La neige n'allait pas tarder, malheureusement. Profitons en pour pouvoir aller chasser. Même si le soleil n'avait pas encore pointé le bout de son nez plus haut que les arbres, tout le monde savait qu'il ne monterait pas plus haut, alors, s'étirant lourdement, ne voulant pas pas quitter la chaleur de son nid, se levait pour aller en patrouille.
De la patrouille de nuit la veille, je m'étais levé assez tard, tremblant encore dans mon nid. Le froid avait pénétré dans mes os et ne voulait plus en sortir, j'avais eu du mal à dormir. Tout de même, je me motivais à sortir de la tanière, pensant que je me réchaufferai en allant chasser. Et puis, la rivière avait peut être dégelé, avec le soleil ?
Mes espoirs furent douchés en voyant la couche de glace qui séparait mes griffes des poissons. Nullement intéressé par le fait de toucher la glace et d'avoir encore plus froid, je trottais vigoureusement vers la plaine rase et dégagée. Il y avait des trous de ci et de là, et si on évitait le coin où broutaient les chevaux, on pouvait facilement dégoter une souris ou deux. Mieux, si les chevaux n'étaient pas sous leur abri, le chasseur pouvait farfouiller dans le foin pour se trouver une rescapée de la famine, assez grasse pour la saison.
Malheureusement, les bêtes hennissantes se protégeaient du vent dans leur tanière de bois, donc je devais user de mes talents de traqueur afin de débusquer ma proie. Je rampais doucement dans l'herbe, qui était encore trempée de rosée, sans trop laisser mon ventre vide traîner, ni laisser la faim me brouiller la vue.