Après avoir fait un premier tour des noms, je me dirigeais à nouveau vers Coco, qu'au moins je connaissais déjà dans la vraie vie. Je m'amusais des réactions des différents chats alentours : Ruirui se mit à hurler à l'idée de devoir se nourrir de proies crues, et Coco renchérit aussitôt d'une voix amusée qu'elle ne serait pas contre un petit bout de rongeur à se mettre sous la dent. Je la regardais avec un sourire crispé, sentant mon oeil tiquer à l'idée de manger des souris ou des oiseaux.
« Je savais qu'il y avait un truc qui clochait chez toi Coco-jolie ~ » Minaudais-je à son intention, avant de l'enquérir :
- Dis du coup, tu vas pas rester solitaire, hein ? Tu viendras avec moi ? »
Mon cerveau se mit à réfléchir à toute allure : Alors les alliances entre les Clans étaient-elles réelles ? Allions nous tous devoir nous séparer, et vivre chacun de notre coté ? Mais.. J'étais lieutenant alors ?! Je n'avais jamais été une leader, je n'avais aucune idée de la façon don je pourrais guider un groupe d'humains-félins déboussolés. Une voix interrompit mes pensées, ne me rassurant pas quant au rôle que j'aurais à tenir dans cette affaire :

« Ronron ?! Tu sais ce qu'il se passe ici ?
- Radis ? » Mon regard se posa sur un petit mâle gris (enfin petit, Ronce Noire est juste très grand par rapport à la moyenne..) et j'y reconnais en effet un autre personnage du forum, Voleur de Souris.
« Je n'en sais pas plus que toi, lui miaulais-je, enfin au moins je vois que je ne suis pas la seule à avoir eu droit à un changement de sexe intempestif ! » Ris-je, essayant de dédramatiser la situation.

J'allais lui proposer de rejoindre mon Clan quand un poids me plaqua au sol, alors que je peinais encore à tenir debout sur mes quatre nouvelles pattes et à rétablir mon équilibre avec ma nouvelle queue. Je me redressais, peu surprise par la petite tête noire qui apparut alors à mon côté : Mint était posée sur mon dos. Elle se mit à piailler les noms des membres comme je l'avais fais en premier lieu. Je riais désormais, amusée. J'avais l'impression d'avoir une petite soeur. Mais elle est du Clan du Tonnerre, me dis-je. Devrons nous nous séparer, nous aussi ? Alors que j'allais me tourner à nouveau vers Radis pour lui répondre, je constatais qu'elle s'était dirigée vers Majesté et Titi. Majesté, Rivière. Titi, Vent. Je me mis soudain à craindre les barrières claniques. Les combinaisons s'effectuaient à toute allure dans mon esprit alors qu'une voix inattendue me surprenait, venant de ma droite :

« RONRON ?!

Eh Ronron ! Regarde comme j'ai la classe ! Je suis redoutée maintenant ! Mais attends... Putain j'ai du sang sur les mains ! c'est horrible Ronron ! j'ai vraiment tué Panthère des Neiges !! »

J'allais rétorquer que moi aussi j'étais sacrément beau-gosse avec mon beau poil cendré et ma carrure d'athlète, quand mes mâchoires se crispèrent en entendant le nom de Panthère des Neiges. Le dernier que j'aurais voulu voir être évoqué ici. Buzz était juste derrière moi. Je faisais volte-face tant bien que mal, Mint toujours postée sur mon dos, ronronnante, alors que les grands yeux bleus de Buzz me fixaient d'un air tout à fait incertain désormais : Elle était magnifique dans son manteau couleur givre. Néanmoins, l'évocation du crime de son personnage m'avait inquiétée : Étions-nous désormais ennemies ? Je la regardais sans savoir quoi répondre, aussi désolée qu'elle, et lui miaulais d'une voix que j'espérais rassurante en posant ma queue sur son épaule (comme quoi félins et humains avaient parfois véritablement les même mimiques !) :

« Non, pas vraiment je suppose, vu qu'elle a quitté le forum elle-même, c'est pas comme si tu l'avais vraiment tuée, n'est ce pas ? Elle n'est jamais venue ici ? On repart de zéro en quelque sorte ?! »

J'avais forcément raison, non ? Comment l'inverse aurait-il été possible ? Jamais Buzz (l'humaine) n'aurait levé la main (la patte ?) sur un de ses semblables, du moins c'est ce que je préférais me laisser croire. Je ne pouvais m'empêcher d'essayer de rester rationnelle, alors que j'étais dans la situation la plus improbable que j'aie jamais vécu. J'avais du mal à ne pas avoir l'air inquiète alors que je lui demandais d'une voix que je voulais enjouée mais que je savais plus proche du désespoir :

« Tu crois quand même pas que les limites claniques vont s'instaurer entre nous de toute façon, non ? On est amies toute les deux ! »