.: EDENGLINT :. A NEW LAND ♫

                       Vraiment géniale, la pauvre semble tout à fait paniquée et je jubile de mon apparition inopinée. Pas que j’aime faire souffrir les gens ni rien, mais je tiens à soigner mes entrées. Opération réussie. Elle se perd dans ses actions, pensées et mots qui se mélangent dans un indescriptible charabia confus, typiquement la réaction de celle qui ne voulait surtout pas être surprise. Je m’assoie et pose sur elle un regard doux, pour ne pas l’effrayer d’avantage. Après tout je ne veux pas qu’elle n’ait de problème.

« Euh… Comment t’expliquer Reflet d’Eden… Tu me croiras jamais, cette nuit j’ai fait un rêve, enfin un cauchemar, où je me voyais courir à travers le territoire et passait la frontière. Et pendant que je chassais tout à l’heure, j’ai eu envie de refaire le chemin de mon songe. Ça peut paraître étrange mais arriver ici, à la limite du territoire, j’ai été attiré par ces plaines et euh… »

La voilà noyée dans ses explications foireuses. Un rêve hein ? Bah si c’est un rêve c’est que ce n’est pas très grave, si elle veut s’en assurer y a rien de mal, alors pourquoi s’inquiéter autant ? Enfin moi j’irais à sa place, mais c’est différent. Je suis née dans ce clan, je n’ai pas à surveillée mes actions pour qu’elles soient les bonnes. On me passe tout, et je suis libertine de mon état. Autant dire que ce que j’ai envie de le faire, je le fais. Plus rien ne m’en empêche je n’ai plus rien à perdre. C’est bien là la meilleure de vie, sans contraintes ni remords. Peut-être que je devrais lui apprendre ma philosophie ? Ou peut-être pas, qui sait ce que ça peut faire comme ravage sur des chats sans prédisposition.

«… Alors, j’avais envie d’aller y jeter un coup d’œil ! » Termina-t-elle, l’œil implorant.

J’en étais sûre, elle a qu’une envie c’est que je la laisse s’en tirer comme ça. Mais elle m’intrigue mine de rien, j’ai bien envie d’en savoir un peu plus. Je lui lance un regard entendu.

« Et bien allons vérifier ça ensemble tu veux ? »

.: EDENGLINT :. A NEW LAND ♫

                       Le visage de la femelle s’illumine, soulagement et gratitude mêlée. Cela m’arrache un ronronnement. Il faudra quand même que je m’admette que j’adore faire plaisir, et puis je ne suis jamais contre explorer un peu. Comment je pourrais laisser ma camarade partir à l’inconnu comme ça ? Je n’en aurais pas dormi de la nuit. Pelage de Renard accepte la proposition, et je lui adresse un large sourire. Pas de raison que ça se passe mal, au moins je pourrais enfin savoir qui est cette chatte qui a subitement débarquée dans mon clan pendant mon absence ! La guerrière rousse se mis en route, la queue haute et bondit par-dessus la frontière. Je me lève à mon tour, me stoppe devant la ligne imaginaire, une patte dressée, guettant le regard de ma camarade. Elle le soutient sans broncher. Je traverse pour la rejoindre, une oreille pointée vers l’avant, la seconde glissée vers l’arrière, comme si, faute de regarder les arbres si familiers, j’en écoutais jusqu’à la fin les bruissements délicieux. Ça me fait toujours cet effet de quitter le territoire, et plus encore depuis que je suis revenue au clan. Un mélange de crainte et d’appréhension, comme un chaton timoré qui quitte le giron de sa mère pour devenir un grand. Il est clair que je n’aime pas m’éloigner de chez moi sans savoir ce qu’il peut se passer pendant mon absence. Subsiste là-bas ce qu’il me reste. Mon frère, mes neveux. Ma vie familiale ne se résume plus qu’à cela. Elle s’est toujours limitée à mon compagnon de portée de toute manière. Je m’y suis faite à la longue.

Un petit sentier de terre pâle glisse le long d’un flanc de colline en pente douce, serpentant dans une immensité d’herbe haute et grasse d’un vert chatoyant. La prairie est parsemée d’une myriade de petites fleurs blanches ou violettes, tendant leur belle corolle délicate vers le bleu passé du ciel. Une enfilade de nuages commence à masquer le soleil, sans menace apparente de pluie. La lumière en est à peine voilée, seule la couleur du firmament en est altérée. Je me délecte de la chaleur des rayons sur les tâches les plus sombres de mon pelage, une sensation exquise qu’on ne retrouve que dans les endroits les plus dégagé de notre forêt. Pelage de Renard marche à grands pas en avant de moi. Son pelage roux chatoie à la lueur de l’astre diurne. Je trottine pour la rattraper et me faufile à son côté.

« Pelage de Renard ? Et si tu me parlais un peu de toi ? Tu n’étais pas dans le clan quand je l’ai quitté… » Je miaule doucement, un peu gênée à la vérité.

J’ai tout de même un peu peur de l’offensé, quelle peut bien être son histoire ? Peut-être n’a-t-elle pas envie d’en parler, et surtout pas à une inconnue telle quoi moi, car nous ne nous connaissons pas, il faut bien le dire.

« Excuse-moi si je suis indiscrète… »