Elle va chuter. Le chaos commencera à ce moment là.

Une falaise. Au bord d'une falaise. Elle est bien trop près du bord. Elle va tomber. Mais elle ne s'en rend pas compte.

Je suis heureuse. Fini l'époque où je doutait, où je cauchemardait, où j'avais peur. Aujourd'hui, tout cela est terminée. L'automne est là depuis quelques jours. Les jours raccourcissent et les nuit se font fraîches. La tanière des apprentis et des anciens sont actuellement en cours de réparation, afin qu'ils aient un endroit où dormir confortable, à l'abri des intempéries. Je passe mes journées à vaquer dans le camp, à observer les entraînements des apprentis, à jouer avec les chatons.

Il y a quelques lunes, je doutais, j'étais inquiète. Je me disais que tout les bons moments avaient une fin, pourtant celui que le Clan traverse actuellement ne semble, heureusement, pas se terminer. A mon sens, seul l'hiver pourrait déstabiliser le Clan et je veille à ce que des réserves soient faites.

Ce soir, la lumière est très belle. Rien ni personne n'a besoin de moi. Je sors du camp, un petit vent ébouriffe mon pelage. Je me met en route. Cette nuit il a énormément plu et la terre est très spongieuse. Je suis rapidement trempée mais qu'importe, je veux arriver à temps pour mon coucher de soleil. Je ne sais pas pourquoi j'ai tant envie d'y assister. Je n'arrive pas à l'expliquer.

Elle n'entend pas les bruits de pas qui la suivent. Elle continue à s'approcher du bord.

J'arrive juste avant le début du spectacle. Je domine les grandes plaines le paysage s'ouvre à moi. Le ciel commence à se teinter de rose, d'orange et de rouge. Mais surtout de rouge. C'est sublime, je suis éblouie par ce spectacle.
Quelqu'un. Quelqu'un vient de s'asseoir à côté de moi. Quelqu'un qui a l'odeur de mon clan. Quelqu'un qui admire avec moi le coucher de soleil.

Quelqu'un qui va la faire chuter.

Le soleil va bientôt disparaître, et ce n'est qu'à ce moment là que j'observe le félin à mes côtés. Sentant mon regard posé sur lui, il tourne la tête et j'aperçois ses yeux, froids, durs, sans pitié. Mes entrailles se tordent. Suis-je paranoïque ou ai-je sous-estimé le danger ?

Les pattes du matou s'enfonce dans le sol en craquant dès qu'il effleure une des milles feuilles mortes tombée à terre. Les pauvres végétaux n'étais à la fin plus qu'un amas de miette dorée, brune et verdâtre. La symphonie de l'automne frappe la forêt, celle ci est vêtue désormais de son plus beau manteau, signe de royauté infinie. Quelques cris d'oiseau lointain rappelle que l'éphémère saison appelle l'hiver chaque jour, un peu plus. La nuit descend bien plutôt et le soleil semble las de se lever chaque matin pour illuminer a forêt, voici la saison des feuilles mortes qui avance, la cadence légèrement mais soutenue. Sous le joug de ce ballet, la température elle aussi semble être entraînée dans une valse sournoise, tantôt les chats doivent affronter un froids matinal, tantôt ils se fatiguent de la chaleur étouffante de l'après midi.

À la poursuite d'un autre grand chat, le minet essaye de faire chacun de ses pas, le moins bruyant possible, ce qui est une véritable épreuve étant donné le s circonstances. Il fallait se rendre à l'évidence, la voie de terre était parsemée de ses feuilles mortes qui tombe lentement de leurs branches, fatiguée de les tenir. Essayer d'esquiver chacune des petits végétaux taquins était un somptueux plaisir, mais un calvaire effroyable . Pister, il lui fallait suivre le chat qui se trouvait à quelques queues renard de lui, aussi cela est facile du point de vue ou cette proie si on peut l’appeler ainsi, fait autant de bruit que son poursuivant. Les chasseur utilisa de sa ruse pour faire croire à une partie chasse jusqu'au point d'arrivé. Là il pouvait contempler le ciel qui s'embrasait. Les traînées nuageuse devenait un feu dansant au loin dans le ciel, le bleu infini de celui ci ce teintait d'un sang rose qui s’écoulait droit vers l'astre solaire, comme une fleuve tranquille, dont on ne pouvait voir la fin à cause de la lumière brûlante du soleil.

