Fleur de l'Aube était en train de chasser. Comme d'habitude, elle était seule. Comme si les autres ne voulaient pas de sa compagnie... Enfin, là n'était pas le problème. Il y avait un redoux, alors la guerrière brune devait attraper le plus de proies possible.
Mais Fleur de l'Aube n'était pas vraiment là. Elle pensait. Elle pensait à Pelage Déchiqueté. Sans savoir pourquoi, elle pensait à lui. Il lui manquait son mentor. C'était son deuxième père après tout. Elle sauta sur un mulot qui ne lui résista pas. Un coup de chance. Elle se sentit triste, tout à coup. Elle se rendait certainement compte qu'à force d'avoir la trouille devant les autres, elle ne pourrait jamais faire ce qu'elle voudrait. Elle ne pourrait jamais parler à Emissaire des Galaxies, par exemple. Pourquoi lui ? Parce qu'il n'était pas comme les autres. Quand elle le voyait, son cœur se mettait à battre la chamade. Comme s'il voulait gagner un concours de macarena. (désolée j'ai pas pu m'en empêcher :3 ) Et puis, n'osant pas lui parler, elle partait. Revenant à la réalité, elle prit le mulot entre ses crocs. Il était assez dodu. Pourtant, il n'y avait pas souvent de petits animaux comme lui, sur la lande.
« T'es toute seule ? » demanda une voix. Comme elle avait le petit animal dans la gueule, elle ne dit rien. Et pourquoi devrait-elle dire quelque chose de toute façon ? Elle ne savait même pas qui lui avait posé cette question mais bon. Plongée dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu arriver.
« C'est bien toi, Fleur de l'Aube ? »
Cette fois elle le vit. C'était lui ; la dernière personne qu'elle aurait souhaité voir. Il l'a mettait mal à l'aise... Elle ne répondit toujours pas. Elle était ailleurs, à nouveau.
« Pourquoi t'es seule ? »
La question la ramena sur terre. Elle posa délicatement le mulot sur le sol pour répondre :
« Comme tu le vois, je suis effectivement seule... Et, oui, je suis Fleur de l'Aube. Je sais que tu es Emissaire des Galaxies... J'aime bien ton nom... »
Mais pourquoi avait-elle tant parlé ? Et pourquoi sur ce ton encore plus doux que d'habitude. Aussi doux qu'une plume. Elle continua néanmoins, ne prêtant pas attention à son cœur qui aimait tant danser quand il ne le fallait pas.
« Pourquoi je suis seule ? Hmmm... Il faut croire que personne n'apprécie ma compagnie, j'en ai bien peur... »

« Ma mère me l'a donné parce qu'elle pensait que je venais des étoiles. »
C'est fou, sa mère n'était pas la seule à le penser... Mais qu'Est-ce que Fleur de l'Aube pensait ?! C'était vraiment bizarre quand même. Elle garda son habituel silence, surtout quand elle aperçut Emissaire des Galaxies reprendre.
« Elle devait pas avoir de chaton, ça lui a un peu retourné la tête, un cadeau qu'elle disait. M'enfin, si ça lui fait plaisir, j'aime bien moi. Et j'aime aussi le tiens tu sais. »
Si elle n'avait pas eu sa fourrure sur son dos, on aurait vu qu'elle rougissait énormément.
Il s'approcha légèrement de Fleur de l'Aube. A distance respectable, comme s'il avait peur de la froisser. Là, elle aurait bien voulu qu'il se frotte contre elle par affection...
« "Puis t'es belle c'est tout. »
La guerrière fut prise au dépourvu. Elle était "belle" ? Il lui disait qu'elle était belle ?!
Cette fois-ci, son cœur arrêta sa danse, comme s'il était fatigué. Ce fut une douce chaleur qui se rependit toute en elle qui le remplaça.
Elle murmura, d'une voix si faible qu'il ne l'entendit certainement pas :
« Toi aussi tu es beau... »
Elle aurait tout donné pour lui. Et elle le ferait encore aujourd'hui... Elle regarda son beau pelage lustré. Ah mais qu'il était beau... Ses yeux étaient bleus, eux aussi.
« Les gens ils m'aiment bien je crois, mais ils restent pas et je reste pas. Tu veux qu'on soit seuls ensemble ? »
Moi en tout cas, c'est sur, je t'aime bien ! On pourrait enlever le "bien", ce serait mieux encore...
Il l'interrogea du regard.
Bien sûr qu'elle voulait bien qu'ils soient seuls tous les deux. Quoique... Ils l'étaient déjà, à ce moment précis. Mais aurait-elle le courage de lui répondre ? Elle avait déjà du mal à soutenir son regard profond.
« Moi je veux bien de ta compagnie, déjà jt'apprécie. »
Prenant son courage à deux pattes, elle lui répondit doucement, gentiment comme à son habitude, le regardant avec chaleur. Son cœur se remit à danser.
« Je... Merci... bafouilla-t-elle. Pourquoi était-il si difficile de lui parler ? Ce n'est pas étonnant que les gens t'aiment bien... Seuls ensemble... ? Si tu te forces ce n'est pas la peine tu sais...
Et puis... J'aime aussi ta compagnie... chaque mot nouveau lui coûtait. Ca lui faisait vraiment peur, ce sentiment bizarre. Mais pourquoi Est-ce que tu m'as volé mon cœur ?... »
Elle avait vraiment dit ça... Il va me prendre pour une imbécile !
A ce moment là, elle aurait bien voulu disparaître sous-terre. Elle baissa les yeux.
« Oublie ce que j'ai dit... »
Elle enterra son mulot, pour se donner une raison de ne plus avoir à le regarder.
Mais qu'Est-ce que j'ai fait ?!

« Volé ? »
Fleur de l'Aube sursauta, et ne comprit pas tout de suite. Et finalement, elle se souvint de la manière dont elle s'était littéralement ridiculisée auprès d'Emissaire des Galaxies.
« Je... tu dois faire erreur sur la personne. »
Oh, non, il ne se trompait pas. Mais la chatte brune avait bien trop honte pour répondre. Lui ne devait l'apprécier qu'en amitié, alors qu'elle...
Ses griffes sortaient et rentraient nerveusement.
Le mâle en face d'elle devait en avoir assez de son silence, car il dit fermement :
« Parle. »
C'était un ordre. Pourtant, elle n'en fit toujours rien.
« On a toute la mort pour oublier, alors parle. »
Cette fois-ci, la guerrière leva ses yeux bleus vers celui qu'elle aimait.
« De toute façon... Pourquoi serais-tu intéressé par une femelle qui passe totalement inaperçue ? Pourquoi est-ce que tu devrais te soucier de moi alors qu'il y a bien d'autres chattes qui te tournent autour ? elle le fixa, une lueur de défi dans les yeux. Son cœur battait vite, mais elle ne se sentait plus timide comme d'habitude. Et qu'est-ce que ça peut changer à ta vie que je t'aime de toute façon ? ... »

Fleur de l'Aube ne savait pas du tout si elle aurait dû se taire, mais elle avait parlé, alors trop tard. Ses pattes étaient assez rapides pour courir si l'autre réagissait mal. Elle se sentait à nouveau mal à l'aise, mais elle n'en laissa rien paraître.