Étoile Azurée sortit de sa tanière, alors que l’aube venait à peine de s’imposer dans le ciel. Il faisait très froid ; les premières gelées avaient eu lieu, créant alors de fines pellicules blanches sur l’herbe et le sol poussiéreux. La chatte au pelage de jais aimait profiter de ces moments calmes de la matinée pour faire quelques pas en forêt ; et, si l’occasion se présentait, pour chasser quelques proies. En effet, les proies aussi profitaient du calme amené par la nuit pour sortir leur museau de leur terrier et c’était à ce moment-là qu’Étoile Azurée comptait les attraper. Elle longea les bords du camp et s’engouffra dans le tunnel de ronce. À chaque fois qu’elle prenait une bouffée d’air, un nuage immaculé s’échappait de ses lèvres pour s’évanouir dans les airs. À chaque pas, les feuilles gelées crissaient sous ses coussinets. Étoile Azurée était seule dans les bois et adorait ce sentiment qui la rendait paisible. C’était comme si elle était l’unique survivante d’un monde où la nuit venait de se lever. Les dernières feuilles mortes ondulaient et n’étaient accrochées que par des petites fibres aux branches ; parfois, elles se détachaient et s’envolaient dans une valse au grès du vent. Malgré tous les malheurs, maladies et famines dont la saison des Feuilles Mortes pouvaient être source de, Étoile Azurée devait bien avouer que les coloris dorés et roux faisaient des magnifiques paysages. Encore plus dans des endroits telles que la forêt du clan du Tonnerre. La chatte aux yeux azurés s’était plutôt éloignée du camp, à présent. Les couleurs rosées du ciel s’étaient muées en un bleu clair qui s’entourait alors de nuages cotonneux. Elle s’assit alors sur un rocher grisâtre, recouvert d’un manteau de mousse. La forêt du clan du Tonnerre était si grande qu’Étoile Azurée avait l’impression, même avec plus de quarante lunes de vagabondages, de découvrir encore de nouveaux lieux. Elle ne pouvait jamais se lasser de la vision d’arbres et de fougères autour elle et plaignait les autres clans de ne pas avoir ce somptueux décor. Étoile Azurée entendait quelques oiseaux piailler, dans des arbres lointains. Elle voyait également des feuilles rousses bouger, sans doute sous l’action d’un quelconque rongeur. Peut-être que dans ce petit lieu silencieux, elle pourrait trouver quelques proies.