L’aube pointait à peine le bout de son nez. La toison était encore teintée des vestiges nocturnes alors que l’air s’alourdissait et qu’une lueur dans l’horizon indiquait le levé du soleil. Un voile de chaleur s’abattait lentement sur la forêt et réveillait les petits êtres qui y vivaient. Les oiseaux entamaient de longs chants guillerets en sautillant sur leur branche rabougrie. Le parfum de l’humus humide foulé par mes propres pattes emplissait mes narines ainsi que celui de quelques mammifères gorgés de sang que je tirais du sommeil. Mon corps empli de vie se mouvait bruyamment à travers les bois. Mon ventre émit un gargouillis et un sourire machiavélique fendit ma truffe noire. Je m’arrêtais quelques minutes dont je profitais pour enduire ma fourrure immaculée de boue et me masquer sous un buisson suffisamment épais pour contenir ma corpulence de chaton. Les feuilles bruirent en se frôlant et les tiges d’un bosquet s’agitaient à leurs bases à une aile d’aigle face à moi. La légère brise qui caressait mes narines dilatées m’apportait les relents tenus de la maladie et j’abandonnais à regret ma proie. Couvert de terre et l’air abattu, je poursuivis ma route. Je me dirigeais vers les quatre chênes, dans l’espoir de rencontrer un chat de clan. L’adrénaline difficilement contrôlable qui galopait dans mes veines devait être utilisée. Je déboulais en trombe au milieu du quadruple gigantesque et je me stoppais dans un dérapage hasardeux. Une atmosphère presque angélique régnait en ces lieux sacrés. Une lumière pure et claire filtrait par le feuillage des chênes et les centaines de vaisseaux lunaires convergeaient au centre de la clairière et formaient tous un halo lumineux. Les troncs des géants avaient une écorce qui paraissait presque soyeuse et tendre et leurs larges racines sinueuses louvoyaient en s’entremêlant les unes avec les autres avant de s’enfoncer dans le sol. Je m’approchais de la couronne chatoyante qui trônait au centre et vers laquelle toute l’attention semblait dirigée, comme si la forêt retenait son souffle éternellement en fixant le point de liaison, le point de lumière.

Moi – « Je ne comprendrais jamais comment ces chats vivent-ils ainsi, dans la pureté et la sagesse ! »

Les dernières lettres moururent progressivement sur le seuil de ma gueule encore entrouverte.

Moi – « QUI EST LA ? MONTREZ-VOUS LÂCHE ! »

Je tournoyais sur moi-même pour jeter une œillade circulaire, le regard suintant de rage. Je détestais qu’on m’observe, et cela allait être réglé.

HRPG: