L'HORIZON - n'a pas son pareil ... | | Ven 9 Juil 2010 - 18:32 « Quand la mer étend ses longs bras bleus, L'horizon n'a pas son pareil, Il exauce tous vos voeux, Et vous laisse attraper la soleil. »
. . .
Une silhouette féline apparaît l'espace d'un clignement de cils au travers les bras biscornus d'une vieille souche d'un arbre mort depuis des lustres et donc le bras depuis longtemps fuit par la sève fut balotté par les flots avant de s'échouer sur la plage. Ses racines ayant perdues toute fonction à part la mission de s'élancer entre ciel et terre dans une danse apocalyptique. Un jour, très certainement, le soleil finira de souffler sa chaleur sur cette carcasse de forêt, enflammant le bois aussi sec que le coeur d'un certain félin. Ce même félin qui quelques secondes auparavant reposait encore entre les branches dépourvues de feuilles de ce cadavre d'arbre. Plus petit qu'une panthère, il en a pourtant le regard ... un regard double, un regard trouble ... miroir de son âme dissemblable, ses yeux sont vairons. L'un reflète le bleu profond de l'océan alors que l'autre semble issus des mines les plus profondes des rocheuses qui courrent vers le ciel aux Etats Unis. Oeil d'émeuraude, qui cligne sous la violence des premiers rayons de soleil qui se frayent un chemin entre les quelques nuages. Inspirant profondémment, le puissant mâle plonge ses pattes couvertes de cicatrices dans le sable fraîs. Plaisir enfantin, relique d'une enfance qui semble de plus en plus lointaine. Les grands de sable se déposent entre ses poils noirs, chassant les quelques puces du cocon jusqu'alors plutôt tranquil où elles s'étaient installés ... ce pelage aussi noir que la nuit la plus sombre de l'hiver.
S'extirpant de son refuge aussi fragile que les bribes qu'il a réussis à rassembler de son passé. Songes Eternels a perdu sa mémoire. Songes Eternels n'est plus que l'ombre de lui même. Une fois de plus, il pense à la vision qui s'était imposée à lui lors de son accident, ce dieu des Etoiles, ce guerrier au pelage blanc existe-t-il ou restera-t-il à jamais qu'une vision qui lui souffla son nom au creux de l'oreille ? Rien, ni personne, ne semble pouvoir lui répondre. La rage se remit, comme à son habitude, à brattre de plus en plus fort dans les tempes du mâle solitaire. Une haine, une folie ... contre ce soi disant clan des Etoiles qui l'a bannis de ce qu'il était. Avait-il une famille ? D'autres qui l'aimaient ? Ces questions resteront en suspend.
Des larmes brillants dans ses yeux vairons, le mâle noir leva la tête vers le ciel.
« Je vous maudits. Vous m'avez détruit ... et jamais je ne trouverai la paix, sauf dans la mort des autres. » hurla-t-il.
Ravalant ces larmes indignes de son être, Songes Eternels se mit en marche sans un regard vers l'arrière. Il laissa ses pattes musculeuses le porter de dune en collines, de grains de sables en grains de sable, jusqu'aux flots calmes de la mer. Lui ne réussirait jamais à retrouver le calme, jamais. Il semait la mort. Il semait la tristesse, et sur son passage, de nombreux orphelins naissaient. Combien de fils et filles avait-il abandonné sans un regard ? Sa cicatrice était la marque d'un fils dont il avait croisé la route. La chaire de sa chaire avait eu le courage de lui dire ce qu'il était devenu : une horreure, un monstre qui délaisse sa progéniture. Le jeune enfant qu'il avait conçu était mort dans d'atroces souffrances. Pourtant, dans son coeur, Songes aimait ce fils rebel qui avait réussis à lui dire ce qu'il était. Il l'avait tué ...
Tuer, comme tout ceux qui se dressaient sur son chemin. Son regard vairon se perdit quelques instants dans la comtemplation d'une plume blanche, certainement perdue par l'un des nombreux goélands présents sur les lieux. Aussi blanche qu'il était noir. Symbole de pureté ... il le sut alors, un jour, il retrouverait un fils ou une fille, et il se rachèterait ...
« Entends mon murmure que je te souffle, mon enfant ... je t'attends. » lança-t-il au vent.
L'entendrait-il, un jour ? Quelqu'un approchait, telle une statue de haine, le grand guerrier ne bougea pas. Sûr de lui, de sa force, il attendit que la présence se manifeste à lui. | | | Lun 12 Juil 2010 - 20:23 Une ombre légère se faufilait sans un bruit entre les silhouettes majestueuses de grands arbres.
