On te regarde. On te fixe. Tu te recroquevilles.
On te parle, on discute. Tu te recroquevilles.
Tu veux qu'on te couves, qu'on te protèges. Tu veux ta maman. Ta vraie.

Un chaton bien drôle. Mais étrange.
On a du mal à le cerner, ce petit. Toujours là, mais en même temps, absent. Il se fait discret. Et il reste dans son coin, regarde les autres sans rien dire, sans bouger.
On l'appelle, lui crie de se joindre aux autres. Mais il ne bouge pas. Il essayes de se faire encore plus petit.
Il est perdu. Les yeux dans le vague, plein de tristesse et d'incompréhension. Car il ne comprends pas ce qu'il se passe autour de lui. Tout est confus. Il mélange les évènements, les sons, les paroles, les éléments. Comme un chaton à peine né. Le problème, c'est qu'il commence à se faire vieux, et que son baptême approche. Comment se débrouillera-t-il en tant qu'apprenti ?
Pourtant, au fond de lui, il est normal. À travers ses yeux, ils voit beaucoup. À travers ses oreilles, il entend très bien. Et même s'il ne comprend pas toujours les éléments qui l'entourent, il capte, quitte à les réutiliser plus tard.
Et puis, parfois, il comprend. Lorsqu'il voit quelqu'un de triste, il s'approche toujours. Il ne dit rien, mais il sait que sa présence peut parfois aider. Aussi, il ne fait rien. Il s'assied auprès de cette personne, et il attend.
Il dispose aussi d'une loyauté sans failles envers son clan et sa famille, si réduite soit-elle.
Une mémoire longue. Il a du mal à l'utiliser, par moment. Mais parfois, certains souvenirs enfouis lui reviennent. Cela ne lui est pas toujours bénéfique, car des choses douloureuses sont cachés dans le monde grand de ses souvenirs. Des choses qui auraient pu être anodines qui prennent désormais une grande place dans son cœur. Des choses dont il a peur. Des choses qui font mal.
Dans ces cas là, il subit. Il subit toujours, mais il es prêt à s'enfuir. Il est lâche, ce gamin. Lâche. Si un danger quelconque le menaçait et que quelqu'un se trouvait à se côtés, il s'enfuirait. Quitte à perdre cette personne.

Au fond, ce n'est qu'un chaton perdu cherchant sa place. Au fond, son cœur recherche de la chaleur, de l'amour. Au fond, il est normal. Mais on ne le considère pas ainsi, et cela n'aide pas. Bien au contraire. 
 

Une peluche. Oui, une peluche. C'est vraiment le nom qui te qualifierait.
Tu es un jeune félin de petite taille compte tenu de ton âge. Mais plus tard, tu ne seras pas le plus grand, bien au contraire. Ta famille est ainsi, et tu n'y échapperas pas. Tes deux courtes pattes donnent l'impression de ne pas pouvoir te porter. Cependant, elles sont déjà assez musclées étant donné que tu t'exerces beaucoup afin de te surpasser.
Tu as une corpulence moyenne, bien que tu sois légèrement plus enrobé que les autres chatons. C'est que tu profites beaucoup du lait de ta mère et, depuis quelques temps, tu peux manger les proies qu'apportent les guerriers. C'est vraiment quelque chose que tu aimes faire, manger. Tu es bien conscient que pour être un bon chasseur, il ne faut pas être lourd, mais c'est plus fort que toi...
Tu es pourvu de longs poils bien épais aux couleurs incertaines. On peut voir du brun, du blanc, du roux, du noir... On appelle ça un pelage écaille de tortue, mais tu ne le sais pas. Tu aurais du mal à te décrire toi même, toi qui préfères regarder les autres. Aussi, ton pelage ne t'intéresse pas trop. Souvent emmêlé et en désordre, il est difficile de ne pas te voir parmi les autres.  Tu te fais bien souvent remarquer par ta fourrure peu soignée, autant par les autres que par les proies.
Ta queue, touffue, est blanche au bout et se balance rapidement, tentant souvent de reprendre ton équilibre.
Car tu possèdes une démarche unique. Toujours en train de chercher le compliqué, tu te penches d'un côté et de l'autre lorsque tu avances, et cela complique très souvent ta marche. On se moque souvent de toi, mais tu fais là sourde oreille. Car au fond de toi, tu t'en fiches : tu es unique.

