Petite Menthe émergeait à peine du sommeil, quittant avec regret la douce chaleur enivrante de sa sieste. Le soleil brillait encore dans le ciel, jetant des éclats mourant sur la forêt en deuil, pleurant ses feuilles à chaque bourrasque de vent. Le chaton se leva et quitta lentement le couvert de la pouponnière, pour venir s’étirer sur son seuil, baillant à s’en décrocher la mâchoire. Satisfaite de voir que son pelage n’était pas trop souillé par son somme dans la mousse, elle s’appliqua à lisser impeccablement sa fourrure tigrée. Le camp perdait lentement de son activité à mesure que le soleil déclinait derrière l’horizon des cimes. Lentement, la femelle s’approcha de l’entrée de la clairière et s’y installa pour attendre, comme à son habitude. Voici deux lunes qu’elle est arrivée dans le clan du Tonnerre. Née chez les bipèdes, dans une animalerie, elle avait été jugé trop laide, et ne ressemblant pas au standard désiré, elle avait été plongée dans de l’eau froide quelques heures après sa naissance. Ça mère, à présent trop habituée à voir ses petits noyés, n’avait plus la force de s’y opposer. Elle a perdu connaissant, pour se réveiller quelques temps plus tard. Sa mère s’aperçue par miracle qu’elle avait survécu, et comme elle l’avait fait pour ses chatons précédent, elle nourrit sa fille en cachette, derrière la benne à ordure. Lorsque Petite Menthe atteint une lune et demi, la chatte l’emmena patienter avec elle à l’orée de la forêt, attendant patiemment de voir apparaitre une patrouille susceptible d’emmener sa fille. Celle-ci vint, et la chatte lui donna comme ultime conseil, de trouver sa sœur ainée, appelée Enchantement de la Biche, avant de finalement s’en retourner vers sa vie de chatte domestique, savourant avec délice sa revanche sur ses assassins de bipèdes, de voir une troisième de ses filles survivre malgré eux. Ainsi, Petite Menthe attendait sa sœur retrouvée, censée rentrer de patrouille. Les buissons bruissèrent et la silhouette filiforme de la femelle efflanqué apparut dans le clair-obscur du crépuscule. Le chaton piailla et sauta entre les pattes de la guerrière qui lâcha les proies qu’elle tenait dans sa gueule. Elle accueillit sa sœur cadette en ronronnant, touchée par son enthousiasme, et ensemble, elles marchèrent vers le promontoire pour manger sous l’ombre du rocher.