Une longue journée venait tout juste de s'écouler. Un bâillement s'arracha de ma gueule, tellement la fatigue était grande. D'une cadence bien lente, je rangeais les remèdes qui étaient éparpillés de part et d'autre sur le sol froid de ma tanière. Tous les membres du Clan, étant blessés ou autre, dormaient paisiblement sur leur mousse qui leur était destinée. Je soupirais de soulagement. Normalement, je n'aurai pas de travail la nuit tombée. Très rapidement, les rayons du soleil baissaient en intensité, perdant ainsi toute leur luminosité. Le ciel semblait s'amuser, en mélangeant les couleurs pourpres et azur qui se dispersaient, prenant ainsi toute la totalité de l'espace possible.

Je gagnais la Grande Place, et m'installais tranquillement. J'observais le camp, qui était plutôt animé, comme tous les jours, durant cette courte période de l'après-midi. Les patrouilleurs rentraient, tout comme les chasseurs, et certains d'entre eux devaient donner un bilan des alentours de notre Clan. Apparemment, les intrusions se faisaient rare en ce moment, ce qui était favorable pour nous. Les apprentis venaient tout juste de finir leurs entraînements, et se préparaient déjà à s'endormir, pris de fatigue. Les chatons, eux, se délectaient encore de leurs jeux d'enfant, ce qui me faisait sourire. Pour le moment, tout allait bien. Même le gibier commençait à se faire beaucoup moins rare. Cela annonçait qu'une nouvelle saison approchait à grands pas. Tout était devenu à présent calme. Une ténébreuse nuit avait remplacé le ciel pourpre et azur, rendant ainsi le paysage et le camp sinistre. La voûte céleste était constellée de milliers d'astres. Le fait de plonger mon regard vers le haut, me faisait penser que tout ceci était somptueux. Mes pensées divaguaient sur cette merveilleuse nuit obscure.

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Les pattes croisées sur le sol et la tête appuyée sur celles-ci, je contemplais encore le camp. A la vue de Patte Angélique, je me remémorais des choses sur elle. Cette chatonne avait l'air très différente des autres. Rares étaient les moments où elle s'amusait réellement. Les jeux de chatons, notamment ceux concernant la violence, ne l'intéressaient guère. Elle semblait assez mature pour son âge, ce qui était quelque chose de rare. Puis, en l'observant plus minutieusement, j'avais pris connaissance du fait qu'elle était plutôt de nature solitaire. Je l'aimais bien, et elle savait parfaitement que si elle le souhaitait, elle pouvait me voir n'importe quand. Divaguant dans mes pensées, je m'assoupis un instant, avant de me redresser. Le nombre de guerriers et d'apprentis avaient énormément baissé, si bien qu'ils devaient déjà se situer dans les diverses tanières du clan. Soudainement, Patte Angélique s'approcha de moi, et s'installa à mes côtés, tout en déposant du gibier au sol. La chatonne s'adressa ensuite à moi :

« Tenez. Je pense que vous devez avoir faim. »


Je la remerciais en hochant de la tête, un sourire affiché sur mon visage. Cette Patte Angélique était vraiment très gentil, et pensait toujours aux autres avant elle-même. Cette situation ressemblait beaucoup à la mienne : nous n'étions pas si différentes que nous pouvions le prétendre. La chatonne me semblait bien dissipée en ce moment, comme si elle appréhendait quelque chose. Elle regardait le ciel, avant de baisser tristement la tête. Avant que je ne puisse la questionner, elle reprit la parole :

« Je ne pourrais jamais être une guerrière. Je n'aime pas me battre... »


Sur le coup surprise, je la fixais de mes yeux azur. Mais il était vrai qu'elle m'avait confié qu'elle aurait aimé être comme moi, c'est-à-dire guérisseuse. Seulement, pour le moment, il était impossible pour elle de le devenir. Si elle n'avait reçu ne serait-ce qu'un message du Clan des Étoiles, peut-être que l'on aurait pu reconsidérer son avenir. Si cela pouvait lui rassurer, je pouvais lui raconter une minuscule partie de mon passé, et mon horreur des batailles entre clans. Je n'avais pas été très loyale avec mon meneur, à l'époque.

« Je te comprends. Je n'ai moi-même jamais aimé me battre. Si tu veux savoir, la seule bataille à laquelle j'ai dû participer, je me suis enfuit, telle une lâche. Et voilà où j'en suis aujourd'hui. »

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