Le soleil étirait ses pâles rayons derrière les pins obscures du territoire de l'ombre, projetant sur l'herbe humide diverses nuances. L'épais feuillage des arbres, lui, filtrait doucement l'éclat solaire, offrant au monde un superbe jeux de couleur qui variait lentement entre safran, pêche, rose et or.
C'est sous ce véritable tableau que progressait une ombre tranquille.

Le museau enfui sous une l'herbe tendre, l’œil vif et les oreilles plaquées en arrière, cette silhouette bicolore avançait à pas feutré, en quête d'une présence.
La voilà. Posé au côté d'un pin.



Un ronronnement intérieur envahi le cœur de notre guerrière du clan de l'ombre qui esquissa encore quelques pas dans le plus grand des silences. Elle se fondait dans son environnement, et son odeur ne la trahirait pas, non : elle se tenait face au vent...
Un pas, puis deux, et le félin au pelage ébouriffé appliqua à la perfection une position de chasse apprit sur le bout des griffes. Elle retint son souffle un instant, et, en une fraction de seconde, bondit sur l'oiseau qui béquetait quelques graines tombées au sol.

Le coup fut fatale. Il n'avait eu le temps d'alerter aucun de ses congénères.
Contente, la chasseresse s'étira, le pauvre moineau prisonnier de ses crocs acérés.

Sur le chemin de retour, elle déterra ses autres prises et les rapporta au camp la tête, mais comme à son habitude, personne ne remarqua sa présence à part un guerrier posté devant la pile de gibier vide. Du moins, il ne la remarqua pas sans sursauter...
Enfin, au moins l'un des guerriers était heureux de trouver des proies dodus fraîchement servit au petit-déjeuné...

C'est ainsi que Valse printanière retourna auprès de la tanière des guerriers, son moineau entre les crocs. Son ventre hurlait à mort... Il fallait bien l'apaiser non ? Et puis, notre guerrière avait subi la patrouille de nuit avant de se lancer au cœur d'une partie de chasse. Autrement dit, elle était épuisée...

Le corps lourd, notre jolie femelle s’allongea devant la tanière afin de profiter des premiers rayons de soleil. La caresse de ce dernier illuminait doucement son poil désordonné, tout en semblant la ravir au plus haut point. La voilà tranquille pour un bon moment !
Elle revenait de patrouille et de chasse, le lieutenant et Etoile de Louve ne pouvait lui assigner une autre mission d'aussitôt, aucun apprenti n'oserait déranger les guerriers à cette heure-ci, et puis, ils étaient censés être à l'entraînement dispensé par leurs mentors... Ah... Personne pour la déranger...

Valse printanière entama donc avec délice sa proie, sous les ronflements des guerriers encore endormit, et finit par sombrer au cœur des bras de Morphée, son oiseau à demi-dévoré.

[J'lock.]