Des chênes.
Plume de Nuit reconnaissait leurs feuilles si particulières par un simple coup d’œil, de ses yeux vert, teintés de rouge à la lumière de l’aube naissante. L’aube. Signe que le Soleil implacable chasse la nuit et ses étoiles à grand fracas, dans un ciel de rubis. Signe, aussi, du réveil des félins des Clans, et donc, des ennuis, en perspective… Le regard de la guérisseuse ne trahissait aucune émotion. Jamais. Pourtant, sa démarche fébrile soulignait sa nervosité. Comme à son habitude, la jeune chatte était sortie clandestinement du camp, pour aller faire sa cueillette nocturne, et n’en avait miaulé mot à personne. Elle détestait avoir à justifier ses sorties par des discours à n’en plus finir. Tout le monde savait que les plantes qu’elle ramassait étaient essentielles aux félins. Les cueillir ne sollicitait aucune explication, et, malgré toutes les remontrances qu’on puisse lui faire, elle recommencerait autant qu’il le faudrait.
Mais, cette nuit-là, ses malheurs s’amoncelaient comme autant de nuages annonçant l’orage. Elle avait beau avoir fait tous des détours, fureté à tous les endroits marécageux du territoire de l’Ombre, l’herbe qu’elle recherchait était demeurée introuvable. Même son flair aiguisé n’avait pas détecté l’ombre d’une piste. *Bon sang ! La menthe aquatique aurait-elle changé d’odeur en une nuit ?* soupirait-elle. De plus, elle avait mis une patte dans de la crotte de renard, accidentellement. Mais l’odeur pestilentielle l’avait déroutée, et, se fiant bien plus à son odorat qu’à sa vue par cette sombre nuit, elle avait confondu un buisson d’aubépine avec un buisson de genièvre et s’était perdue. Désormais, l’aube était proche, et la chatte un poil noir errait toujours, sans but précis, fatiguée, affamée, assaillie par des questions qu’elle se posait en silence. Devait-elle essayer de rentrer au camp ? Il fallait dire, que, d’habitude, il faisait encore nuit quand elle revenait de sa promenade illicite. Là, elle devrait affronter son Clan tout à fait éveillé. Comment se justifier devant ces félins contrariés, si elle rentrait bredouille, les pattes vides ? Non. Il serait plus judicieux d’attendre encore un peu. Devait-elle se reposer et chasser un peu ? Il ne valait mieux pas non plus. Le gibier n’était pas fréquent, par ici. Et d’ailleurs, elle n’avait pas idée de l’endroit où elle se trouvait. Enfin… Si… Elle avait quelques soupçons, du moins. Ces grands chênes au feuillage épais, rayonnant de santé étaient le signe d’un territoire très irrigué. Aurait-elle franchi la frontière du Clan de la Rivière, par inadvertance ? D’un côté, elle ne donnait pas cher de sa peau, si un guerrier ennemi la surprenait en flagrant délit. Mais, d’un autre, ce serait une occasion en or de trouver des plants de menthe aquatique. Son regard de glace balaye l’horizon.
Tout à coup, Plume de Nuit fut prise d’un mauvais pressentiment. Mais elle avait appris à ne jamais se fier à son instinct. Elle continua son chemin, en songeant. Ses soupçons se renforcèrent quand ses pattes délicates se posèrent sur un sol sablonneux. Oui, elle était bien sur le territoire du Clan de la Rivière.
Son angoisse reprit de plus belle, et elle dut faire un énorme effort pour réfréner son instinct et ne pas se ruer sur son territoire la queue entre les jambes. Non, si elle était un temps soit peu attentive et prudente, il ne lui arriverait rien. Pourquoi avoir peur, tout à coup, de poser une patte devant l’autre, dans cette nature sauvage, sous prétexte qu’elle n’appartenait plus à SON bout de territoire aux frontières bien délimitées « par la volonté du Clan des Etoiles » ? Mais qu’est le Clan des Etoiles, sinon un tas de chats morts reconvertis en astres, que les félins vivants doivent écouter à tout prix ? Sans lui, tout serait bien plus simple. Un seul Clan uni, où les chats vivraient en harmonie, sans avoir de morts sur la conscience…
Malgré sa rêverie, elle sentait au plus profond d’elle-même que cette journée serait forte en rebondissements. Soudain, une odeur caractéristique chatouilla son museau. Plume de Nuit tourna la tête. Derrière une colline, un ruisseau serpentait dans les bois. Sur sa rive, la plante dont elle avait tant rêvé. *Formidable ! De la menthe aquatique !* Toute sa peine envolée et oubliant la prudence, elle se rua pour en couper quelques tiges. La plantes dans la gueule, elle pouvait rentrer sereinement au camp. Enfin !
