La question qui torturait l'âme de Dryade Noire était le mystère de son nom. Aucun indice, rien, celui qui le lui avait attribué ne lui avait rien laissé. Comment faire pour chercher quelque chose lorsqu'on a aucune piste ? Dryade, que pouvait donc signifier ce mot ?
La solitaire s'endormie l'esprit tourmenté, au creux d'un arbre moussu.

Le ciel d'un blanc éclatant aveugla la chatte quelques secondes. En fait, le monde était blanc. Ou peut être qu'il n'y avait pas de monde. Ni de murs, ni de plafond, ni de sol. Pas de sol ? Dryade Noire flottait. C'est en s'en rendant compte qu'elle se sentit chuter. Descendait-elle vraiment ? Aucun moyen de le vérifier, au à mesure que la couleur immaculée de son environnement lui donnait mal à la tête, une tache noire apparue. Nageant dans le vide, la solitaire tentait de rejoindre l'objet étrange.
Une fleure noire.

Quand au matin son rêve se renversa, elle demeura troublée de sa vision. Existait-il telle fleur dans la forêt ? Elle ne se souvenait plus exactement, juste un vague souvenir d'une chose noire avec des pétales. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel, Dryade Noire s'était réveillée à une heure tardive. Il lui fallut chasser dès maintenant pour avoir de quoi manger à midi. Rapidement le soleil déclina, après une après midi à réfléchir.
Une fleur, qu'est ce que ça représentait ? La douceur ? La fragilité ? Ou bien, littéralement une fleur ? Un endroit lui revint en mémoire : le champ de fleurs. Il lui fallait vérifier.

Sous la chaleur étouffante de l'été, Dryade Noire se promena sans réelle direction, espérant retrouver le champ. Elle aurait bien échangé son épais pelage contre des poils plus fins. Alors que la brise plus fraîche du soir s'installait peu à peu, et que les environs se teintaient de rouge orangé, des fleurs toutes plus belles les unes que les autres se dressèrent devant ses pattes. Mais comment pouvait-elle trouver une fleur noire parmi tout ça !
A peine eut-elle posé ses coussinets sur le parterre de plante qu'elle fut prise de violents éternuements. Malgré ça, elle continua son chemin, la tête lourde.
Soudain, quelque chose de la taille d'un chat la percuta. Enfin, c'était plutôt elle qui était rentrée dedans. Se rendant compte de son erreur, elle se recula d'un bond craignant la réaction de l'autre.

— E-Excusez moi je n'ai pas fait exprès !
Je ne regardait pas où j'allais et...

N'ayant pas d'autres arguments, elle se tut et laissa la parole au matou.

HRP:

Le chat face à elle paraissait nostalgique, préoccupé. Il avait ce regard, le regard de quelqu'un qui cherchait à cacher une blessure, une déception. Pourtant, son air charmeur et ses paroles mielleuses ne sonnaient pas faux.
Noir comme les temps sombres, il faisait peine à voir. Maigre, faible. Et cette fois, aucune substitution ne pourrait la faire passer à côté. Mais Dryade Noire n'avait pas le droit de se morphondre sur le sort d'un inconnu, et nul félin n'accepterait cette compassion, sous peine de blesser leur fierté. Ça, elle le savait bien, inutile de proposer son aide à un mâle.
Et puis, elle se souvint qu'il lui avait posé une question.

– Ne faites pas attention à moi je... Je cherche quelque chose, répondit elle, sa voie légèrement masquée par des piaillements d'oiseaux.

Le goùt amer du lapin (qui, au passage devait avoir passé pas mal de temps aux abords du chemain du tonnerre pour avoir un tel gout) qu'elle avait avalé quelques heures au par avant lui remonta dans la gorge. Elle pria une divinité inconnue pour que son air de dégout pendant quelques secondes ne fut pas visible de l'autre félin. Après tout, il devait être encore derrière elle.
Dryade Noire le contourna poliment et continua sa recherche la truffe plongée dans les hautes herbes. Elle fut prise soudainement par de violents éternuements, laissant s'envoler les papillons aux alentours dans un battement d'aile synchronisé. Un rhum ? Bien que l'atmospère se fit de plus en plus fraiche, pas de quoi en rendre malade. Par contre, le moment était mal venu pour développer une allergie au pollen.
Il allait la suivre. Il ne connaissait même pas son nom, elle non plus d'ailleurs, mais elle avait assez observé ses confrères pour prédire leurs réactions. Si prévisibles, mais elle ne leur en voulait pas, c'était leur nature. Ainsi, le beau matou était à coup sûr entrain de se poser mille questions sur elle.
Devait-elle l'attendre ? Depuis des lunes qu'elle ne comptait plus le temps qui était passé après son retour dans la forêt, jamais elle ne s'était intéressée aux autres. Cette vie de solitaire (littéralement) devait cesser.
Alors, elle ralentit le pas, tandis que le soleil embrassait lentement la terre à l'horizon.

HRP: