Alors qu’Esprit du Lion venait tout juste de réussir à capturer son petit mulot, il vit sa compagne apparaître près de lui. Un large sourire lui monta alors jusqu’aux oreilles, tant il était heureux de la voir. Cela faisait bien longtemps qu’ils n’avaient pas pu se trouver sans leurs chatons, qui seraient bientôt de jeunes novices et bien rapidement de grands guerriers du Clan du Tonnerre, le lieutenant en était certain. « Bien joué. Tu as de la chance, j'ai raté la mienne. » dit-elle. À ces mots, le rouquin tourna la tête de côté. Il ne savait pas vraiment pourquoi elle ne parvenait pas à chasser quoi que ce soit. Il sentait bien que quelque chose la tracassait, mais il ne savait pas quoi. Pas encore, du moins.
En un clin d’œil, après qu’ils aient tout deux entendus tous les deux un bruissement étonnant, elle fila derrière les buissons. Malheureusement, Esprit du Lion le savait, elle avait été trop bruyante. Pour autant, il la suivit, intéressé par l’idée de voir comment sa belle s’en était sorti. Au moins où il arrivait vers elle, une corneille s’envola dans les airs. Encore une proie ratée. Le matou compatissait.

Puis, Promesse Estivale fit une surprenante arrivée. « Décidément c'est pas ton jour » commença-t-elle. « Ma pauvre Cœur du Printemps, qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire de toi maintenant que tu ne sais plus chasser ? » dit-elle sous le regard désapprobateur du lieutenant. « Roh, je rigole ! Tu devrais jouer à la balle de mousse avec tes chatons, ça te détendrait un peu. » Esprit du Lion sentait bien que malgré tout, il n’y avait rien d’ironique. Sa meilleure amie – qui actuellement agissait autrement qu’à son habitude – commençait à décevoir petit à petit le matou qui s’énervait intérieurement mais qui gardait tout de même une attitude très calme face à cette situation. Un lieutenant doit toujours garder son sang-froid. « Oui, ces six mois passés dans la pouponnière m'ont quelque peu... affaiblis. » Et accepter ses erreurs. « Tu verras lorsque tu auras des chatons... » D’un côté, sa compagne n’avait pas complètement tort. Mais elle rajouta une couche de trop. « Enfin... Si tu en as un jour, bien entendu. » Esprit du Lion peinait à savoir quoi faire, mais bientôt, sa colère parlerait et rares étaient les chats qui l’avaient vu dans cet état-là. Néanmoins, hors de question pour lui de voir les félines, qu’il considère les plus précieuses à ces yeux, se disputer pour une histoire de … jalousie ?

« Coco 1, Printemps 0 » Cela faisait bien trop. Il allait craquer. Et ça allait faire mal. Très mal. Elle venait de faire volte-face vers Liberté des Ombres et il ne suffit que d’un regard entre eux pour savoir qu’il fallait agir. Et ce, avant que cela ne dérape. « Oh, ne t'en fais pas, c'est une sorte de jeu entre nous, on se taquine quoi. T'as trouvé des pissenlits, j'adooore les pissenlits ! Enfin ma fleur préférée reste quand même le tournesol, tu ne les trouves pas fantastiques ? Toujours tournés vers le soleil, comme des admirateurs vers leur idole. » Esprit du Lion sentit son sang de faire qu’un tour. Promesse Estivale était allée bien trop loin selon lui. Il prit la parole.

« Ça suffit vous deux ! J’en ai plus qu’assez de vous voir vous chamailler comme des gamines. Vous savez quoi, vous avez gagné, on rentre au camp ! Promesse Estivale, tu me déçois beaucoup. Nous aurons une longue discussion tôt ou tard, crois-moi. »

À ces mots, le lieutenant vit volte-face en direction du camp, exaspéré. Il était temps que tout cela se termine, et vite ; il ne supporterait pas de perdre ces êtres si chers à ses yeux.

Patrouille

Feat : Coeur de Printemps, Promesse Estivale, Ciel Bleu, Esprit du Lion et Sablier du temps.

Le flair du guerrier crème ne l'avait pas trompé. Il aperçut bien vite le fruit de sa traque: Une souris bien dodue ! Elle était lovée dans un tapis de feuilles mortes à l'abri du vent, au creux d'un buisson épineux. Elle ne semblait pas avoir remarquer sa présence, sûrement trop occupée à chérir la graine qu'elle tenait entre ses petites pattes. Grand bien lui fasse ! Cette petite souris allait regretter son insouciance. Liberté des Ombres se plaqua au sol à quelques longueurs de queue de la proie et avança à pas feutré, cherchant à limiter les vibrations causées par son avancé sur le sol meuble. Le regard rivé sur le rongeur, il s'arrêta à proximité et réfléchie très rapidement à la meilleure stratégie pour atteindre la souris dans son buisson sans qu'elle ne prenne la fuite. Bondir serait inutile, il se prendrait maladroitement dans les épines...Il ne restait que deux solutions: La faire sortir de là ou l'atteindre directement d'un coup de patte bien placée ! Le guerrier sourit doucement. Il se savait grand et rapide, perdre du temps à la faire fuir ne serait pas nécessaire. D'un coup de patte experte, le mâle agit et attrapa le rongeur avec ses griffes avant de la tirer brutalement vers lui et de l'achever d'un coup de crocs. La petite proie mourut dans un couinement strident.