Mais elle était sans doute trop pressée ou trop peu attentive au paysage qui l’entourait.
Et l’inimaginable se produit.
Euphorique, les pattes courant dans le sable, droit vers la mer, elle manqua de percuter un félin, et freina à grand peine, dans un nuage de poussière. A son odeur, on devinait que le mâle était solitaire. Tant mieux ! Plume de Nuit allait s’excuser quand elle plongea son regard dans le sein.
La guérisseuse au poil noir laissa tomber ses herbes de stupéfaction.
Même si les yeux de l’inconnu étaient vairons (l’un bleu, l’autre vert émeraude comme les siens) tous deux avaient la même intensité dans de regard. De plus, la guérisseuse distingua dans l’odeur de cet autre un peu de sa propre odeur. C’était infime, mais c’était là.
*Flash Back* Tout contre le ventre de sa mère, Petite Plume humait l’odeur du bon lait, dans la pouponnière, et poussait de petits piaulements maladroits :
- Dis, maman, pourquoi papa n’est pas ici, avec nous ?
- Parce que tu n’as pas de père, ma jolie.
- Mais ce n’est pas possible ! Tout le monde a un père. Les autres chatons en ont tous un ! Toi aussi, tu en as un ! C’est dans la nature, d’avoir un père et une mère, non ?
- Que tu es futée, ma petite. Tu seras vraiment intelligente, quand tu seras grande ! Oui, tu as raison, tous en ont un. Mais pas toi. Il n’existe plus pour moi, et donc pour toi non plus. Néanmoins, ne te trompe pas. Le vert représente la souffrance, et le bleu est synonyme d’ignominie et de méchanceté.
- Euh… Maman, ce n’est pas plutôt le noir, la méchanceté, et le rouge, la souffrance ?
- Non, non, ma chérie, le bleu et le vert.
*Fin du Flash Back*
Ce souvenir enfantin lui était revenu comme un songe. Le vert, la souffrance, le bleu, l’ignominie. A l’époque, elle croyait naïvement que sa mère lui apprenait la correspondance des couleurs et des sentiments, dans les prophéties. Mais, maintenant, en dévisageant ce faciès couturé de cicatrices, elle savait :
« D… Désolée… miaula-t-elle après avoir repris son souffle, Je… je ne t’avais pas vu, avec toutes ces plantes devant le visage. »
La petite chatte noire décida d'engager la conversation en se présentant, faignant tant bien que mal l'indifférence, mais le cœur n'y était pas :
« Salutations, je m’appelle Plume de Nuit. Je suis guérisseuse du clan de l’Ombre. Mais toi, qui es tu ? Car je vois que tu n’appartiens à aucun des quatre Clans. »
Malheureusement, elle avait peur de trop bien connaitre la réponse. Sa fourrure était légèrement hérissée, ses oreilles, plaquées sur son crâne. Ses yeux reflétaient une expression horrifiée. C’était la deuxième fois que cela lui arrivait. Par deux fois, son regard exprimé un sentiment, la rendant un peu plus féline. La première étant à la découverte du cadavre de son mentor. La deuxième étant à cette simple constatation : Le solitaire imposant qui se tenait devant elle était son père.
| | | Jeu 15 Juil 2010 - 20:20 « Les yeux vous donnent une version, Que votre coeur et l'esprit arrangeront ... » . . .
[ Superbe Rp, très agréable à lire et qui donne du peps pour y répondre ! ] Faut-il nécessairement regarder les choses en face ? Celui dont la peur glaçe les veines, celui la même qui se terre devant le moindre danger, ce poltron, ce minet, ce poltron minet ... il va fixer l'objet de sa terreur sans bouger un seul poil de son pelage. L'ensemble de ses muscles se figeront. Ses moustaches n'auront plus que des soubresauts nerveux. Ses prunelles s'élargiront au fur et à mesure que la peur coulera à flots ininterrompus dans son coeur attrophié et déchiré. Ne pas avoir peur des autres, se sentir colosse face aux obstacles qui se dressent sur votre route font qu'il n'est plus nécessaire de braquer son regard sur l'inconnu. L'inconnu viendra, il est toujours venu. Osera-t-il attaquer ? Qu'il ose. Qu'il tente même un mouvement brutal et seules les étoiles pourront encore le sauver car les dieux semblent bien seuls face à la colère dévastatrice d'une âme déchirée.
Les oreilles du solitaire frémirent. Ondulation imperçeptible, une onde qui commence du bout des quelques poils qui terminent la courbe de ses appareils auditifs jusqu'aux confins de son cerveau. Il n'a pas besoin de voir pour savoir exactement où se trouve l'inconnu. Chacun de ses pas s'enregistrent à toute vitesse, et s'impriment dans la matière grise de Songes. L'animal semble marcher d'un côté et d'un autre, en marquant des haltes puis les pas s'accélèrent, il court. Aucune hésitation n'est marquée dans le tempo régulier de ses pattes sur le sol sabloneux. Il avance d'une course régulière, il n'est donc pas pressé par la peur, ni très certainement par la curiosité. Malgré tout, l'espace entre chaque pas semble assez court ... pas un chat très grand, certainement pas un mâle ? Peut-être, qu'importe. Le vieux chat noir ferma les yeux, son semblant de tranquillité prendrait très certainement fin dans quelques instants. Allaient-ils se battre ? L'un tuerait l'autre ? Peut-être, certainement même. Pour une fois dans sa vie, Songes Eternels allait peut-être se faire battre par le plus grand concours de circonstance, par un être plus fort que lui, le seul. Les Etoiles le feront peut-être perdre. Beaucoup trop de peut-être, si peu d'espoirs ... que la mort l'emporte, il n'a que faire de la vie.
La plume blanche termina sa course avec le vent. Dans une dernière boucle elle se déposa délicatement au creux d'une vague. Son chemin n'est pourtant pas terminé ... cette couleur si blanche, si pure, rappela au félin sa vision. Ce chat si blanc, ce dieu, ce non-être. Il ne savait qui il était vraiment, ni d'où il venait mais ce qu'il savait, c'est ce qu'il était devenu : un tueur. Sa prochaîne victime allait-elle, elle aussi, le découvrir ?
La statue s'effrite ! Un choc, le chat inconnu ne regardait-il pas où il allait ? A cause de l'impact, Songes fit un bond sur le côté, ses yeux se mirent à étinceller à foudroyant d'un regard de feu l'inconnue ... avec un e. En effet, une superbe chatte au pelage aussi noir que le sien se dressait devant elle. Ses grands et beaux yeux émeuraudes trahissaient de multiples émotions, et l'envol des brins de menthe aquatique de sa gueule jusqu'au sol confirma sa surprise, autant que sa stupeur. Fronçant ses yeux vairons, il la détailla, nota au plus profond de son être chaque détail qui la constituait, ces détails qui s'assemblaient pour former une autre chatte qu'il avait connu par le passé, une chatte qui avait cru quelques temps à son amour avant d'être déçue, le coeur brisé ... S'asseyant posément, le grand mâle replongea son regard double dans l'horizon. Il fallait qu'il s'y attende. Cette chatte, là, se pourrait-il qu'elle soit ... la chaire de sa chaire ?
« D… Désolée… miaula-t-elle après avoir repris son souffle, Je… je ne t’avais pas vu, avec toutes ces plantes devant le visage. »
Comme le marbre, le grand félin noir ne répondit pas aux excuses. La colère qui l'avait envahie faisait place à ... des doutes. Oui, des doutes. Lui qui n'avait jamais douté repensait à ce qu'il venait de souffler au vent. Etait-ce elle qu'il attendait ? Une nouvelle fois, il la regarda, l'observa, chercha à la transpercer de son regard de tueur. Tout lui disait de lui sauter à la gorge et la tuer, là, maintenant et tout de suite. Il serait débarrassé, sa conscience n'aurait que faire d'un rejeton devenu grand, mais quelque chose l'en empêchait. Il voulait entendre sa voix, cette voix qui ressemblait à la sienne, plus aïgue, certes, mais avec les mêmes intonations ...
