Cueillette || Recherche de plantes solitaire || Septembre
Pétale d'Asphodèle

Les premières feuilles jaunies de l'Automne craquaient doucement sous les pas de Pétale d'Asphodèle. Il avait quitté le camp du Tonnerre très tôt, ce matin-là, trouvant la douceur de l'aube et le calme de la forêt plus propice à la cueillette. En s'avançant dans la forêt, le guérisseur observait son territoire. Les hauts arbres, dont la cimes semblait toucher le ciel, commençait déjà à arborer les couleurs chaudes de la saison des feuilles mortes, et leur épais feuillage d'été laisserait bientôt la place aux branches nues de la saison froide. Malgré la guerre et les tensions qui étouffaient les clans depuis maintenant des lunes, le temps suivait impitoyablement son cours. Voilà maintenant bien dix lunes que Songeur était devenu guérisseur. Ou était-ce plus ? Le chat brun ne comptait plus les jours, trop chargés pour lui laisser le temps de voir les heures défilées. Un jour il soignait un camarade, et l'autre, comme aujourd'hui, il déambulait dans la forêt à la recherche de remèdes utiles. La réserve de Pétale d'Asphodèle ne ressemblait plus à celle de Dryade Sylvestre, désormais. Le vide désolant qu'avait laissé l'ancienne guérisseuse à sa mort avait maintenant été comblé, débordant des plantes vives et fraîches de la saison passée. Pétale d'Asphodèle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine fierté en contemplant son travail. Il avait soigné de multiples chats atteins de maux encore plus nombreux, et la majorité d'entre eux avaient vécus. Ils étaient en vie, grâce à Songeur. A voix basse, le guérisseur lança un remerciement au Clan des Etoiles, et son murmure se perdit dans la brise du matin, s'élevant dans la toison parsemée des arbres.

Ce n'était pas pour autant que le matou ne restait pas sur ses gardes. La saison froide approchait à grand pas, et si la guerre déchirait encore les clans, sa réserve de remèdes devra se trouver plus remplie que jamais. Pétale d'Asphodèle frissonna en se rappelant l'hiver dernier. Le Clan du Tonnerre avait frôlé l’épidémie, et les chatons semblaient tous avoir contracté le mal blanc un à un. Heureusement, la maladie ne s'était pas propagée. La guérisseur ne désirant pas connaitre l'effet du mal vert sur l'ensemble de son Clan, il s'arracha à ses pensées et se remit à chercher activement tout autour de lui. La forêt était toujours en bon état, et il ne tarda pas à repérer un petit nœud de verdure près de la souche d'un arbre, à moitié enseveli sous les feuilles. Il s'approcha, espérant y trouver son bonheur.

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Pétale d'Asphodèle

En farfouillant dans la végétation, Pétale d'Asphodèle eut la chance de tomber sur une plante aux grandes feuilles d'un vert criard et bien plus lumineux que celui de ses voisines. Le guérisseur la renifla, satisfait de son odeur fraîche et acidulée. La chlorophylle lui sera bien utile : à l'approche de la saison froide, les chutes de températures ne manquaient pas d'irriter la trachée des félins les plus sensibles. Songeur laissa la plante dans la terre, tenant à préserver sa fraîcheur au maximum. Il la cueillerait avant de repartir vers le camp. Se faisant une image mentale de la location exacte de ce trésor, il remarqua quelques filament colorés entortillés contre l'écorce de la souche. Tant bien que mal, des petites feuilles de vignes s'enroulaient autour du tronc, apparemment loin de s'imaginer que leur arbre porteur était mort depuis longtemps déjà. Cette vision aurait pu attrister l'âme poétique du Songeur à ses heures perdues si la plante ne s'avérait pas être un remède précieux.
 
C'est mon jour de chance, ronronna-t-il silencieusement. La recherche de cette matinée était partie pour être fructueuse, fournissant le guérisseur en remèdes indispensables pour passer l'hiver. Désireux de continuer sur cette voie, Pétale d'Asphodèle s'éloigna de la souche pour fouiller les alentours, espérant tomber sur les consœurs des plantes déjà débusquées. Décrivant des arcs de cercles afin de couvrir un maximum de la zone, le matou brun ne prêtait plus attention au temps ou aux feuilles mortes et humides qui lui collaient aux pattes. Concentré sur son travail, une seule pensée l'habitait : Trouver plus de remèdes.