Ta tête est de taille moyenne. Elle est de forme triangulaire et de nombreuses touffes de poils l'entourent.
Tu es pourvu de petites oreilles, plutôt fines et arrondies à leurs extrémités. Tu captes beaucoup de sons, même si tu ne sais pas toujours leur provenance. Parfois, ils t'assourdissent, te font peur. Alors tu te recroquevilles et te les bouches à l'aide de tes petites pattes.
Deux grands yeux. On les trouve étranges, tes yeux. Trop grands. Trop plein d'incompréhension. Trop... Trop tout. Mais toi, tu les aimes bien tes yeux. Tu ne les as vu que deux fois. Deux fois dans des flaques d'eau. Et tu les as tout de suite aimé. D'un beau vert foncé, tu avais voulu t'y enfoncer. Et c'est la tête dans l'eau que l'on t'a retrouvé quelques minutes plus tard.
Une jolie truffe noire orne ton museau légèrement teinté de blanc, comme si tu étais déjà vieux. Mais tu es le chaton le plus jeune au fond. Le plus perdu.
Ta voix, douce et chantante, est teintée d'une légère trace de tristesse. D'où vient-elle ? Tu n'en sais rien. Tu ne comprends rien.
Tu es seul. Mais tu es unique.

 Une belle journée. Un commencement comme il le faut. La Saison des Feuilles Mortes était bien là, mais le soleil transperçait les branches nues, réussissant à s'infiltrer dans la pouponnière. Une odeur de lait flottait dans l'air. Tu gigotais, toi, le nouveau né, aux côtés de ton frère et de ta sœur. Tu ne comprenais pas encore ce que tu faisais là, ni qui tu étais. Mais tu savais que tu existais, et que désormais, tu vivrais dans cette chaleur réconfortante, tout contre le pelage doux de ta mère.

Les jours passent. Tu as ouvert des grands yeux verts sur le monde. Mais tu ne comprends toujours pas. Tu ne trouves pas ta place. Tu suivais du regard ton frère et ta sœur, Petit Myosotis et Petite Ombre. Tu as mémorisé leur nom et leur visage, et les reconnais surtout à leurs yeux. Le beau bleu profond de ta sœur. Et l'ambre joyeux de ton frère. Vous êtes différents. Mais au fond, similaires. Vous ne comprenez pas encore la vie, n'imaginez pas à quel point elle peut être parfois cruelle. Et vous le payerez cher.

Trois lunes. Tu avais trois lunes lorsque c'était arrivé. Tu n'avais vu ton père que quelques fois. Peu présent, c'était un guerrier qui participait à de nombreuses patrouilles et qui était très courageux. Ce n'était pas toi qui avait brossé ce portrait de lui, c'était ta mère. Tu l'écoutais rêver à propos de ce guerrier si beau et fort. Un jour, il est revenu de la chasse. Du sang. Une odeur horrible t'avait prise à la gorge. Tu appris plus tard que la mort avait emporté l'esprit de tob père, mais tu ne compris pas pourquoi.
Souvent, tu revois le regard empli de douleur de ta mère. Et, bien que tu ne l'aies pas compris sur le moment, il te faisait froid dans le dos.

Les lunes passent. Le temps passe. Mais tu as du mal à suivre. L'hiver tomba sur la forêt, déposant son manteau de neige sur les branches nues des arbres. Les yeux perdus dans le vague, tu ne faisais rien. Tu écoutais le calme de la Saison des Neiges. Un calme troublé par des cris soudains.
Ta mère était de plus en plus absente, et lorsqu'elle vous allaitait, elle toussait souvent.
Elle était morte à son tour, emportée par la maladie en même pas une semaine. Un record.
Tu mis du temps à le comprendre, et c'est seulement maintenant que la douleur se présente à toi.


 But de ton personnage : Survivre dans ce monde cruel. Ou rejoindre sa mère.