« Salutations, je m’appelle Plume de Nuit. Je suis guérisseuse du clan de l’Ombre. Mais toi, qui es tu ? Car je vois que tu n’appartiens à aucun des quatre Clans. »
Aucun son ne sortit de la gorge sèche de l'Assassin. Le silence l'enveloppa, et durant quelques instant, il ferma les yeux, tout en acquieçant. Oui, il savait qui elle était. Elle était sa victime, l'une de ses nombreuses victimes. Certaines de ses victimes étaient mortes à cause de lui, elle, vivait à cause de lui ... paradoxale pour le Hors la Loi assoiffé de sang qu'il était. Sans prévenir, il se leva, son corps musclé prêt à bondir selon de son humeur à la gorge de la belle, ou au coeur des flots calmes de la mer. Sans hésiter, il avança ses pattes pour entamer une marche lente et calculée, il lui tournait autour. Ses yeux l'observaient, la transperçaient une nouvelle fois. D'un air impérial, il choisit de faire une halte à ses côtés, plongea ses prunelles dans les siennes et dit d'une voix caverneuses :
« Plume de Nuit, ainsi, c'est ce nom qu'elle t'a choisis. Pas étonnant. Je n'ai pas besoin de me présenter, je le crains. Mais si tu y tiens tant, Petite Plume, on m'appelle l'Assassin, le Tueur ... bien des variantes pour un seul chat, tu ne trouves pas ? annonça-t-il d'un air sacarstique, cependant ... je pense que le nom que tu attends serait Songes Eternels. Tu as bien entendu, petite, Songes Eternels. »
Il n'avait plus aucun doute. Devant lui se dressait dans toute sa beauté sauvage, sa propre fille ... aussi noire que lui, dont la couleur des yeux brillait du même vert que l'un de ses yeux. Leurs sangs n'étaient qu'un. Leurs pensées à cet instant, se rejoignaient certainement ... Plume de Nuit avait pour père un Assassin, tueur qui hésitait encore quand au sort de sa fille. Mais ses pattes pourtant aguerries face à la violence semblaient se figer, un barrière l'empêcher de commettre l'acte ignoble. Un soupçon de bonté, peut-être d'amour paternel, remontait à la surface ... se maudissant de cette faiblesse, le félin n'avait malheureusement pas la force de combattre des sentiments aussi forts que cet amour qui naissait pour la première fois dans son coeur en miette. Le clan des Etoiles choisit pourtant cet instant fatidique pour se faire de nouveau connaître à lui ...
Un cri s'échappa de ses crocs de nacres, un cri effroyable à vous glaçer le sang ... la douleur était de retour, comme si souvent ces temps ci. Douleur incontrôlable, fulgurante et imprévisible, qui lui broyait le cerveau. Ses tempes semblaient prêtes à exploser, le faisant rouler sur le côté, le grand mâle se mit en boule, se mordant sa propre patte dans un réflex naturel pour essayer de concentrer son esprit sur une autre douleur.
Entre deux cris, il maudit comme à son habitude ces guerriers morts qui le tourmentaient et le rendaient si faible, d'un coup, devant sa propre fille ... | | | Mar 27 Juil 2010 - 20:30 [ Bravo pour ta nomination au poste d'admine ( je fais un Rp avec une admine, c'est la classe !) et merci du compliment, mais mes RPs n'arrivent pas à la cheville des tiens... Encore moins celui que tu vas lire, que j'ai remixé, complété, démixé, et qui a fini en pudding informe... Le pauvre ! J'aurais peut-être mieux fait de garder l'original, tout compte fait. Je hais mes longs textes. Bonne lecture quand même... ] Le soleil commençait avec lenteur son ascension immuable, éclairant de mille feux la forêt encore tintée de rosée et les cieux d’indigo. La journée s’annonçait magnifique, digne de cette chaude saison des feuilles vertes.
Jamais Plume de Nuit n’aurait cru contempler un jour aussi prometteur avec autant d’angoisse. Elle, qui, d’habitude, adorait ces journées ensoleillées où l’on pouvait se reposer sur l’herbe tendre, aux senteurs enivrantes, en observant les fleurs parées de leurs plus beaux atours, et en écoutant, aux alentours, les bruissements de la forêt et pépiements des oiseaux.
Mais, à ce moment-là, la guérisseuse n’avait point le cœur à somnoler dans l’herbe. Son esprit était obsédé par une seule présence. Le monde entier se réduisait à ce mâle aux yeux vairons qui se tenait devant elle. Leur fourrure, d’un noir identique, auraient presque pu se toucher. Ce mâle, plus elle le regardait, moins elle y croyait. Ce ne pouvait être qu’une apparition éphémère, qu’un songe, qu’un délire dû à la faim. Mais elle n’avait pas faim. Elle avait comme une boule de fourrure coincée dans l’estomac. La petite chatte cilla et cilla encore, refusant de croire l’inéluctable. Bien sûr, le mirage était toujours devant ses yeux.
Alors elle fut enfin convaincue que ce songe ne s’estomperait pas avec la rosée du matin.
En silence, elle se maudit mille fois d’avoir choisi cette nuit-là pour partir à la recherche d’un peu menthe aquatique. Elle maudit la chatte farouche qu’elle était, elle et son habitude pour les promenades nocturnes. Elle maudit, tant qu’à faire, cette plante dérisoire qu’elle avait été jusqu’à quêter en territoire ennemi. Elle maudit, enfin, l’ennemi si peu scrupuleux de protéger ses frontières. En effet, la guérisseuse aurait sans doute préféré être surprise par une patrouille du Clan de la Rivière plutôt que de tomber (au sens propre comme au figuré) sur lui. Il y a des jours où l’on ne veut pas regarder la dure réalité en face. Et pourtant, elle est plantée devant vous et vous n’y pouvez rien. Ces jours-là, l’on se dit « Quel dommage que certaines plantes n’aient pas la faculté de vous faire revenir en arrière ! ».
Tant pis. Cela serait trop beau. Il faut accepter la vie comme elle vient. Profiter pleinement des instants de bonheur qu’elle nous apporte. Et faire face le reste du temps.
Lutter d’autant plus quand on craint pour sa survie…
Voilà ce à quoi songeait confusément Plume de Nuit en dévisageant ce Solitaire (elle n’osait, en effet, l’appeler autrement) au regard méchant. Elle aurait pu essayer de s’enfuir tout de suite, mais elle avait osé engager la conversation, dans sa première stupeur. Le sort en était jeté. Désormais, elle ne pouvait plus reculer. De toute façon, malgré les multiples dangers, sa curiosité l’emportait. Et elle voulait en savoir plus sur ce félin qu’elle aurait dû connaître mieux que personne, mais qui l’avait sadiquement abandonnée alors qu’elle était à peine sortie du ventre de sa mère trahie.
Celui-ci tardait à répondre. *Ma question n’était pourtant pas bien compliquée !* pensa-t-elle, s’efforçant d’apaiser l’angoisse qui hérissait son échine. Pas un cri de goéland ne venait troubler le silence. On aurait dit que la forêt retenait son souffle. Chaque fraction de seconde semblait durer une éternité. La guérisseuse crut même être devenue sourde. Le mâle décrivit, autour d’elle, un cercle menaçant. Plus que jamais, un étrange sentiment l’étreignit.
La peur.
C’était un sentiment presque nouveau pour elle. Oh, bien sûr, étant chaton, elle avait eu peur des araignées aux pattes trop nombreuses, mais là, c’était bien différent. La guérisseuse se surprit à analyser son adversaire : Carrure imposante, force au niveau des pattes, plusieurs cicatrices, un corps bien découpé qui ne manquait sans doute pas d’adresse. Une vraie machine à tuer. Elle remarqua qu’une petite tâche maculait le pelage du mâle. Etait-ce du sang de chat séché ? Elle frémit. Si un combat devait avoir lieu (et elle sentait au plus profond d’elle-même qu’il aurait lieu), elle aurait une chance infime d’en réchapper. Sa vitesse serait sa seule chance de survie. Et encore. Ses techniques de combat laissaient à désirer. En réalité, elle détestait combattre. Dans les batailles, elle comptait sur la protection des guerriers de son Clan. Ici, elle ne pourrait compter que sur elle-même. Et dans cette peur qui la rendait folle, incapable de réfléchir, incapable de s’enfuir, tout juste capable de combattre, elle se remémorait tant bien que mal les techniques offensives. *Viser son ventre, et protéger le mien, surtout !...* En quelques instants, n’ayant plus rien à perdre, mise à part la vie, la chatte civilisée et fière qu’elle était, était devenue vraiment sauvage.
Pour la première fois de sa maigre existence, Plume de Nuit avait peur de mourir.
Tout ce qu’elle avait tenté de refouler depuis ses premiers printemps ressurgissait d’un bloc. L’instinct. Telle un parfait ocelot, elle sentait le danger. Elle sentait l’odeur âcre de sa propre peur, aussi. Mais, bien décidée à ne rien dévoiler de ses sentiments, l’infortunée se cabra, ses griffes labourèrent le sol meuble, ses yeux se réduisirent à deux fentes, et le bout de sa queue se convulsa en petits soubresauts nerveux. Oui, à ce moment-là, elle était formidable. A la fois terrible et magnifique. Mais le Solitaire devant elle n’était pas du genre à ce laisser amadouer aussi facilement.