Liberty redressa la tête avec fierté. Sa proie était assez dodue pour nourrir au moins deux chats. Une aubaine pour ces temps de famine pensa t-il. Prenant la souris entre ses crocs, il s’apprêtait à rejoindre le point de ralliement lorsqu'une femelle au pelage léopard lui barra la route. Le guerrier la reconnut facilement. Promesse Estivale...

-Salut, Promesse Estivale. Comme s'il ne la connaissait pas. Il était peut être solitaire mais pas aveugle.
- on a jamais vraiment eu l'occasion de se parler du coup j'ai décidé qu'aujourd'hui c'était LE bon jour pour le faire !

Le félin crème fronça les yeux, surpris et légèrement exaspéré. Il connaissait cette femelle turbulente de nom et de vue. Elle était bruyante, bavarde, joviale et surtout elle était d'un m'as-tu-vue exaspérant. En bref, tout ce qu'il détestait et méprisait. S'ils ne se connaissaient pas, c'était essentiellement parce que Liberté des Ombres faisait en sorte de l'éviter, la plupart du temps. Il agita sa queue avec agacement.

-Belle prise dit-elle d'un air enjoué. Il se racla la gorge en réponse, peu enclin à lui faire la conversation. Il doutait, toutefois, que la féline lui fausse compagnie d'elle même. Prenant sur lui pour ne pas avoir l'air désagréable, Liberty posa délicatement sa proie devant lui et s'assit tranquillement en face d'elle. Mais alors qu'il allait prononçait une réponse acerbe, une autre chatte surgit d'entre les buissons.

"Oui, ces six mois passés dans la pouponnière m'ont quelque peu... affaiblis." -Enfin... Si tu en as un jour, bien entendu"

Cœur de printemps, la compagne du lieutenant, se tenait fièrement au devant d'eux, adressant un regard haineux à la chatte léopard. Cette dernière ne se démonta pas et soutint même son regard avec un sourire espiègle. Elles semblaient faire complètement abstraction du guerrier crème, obnubilée qu'elles étaient par leur...Dispute ?Respective. Bien sûr, Liberty était larguée. Assit au milieu des femelles en furie, il n'était qu'un spectateur se retrouvant malheureusement au cœur d'un conflit qui ne le concernait pas. Printemps finit par s'en retourner d'où elle venait.

-Coco 1, Printemps 0. Elle ronronnait de plaisir. Le guerrier ne la comprenait pas. La scène à laquelle il venait d'assister ressemblait à une querelle de femelles en chaleur. C'était assez pitoyable. Et Liberty en devinait déjà le contexte. Est ce qu'il n'avait pas vu des œillades hostiles entre les deux chattes avant leur départ ? C'est pas comme si je ne l'avait pas pressenti... Voyant son regard perplexe, Promesse Estivale, qui se tenait toujours devant lui, se fit une obligation de lui éclaircir la situation. Ce que Liberty se serait bien passé, peu désireux d'en connaître d'avantage.

« Oh, ne t'en fais pas, c'est une sorte de jeu entre nous, on se taquine quoi. T'as trouvé des pissenlits, j'adooore les pissenlits ! Enfin ma fleur préférée reste quand même le tournesol, tu ne les trouves pas fantastiques ? Toujours tournés vers le soleil, comme des admirateurs vers leur idole. »

Ah oui. Les pissenlits. Il avait déjà oublié le petit tas de fleurs jaunes enroulées dans une grosse feuille de chêne qu'il avait trouvé peu de temps auparavant. Le guerrier se retint de lever les yeux au ciel. La conversation prenait une tournure qui l'ennuyait déjà. Il ouvrit la bouche une énième fois pour y mettre fin mais, encore une fois, il fut interrompu dans sa lancée.

« Ça suffit vous deux ! J’en ai plus qu’assez de vous voir vous chamailler comme des gamines. Vous savez quoi, vous avez gagné, on rentre au camp ! Promesse Estivale, tu me déçois beaucoup. Nous aurons une longue discussion tôt ou tard, crois-moi. »

Esprit du lion mit fin à toute discussion avec sa tirade agacée. Liberté des Ombres sourit, il tenait là une belle occasion de se défaire de la présence de Promesse Estivale. Il aurait préféré ne pas à avoir à assister à ces jalousies enfantines. Ce genre de scène ne l'impressionnait guère et frôlait la dérision mais il n'en fit aucun commentaire. Tout ça ne le concernait pas, après tout. Pour la première fois depuis le début des discordes, le guerrier réussit à placer un mot dans la conversation.

- On ferait mieux d'y aller dit-il en s'adressant à la guerrière tachetée. Sur ce, Liberty se leva d'un mouvement leste, prit la souris et les pissenlits dans sa gueule en prenant soin de ne rien abîmer et se dépêcha de suivre la trace du rouquin.