Etoile Lyrique, car c'était le nom du fameux matou pourchassé, tourna la tête. Immédiatement Mensonge du Lion lui donna une réponse, il fixa son chef le regard embrasé. Il émit un grognement rocailleux et salua finalement le meneur. Puis tel un vautour il se mit à tourner autour de sa cible et le fixant le regard perdu, un sourire macabre sur les lèvres. Quand enfin une voix sortie de la gorge du minet, son regard se mit à chercher celui d'Etoile Lyrique, comment voulant l'inciter à une discutions tout autre qu'un simple bonjour.

- Bonsoir mon chef.

Il me fixe. Je plonge mon regard dans le sien. C'est lui qui prend la parole. Ses mots sont banals mais le ton est dur et menaçant.

«  Bonsoir mon chef. »

Son ton me fait froid dans le dos. Le soleil décline encore un peu plus, le ciel devient une véritable mare de sang. Serait-ce l'annonce de ma mort ?

« Bonsoir, Mensonge du Lion. Ferais-tu, toi aussi, une promenade digestive ? »

Mon ton est inamical, mais pas suffisament. J'ai l'impression que mes mots sont bien moins aiguisés que les siens. Je voudrais le blesser, lui montrer que je suis supérieure et qu'il ne peut rien contre moi.Mon cerveau a du mal à se mettre en route, comme s'il était engourdi.

Je ne sais pas pourquoi, mais au fur et à mesure que nous nous fixons je sens le danger grandir. Que veut-il ? J'essaye sans aucun résultat de réfléchir à une stratégie de défense et de fuite mais rien ne me vient. Je suis en danger, seule face à lui, mais le monde ne s'arrête pas de tourner pour autant. Nous continuons ainsi à nous fixer. Mais à quoi sert ce petit jeu ? Il ne sert strictement à rien.

« Parle. Je ne vois pas à quoi cela te sert de nous faire tous les deux patienter. »

Aurai-je trop baissé ma garde ? Il est vrai que le Clan des Étoiles ne m'a adressé aucun message depuis quelques temps. Est-ce un signe de mon manque de vigilance ?

Je secoue vivement la tête. Réfléchi correctement ma grande. Réfléchi!Il faut que j'arrive à faire le vide dans mon esprit. Mon mentor me l'avait appris. Contre toute attente je m'asseois et respire profondément. Au bout d'une minute mon esprit devient plus claire.

Elle vient de se rendre compte de la position précaire dans laquelle elle se trouve. Elle a beau chercher de l'aide de tous les côtés, il n'y en a nul part. Son adversaire va prendre le dessus. Il n'y a qu'une solution. Fuir, ne pas se faire tuer, puis tenter de revenir.

<< Une promenade digestive ? Alors que je n'ai pas pu manger à ma faim comme vous ? Allons, c'est un blague j’espère. >>

Une lueur de fierté brille dans ses yeux. Il croit donc m'avoir touchée. Sur quelle planète vit-il ? Sa stupidité est-elle donc sans limite ?

<< Si tu me tue, que diras tu à tes guerriers ? Qu'elle vérité ? Vont t-il te croire ? Que pense tu être à leur yeux, à part un simple chat qui se dit être responsable de leur vie. >>

Il rigole j'espère.

« Tu es stupide, mon cher. Je vais peut-être mourir, certes. Tout le monde meurt un jour. Tu me demande ce que je vais dire à mes guerriers, s'ils vont me croire, et encore tant de chose. Je vais donc te répondre, en partie. Je suis sûre que mes guerriers me croiront, il n'y a aucun doute là dessus. Et t'expliquer le pourquoi du comment ne m'avancerai à rien. Si moi, je ne suis qu'à chat qui dirige leur vie, qu'es-tu, toi ? »

Nous nous défions encore du regard. Il est dangereusement près de moi. Ses griffes sont sorties et menaçantes. Une lumière malsaine brillent dans ses yeux fous.

A présent la nuit est là. Les étoiles nous dominent et nous observent. Le Clan des étoiles est avec moi, il m'a bien donné mes 9 vies, non ?
La boule d'angoisse qui s'est logée dans mes entrailles grossit, d'autant plus quand ce doute s'insinue en moi. Mais il faut que je me persuade que j'ai raison, ce ne peut en être autrement. Comment le Clan des Etoiles pourrait laisser faire un tel cinglé ?

Elle commence à tomber, tandis que le félin la domine de toute sa hauteur. A présent il peut asservir la forêt. Il s'imagine déjà maître des lieux.

Subitement la lumière se fait. Au plus profond de mon être je sais que je dois fuir, provisoirement. Je ne gagnerai pas ce combat, mais plus tard, je reviendrai. En attendant, j'ai encre de nombreux problèmes : Comment m'échapper de là ? Comment le fuir ? Comment distraire son attention ?

Je fixe encore une fois mon regard dans le sien, je veux lui montrer la force de ma volonté. Lui montrer, sans parler, que quoi qu'il fasse je trouverai un moyen de revenir et de sauver mon Clan.

« Tu as bien raison, la mort est une fatalité. Pourtant chaque mots que tu dit laisse dans mon être cette rage, cette incompréhension. Tu es donc forte ? L'est tu vraiment après tout ? Puisque c'est derrière ton rang de chef que tu cache tes peurs. Ils te croient car tu porte une étoile dans ton nom, qui te dit qu'ils t croiraient si tu n'étais comme moi, qu'un simple pion ? Si ils sont naïf, alors tu serais pire que moi à en profiter. »

Durant ce duel oral, j'ai l'impression que nous sommes aussi perdu l'un que l'autre. Mon impression est vérifié par les dernières paroles de ce traître.

« Tu dis que je me cache derrière mon rang de chef, et mon titre 'd'étoile'. Pourtant, tu ne vaux pas mieux. Depuis quelques minutes, tu essaye de me déstabiliser par tes répliques minables, tes attitudes tout aussi minables. Je crois sur paroles n'importe lequel de mes guerriers, pour peu qu'il soit fidèle figure-toi ! Tu n'es qu'un lâche ! Un pion, comme tu dis, dont on se débarasse, tes supérieurs s'en fiche de ta vie ! »

Je vois que mes paroless l'ont blessées. Il faut que je profite de cet instant de répit pour m'enfuir, je sens qu'il va bientôt passer à l'attaque.

Elle tombe. Heureusement, elle s'en est rendue compte et elle pourra peut-être se rattraper. Peut-être.

D'un bond je me relève et fait volte face. J'entend un bruit de course derrière moi, il me suit. Je n'ai pas encore eu le loisir de réfléchir où j'allais aller. Je cours aussi vite que mes pattes me le permettent. Le choc contre la terre me fait mal, pourtant je continue tant bien que mal. Cette descente, je m'amusai à la faire, apprentie. Aujourd'hui ma vitesse dépend de ma vie, et de ma mort. Je relève la tête, je sens le souffle du vent qui fouette mon visage, les herbes folles qui frappes mon poitrail. A ce moment là mes muscles se relâchent et je peux enfin continuer à pleine vitesse. A présent je sais où je dois aller. Au milieu de la grande plaine mon allure commence à faiblir, pourtant j'essaye de continuer, le souffle n'est, heureusement pas trop proche.

Au bout de longues minutes de courses, mes poumons sont en feu, je respire fort, trop fort. Mes pattes vont lâcher, pourtant je résiste tant bien que mal. Nous arrivons enfin à la rivière, je me jette entre ses flots. Mes chances de survies sont faibles, pourtant elles sont plus élevées que si je combat Mensonge du Lion.

Les flots m'emportent, l'eau me pétrifie, mon corps heurte les pierres. Je bois la tasse, pourtant j'essaye de continuer à battre des pattes. Je ne sais pas si Mensonge du Lion me suit où pas, dans le doute je continue jusqu'à mon but.

Enfin, au moment où je pense abandonner, je vois mon but. Une petite cascade. Dans un dernier effort, je m'oriente dans la direction. Je sens mon corps partir, une grosse masse d'eau s'abat sur moi, me faisant couler quelques instants.

Enfin, je touche le rivage. Je ne suis venue qu'une fois ici . J'ouvre les yeux. C'est une grotte, petite, recouverte de sable fin, dissimulée aux yeux du monde par une cascade d'eau. Ne pouvant plus résister à la fatigue et à la douleur je m'évanouie, avec une pensée pour Mensonge du Lion.