Alors, l’autre arrêta sa ronde diabolique, plongea ses yeux dans ceux de la guérisseuse (rien que l’idée de ces deux yeux dissemblables braqués sur elle la répugnait), et se décida enfin à parler, après un temps, pourtant court, qui lui avait paru infini :
« Plume de Nuit, ainsi, c'est ce nom qu'elle t'a choisi. Pas étonnant. Je n'ai pas besoin de me présenter, je le crains. Mais si tu y tiens tant, Petite Plume, on m'appelle l'Assassin, le Tueur ... bien des variantes pour un seul chat, tu ne trouves pas ? Cependant ... je pense que le nom que tu attends serait Songes Eternels. Tu as bien entendu, petite, Songes Eternels. »
Tout ce qu’elle avait redouté depuis le début se confirmait. Songes Eternels. Son père s’appelait Songes eternels. Et il pouvait lui l’ôter la vie comme il la lui avait donnée. Elle se demandait d’ailleurs pourquoi il ne l’avait pas déjà fait. Face à lui, le corps Plume de Nuit se réduisait à un amas de cellules tremblantes. Où était donc passé son courage ? Son indifférence ? Son aura de sagesse ? Son pouvoir de réflexion ? Malgré tout, elle sentait qu’elle n’avait pas perdu tout son sang froid. Car elle éprouvait autre chose que de la peur. Un sentiment bien plus méchant, plus vicieux. Et peut-être un peu moins nouveau pour elle. C’était la Haine.
Elle haïssait Songes éternels. Car, ce père, qu’avait-il été pour elle ? Il lui avait donné la vie. Ah, la belle affaire ! Qui l’avait nourrie ? Qui l’avait élevée ? Qui l’avait aimée ? Certainement pas lui, en tout cas.
Et comment ça « pas étonnant » ? Dédaignait-il sa mère ? Se moquait-il de ses choix ? La guérisseuse se revoyait, petite boule de poils affamée, dans la gueule de sa mère déshonorée et meurtrie, regardant, impuissante, le départ sans retour d’un mâle noir aux yeux vairons qu’elle avait cru aimer.
S’il y avait un choix à blâmer, c’était bien celui de son père.
Oui, elle le haïssait et elle estimait qu’il le méritait amplement. Si ce n’était pas lui, c’était elle qui l’attaquerait !
Plume de Nuit s’était peu à peu adaptée à l’idée qu’elle ne ressortirait sans doute pas vivante de la plage du Clan de la Rivière, qu’on la prendrait pour une de ces innombrable victimes du mal mystérieux qui hantait la forêt. Mais il ne faut jamais avoir de certitude. L’espoir peu surgir à tout moment, et de la manière la plus incongrue. Tout comme le spectacle insolite de cette plume blanche, reposant sur les eaux noires et calmes de la mer, qu’elle distinguait, au loin. Comme ces fleurs de millefeuille qui avaient eu de courage de pousser, ici, sur le sable. Ou comme ce cri perçant, tranchant avec le silence de l’aurore mourante.
La guérisseuse en eut le souffle coupé. Elle vit son père s’affaler dans le sable, rugissant de rage et de douleur, maudissant le Clan des Etoiles. C’était incroyable. La guérisseuse était arrivée à un tel point de désespoir qu’elle avait cru son père invincible. Et, là, elle le voyait aussi impuissant qu’une souris dans la gueule d’un matou, se mordant la patte, par un réflexe dérisoire. Elle se remémora les mots de sa mère. Le vert, la souffrance, le bleu, la méchanceté. Ainsi, il souffrait. Que devait-elle faire ? Devait-elle profiter de l’occasion pour s’enfuir ? Devait-elle rester, en dépit des risques ? Oh, le choix était tout simple.
Un masque d’indifférence se posa une nouvelle fois sur son regard de jade. Elle alla vers le grand félin, plaça une patte sur sa tête, remarqua qu’elle était brûlante, et miaula avec calme et froideur, entre deux de ces cris :
« Tiens-toi tranquille. Je n’ai (peut-être !) pas les pouvoirs des guerriers d’autrefois, mais je sais reconnaître et apaiser ce genre de mal de tête foudroyant. Il faut juste me laisser le temps d’aller chercher les plantes adéquates. Le Clan des Etoiles ne peut rien face aux merveilles véritables de la Nature.
« Je sais que ce n’est pas facile, mais essaie de te coucher sur le flan et de bouger le moins possible. Si tu te fatigues, cela ne fera qu’empirer les choses. »
Sans plus attendre, la guérisseuse s’éloigna du corps hurlant, et se dirigea d’un pas décidé à l’orée de la forêt. Elle avait remarqué là nombres de remèdes utiles. Graines de Pavot et grande Camomille, contre la douleur, feuille de Souci et toiles d’araignées, contre la morsure qu’il s’était infligée lui-même, à la patte. Le regard de la chatte au poil noir se posa un instant sur un plant de ciguë vireuse, couronné de mignonnes petites fleurs blanches. Il ne faut jamais se fier aux apparences. Le poison contenu dans sa racine suffirait à tuer un Bipède adulte en quelques minutes. *Dommage que Songes ne soit pas un Bipède adulte…* se dit Plume de Nuit, détournant le regard.
Et elle revint, plusieurs de ses Médecines à la gueule. Le Solitaire était toujours couché et rugissant. Elle profita de ce qu’il avait la gueule grande ouverte pour lui fourrer les graines de pavot au plus profond du gosier :
« Avale. Elles ne sont pas empoisonnées. Je ne tue pas les chats, je les soigne. Quand bien même le chat en question serait un assassin. Un lâche assassin. Un assassin qui s’attaque aux plus faibles que lui, et qui délaisse compagne et enfant. Un assassin qui n’a trouvé que cela pour se rendre intéressant. Pour se croire puissant.
« Mais tu n’es rien, Songes Eternels. Rien qu’un pauvre félin ayant eu un passé sans-doute difficile, balloté par les maux de crâne, et qui décharge sa colère sur le premier venu. Tout cela parce que tu es seul, que tu souffres, que tu ne connais pas l’amour. Vois-tu, si tu n’avais pas abandonné ta compagne, comme le serpent abandonne sa vieille peau quand il mue, tu n’en serais certainement pas là. En tout cas, moi, ta fille, si tu m’avais traitée comme telle, je t’aurais aimé. Et j’aurais fait tout ce qui est en mon pouvoir pour apaiser tes maux.
« Mais, voilà. Tel que je te vois, tu n’es pas mon père, je ne suis pas ta fille. Et je te hais, Songes Eternels. Je te hais et te redoute comme le Mal Noir. Si j’ai le courage de te parler, c’est bien parce que je te sais abruti par la forte dose de Pavot que je t’ai donnée. »
La guérisseuse, marquant un temps d’arrêt, mâcha la feuille de souci, alla vers la patte blessée du Solitaire, y appliqua consciencieusement son jus et les toiles d’araignées. Elle reprit :
« Je ne vois pas quelle sorte de plaisir ou de vengeance l’on peut tirer d’un crime. C’est facile, petit, dégoûtant. C’est une vie en moins. La vie d’un matou qui aurait peut être été utile dans le monde réel, ou qui aurait peut être aimé survivre, tout simplement. Sauver des vies est bien plus compliqué, crois-moi. Tuer ne demande pas de capacité particulière, juste de la force bête et méchante, et un cœur d’acier. Savoir guérir est le travail de toute une vie, une science millénaire, aussi vieille que cette forêt que tu vois, au loin, aussi vieille que l’époque où cette mer n’était qu’un lac, où ce sable n’était que rocher. Une science dont je possède l’infime parcelle entre mes frêles pattes. Non, pas une science. Un bonheur inestimable. Car cette parcelle de savoir infiniment plus de satisfaction qu’un apprenti n’en aura jamais à la veille de son baptême.
« Regarde, mon père. Regarde bien, de tes yeux dissemblables, cette petite chatte que tu as devant toi. Elle est ta fille, elle sauve des vies. Tu es son père, tu en détruit. Et, tant que je vivrais, ton sombre labeur sera anéanti. Pourquoi ? Car à chaque fois que tu ôteras la vie d’un matou, ta fille, elle, à quelques queues de renard de là, en aura soigné dix. Retiens bien cela, Songes, et que cette pensée ne te quitte plus. Ta descendance n’est pas forcément mauvaise… Merci de m’avoir fait vivre, mon père ! Sans toi, l’espèce féline aurait à déplorer quelques morts de plus ! »
Ainsi, la guérisseuse avait parlé. Sa peur s’était presque envolée. Malgré tout, sa prudence lui dictait de s’enfuir à toutes pattes. Son père n’en était pas moins un félin dangereux. Et il devait certainement être contrarié par la rudesse de ses propos... Mais elle hésita trop longtemps. D’autant plus que les effets du pavot s’estompaient peu à peu…
[ Un p'tit combat, ou pas ? ] | | | Dim 28 Nov 2010 - 13:01 [Aucune réponse, je lock désolé ><] | Date d’inscription : 13/01/2010 Messages : 1712 Puf : Mister Coco. Âge : 26 Multi-comptes : :v
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