Pressé, il sort de l'aéroport. Le ciel est bleu. Le ciel est bleu Lili !

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J'attends. Sebastian va arriver, il va arriver. Enfin. Quelqu'un frappe à la porte. Quelqu'un tourne la poignée. Quelqu'un entre. Jean, chemise bleue foncée. Sourire sincère, cheveux court sombre et ébouriffés. Je pleure. Jamais je n'aurai cru le revoir un jour. Il arrive près de mon lit. Me serre dans ses bras. M'embrasse. La douceur de ses lèvres sur les miennes. D'un geste rempli de bonheur je passe ma main gauche dans ses courts cheveux. Rien que son odeur pose sur mon cœur comme un pétale sucré. Je l'aime tellement. Je ressens enfin son corps contre le mien. Mes larmes trempent sa belle chemise, Sebastian s'écarte, gardant mes doigts dans sa main. Je tourne mes yeux embués de larmes vers la petite fenêtre. Le ciel est redevenue bleu Sebastian, le ciel est redevenue bleu.